"Pas assez présent" sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron répond à des lecteurs du Parisien

Un an après sa réélection, Emmanuel Macron répond à des questions de lecteurs du Parisien, avouant qu'il aurait peut-être "dû plus [se] mouiller".
Un an après sa réélection, Emmanuel Macron répond à des questions de lecteurs du Parisien, avouant qu'il aurait peut-être "dû plus [se] mouiller". Tous droits réservés DANIEL COLE / AFP
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Par Gael Camba
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Emmanuel Macron a reconnu qu'il aurait dû se "mouiller" davantage pour défendre la réforme contestée des retraites dans un échange avec des lecteurs du Parisien mis en ligne dimanche soir

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Un an après sa réélection, Emmanuel Macron fait face à une mobilisation publique inédite contre sa réforme des retraites qui fait passer de 62 à 64 ans l'âge de départ à la retraite. A l'occasion de cet anniversaire, il répond à onze "lecteurs-intervieweurs" du Parisien-Aujourd'hui en France et tente de justifier un passage en force historique.

Emmanuel Macron a reconnu qu'il aurait dû se "mouiller" davantage pour défendre la réforme des retraites et annoncé qu'il allait dorénavant se "réengager dans le débat public", dans un échange avec des lecteurs du Parisien mis en ligne dimanche soir par le quotidien.

"Peut-être que l'erreur a été de ne pas être assez présent pour donner une constance et porter cette réforme moi-même", a dit le président de la République, qui affirme toutefois que sa Première ministre Elisabeth Borne a sa "confiance".

Cent jours pour relancer son mandat

Le chef de l'État semble décidé à passer d'un extrême à l'autre en termes de présence médiatique... et de discours. "Je ne crois pas une seule seconde aux cent jours. […] Si après deux ans de campagne électorale on a le droit de ne gouverner que pendant cent jours, alors il y a un problème de démocratie", assurait-il en novembre 2016 pour tourner casaque lors de son allocution télévisée du lundi 17 avril 2023.

"Je dois me réengager dans le débat public parce qu'il y a des choses qui ne sont pas claires. Donc je le fais partout", lance Emmanuel Macron, qui s'est donné cent jours pour relancer un mandat dans l'impasse et a commencé à retourner se frotter aux Français et à leur mécontentement sur le terrain.

Thibault Camus / AP
Conspué lors d'un bain de foule en Alsace, suivi partout où il est annoncé par des manifestants et leurs concerts de casseroles, il rejette les procès de "mépris".Thibault Camus / AP

Conspué lors d'un bain de foule en Alsace, suivi partout où il est annoncé par des manifestants et leurs concerts de casseroles, il rejette les procès de "mépris" et assure accepter la contestation. Mais il ajoute aussi vouloir "lutter contre la violence et l'incivisme", appelant à "sanctionner" ceux qui ont coupé le courant sur les lieux de ses déplacements.

"Ça va être dur jusqu'à la fin de l'été"

Aux Français, il prédit encore des moments difficiles sur le front de l'inflation, sans annoncer de mesure immédiate pour y faire face. Sur un an, les prix de l'alimentation ont continué d'accélérer, grimpant de 15,9% en mars.

"Je vais être honnête, les prix alimentaires, ça va être dur jusqu'à la fin de l'été", prévient le président. Selon lui, "la clé, c'est que le travail paye mieux", mais cela dépendra "des employeurs et du dialogue social".

Interrogé dimanche midi par LCI, RTL et Le Figaro, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a affirmé que son organisation patronale n'était pas prête à discuter des salaires au niveau national.

"Le Smic continue d'augmenter, les autres salaires doivent suivre, et cela fait partie des sujets que l'on a mis à la négociation", a ajouté Emmanuel Macron.

"Je n'ai rien entendu sur l'écologie"

"Lundi soir, vous avez parlé pendant plus de 13 minutes, je n’ai rien entendu sur l’écologie…" se désolait Jean-Michel, "lecteur-intervieweur" dans l'entretien au Parisien, faisant référence à son allocution télévisée.

"Ah si, j’ai parlé de l’écologie !" s'est alors défendu le président. pour que les lecteurs lui répondent que cela n'a duré que "30 secondes".

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Emmanuel Macron répond à des personnes opposées à la réforme des retraites à Sélestat en Alsace. Réforme qui lui vaut une animosité grandissante depuis quelques semaines.LUDOVIC MARIN / AFP

"On accélère sur l’éolien en mer, sur le nucléaire, la décarbonation de notre industrie", promet Emmanuel Macron. "On investit massivement sur le rail : 100 milliards d’euros, c’est historique !"

Le président prévoit également d'engager un "grand projet de restauration écologique" des écoles pour lutter contre les passoires thermiques. 

Des promesses qui sonnent creux pour certains qui ont toujours le souvenir de "l'échec" de la Convention citoyenne pour le climat. Emmanuel Macron avait annoncé que 146 des 150 propositions de la Convention seraient appliquées. 

En réalité, seules 22% des propositions ont été reprises dans leur intégralité. Les autres, la grande majorité des propositions, ont été "tronquées ou édulcorées. Leur périmètre a été réduit ou leurs délais allongés", estime la cellule de vérification Vrai ou Fake de FranceInfo.

"Ceux qui ne sont rien"

Emmanuel Macron a regretté sa petite phrase "une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien." "C'était incompréhensible tel que je l'ai dit. Une vraie faute", jugeait le président.

Il a toutefois assumé encore une fois qu'il fallait "traverser la rue pour trouver du travail", considérant cette affirmation toujours valable. 

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"Quand je réponds à un jeune homme horticulteur, avec qui je parle dix minutes et me dit être prêt à chercher un boulot dans la restauration, qu’on traverse la rue pour trouver, c’est vrai", explique-t-il au Parisien. Il avait déjà réenchéri sur cette petite phrase lors d'une interview télévisée du 14 juillet 2022 "c'est encore plus vrai aujourd'hui", avait-il alors soutenu.

Ludovic Marin / AP
"Marine Le Pen arrivera [au pouvoir] si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou du déni du réel" estime Emmanuel MacronLudovic Marin / AP

"Marine Le Pen sur le perron de l'Elysée ?"

Emmanuel Macron estime que "Marine Le Pen arrivera [au pouvoir] si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou du déni du réel."

Le chef de l'Etat, qui assure ne pas avoir "de leçons à recevoir" à ce sujet car lui l'a "battue deux fois". Il avance qu'on "ne gagnera jamais" contre le RN "au jeu du plus populiste et démagogue", mais grâce aux "chantiers de la réindustrialisation, de l'écologie, de l'ordre et du combat pour nos services publics, on aura des gens qui reviendront dans le champ républicain".

Sources additionnelles • Le Parisien

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