La victime a été touchée par une bombe, vous avez vingt minutes pour la stabiliser ! Bien loin des champs de bataille ukrainiens, c'est dans un centre de formation au Nord-est de la France que neuf soignants ukrainiens apprennent à appréhender ces scénarios d'urgence.
La victime a été prise dans une explosion. Mykola et Artem ont 20 minutes pour stabiliser son état et la préparer à être transférée dans un hôpital. Mais bien loin des champs de bataille ukrainiens, c'est à Metz, dans le Nord-est de la France, que les deux soignants s’entraînent sur un mannequin en plastique.
Avec eux, sept autres professionnels de santé ukrainiens sont formés en médecine de guerre par l'Institut européen de formation en santé (IEF santé) et l'ONG Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). La formation d'une semaine est encadrée par Raphaël Pitti, un spécialiste reconnu de la médecine de guerre. En 11 ans, il a formé plus de 34 000 médecins infirmiers et secouristes en Syrie. "Ce que nous leur apprenons, ce sont justement toutes ces procédures pré-hospitalières et hospitalières qui vont permettre de stabiliser une victime pour lui permettre d'attendre la thérapeutique, pour essayer de la sauver", précise-t-il.
Un futur centre de formation en médecine de guerre à Lviv
Anesthésistes, réanimateurs, urgentistes, ou même chirurgiens, les neuf soignants ukrainiens ont été spécifiquement choisis pour devenir à leur tour des formateur en Ukraine. Le futur centre de formation devrait ouvrir fin juin à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, afin de former les médecins civils à l'afflux de victimes liées au conflit en Ukraine. Âgé de 24 à 40 ans, les professionnels de santé avaient tous déjà des compétences de formateurs. Certains ont même déjà vécu l'expérience de la guerre dans le Donbass en 2014.
Artem Ahantsev est anesthésiste. Âgé de 29 ans, il originaire de Marioupol, ville du sud-est de l'Ukraine, assiégée depuis plusieurs semaines par l'armée russe. "Depuis le début de la guerre, on ressent ce besoin constant d'être utile, de faire quelque chose d'important. confie-t-il. Et c'est un sentiment que j'ai ici, celui de faire quelque chose d'important, de faire la différence. En tout cas, je l'espère."
Pour suivre la formation, les neufs soignants ont dû obtenir une autorisation exceptionnelle de sortie du territoire. Depuis le début de la guerre, les médecins, comme les hommes de moins de 60 ans, sont réquisitionnés et n'ont pas le droit de quitter le pays.