L'UE financerait les drones utilisés par Israël à Gaza, selon des observateurs

Un soldat israélien prépare le lancement d'un drone près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d'Israël, mardi 9 janvier 2024.
Un soldat israélien prépare le lancement d'un drone près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d'Israël, mardi 9 janvier 2024. Tous droits réservés Leo Correa/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
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Par Joshua Askew
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Cet article a été initialement publié en anglais

Des observateurs mettent en lumière le financement européen des entreprises militaires israéliennes, déjà dénoncé par les députés européens par le passé.

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L'Union européenne contribuerait au financement de la technologie des drones utilisée par Israël dans sa guerre contre Gaza, selon deux observateurs.

Statewatch et Informationsstelle Militarisierung (IMI) ont découvert dans une analyse que Xtend, un fabricant de drones soutenant les forces de défense israéliennes, a reçu une subvention de recherche et développement du fonds Horizon Europe de l'UE.

"D'autres entreprises et institutions militaires israéliennes ont reçu des millions d'euros pour le développement de drones au cours des dernières années, malgré l'interdiction supposée du financement par l'UE de projets militaires et de défense", ajoutent-ils.

Xtend aurait reçu 50 000 € d'Horizon Europe, un fonds de recherche et d'innovation, pour réaliser une étude sur l'optimisation de son système de drone Skylord Xtender et trouver des "partenaires stratégiques pour la production et la commercialisation de la technologie", ont écrit Statewatch et IMI dans une déclaration publiée vendredi.

L'entreprise aurait ensuite signé des contrats avec le ministère américain de la Défense en 2021, qui impliquaient l'armée israélienne, selon ce rapport.

Des Palestiniens marchent au milieu des ruines laissées par l'offensive israélienne dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza, le jeudi 29 février 2024.
Des Palestiniens marchent au milieu des ruines laissées par l'offensive israélienne dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza, le jeudi 29 février 2024.Mahmoud Essa/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.

Après l'attaque du Hamas du 7 octobre dans le sud d'Israël, Xtend a "réorienté ses énergies pour soutenir les forces israéliennes à 100 %", a déclaré le PDG Aviv Shapira à CTECH.

Sur son site web, qui présente des témoignages de soldats israéliens à Gaza, Xtend affirme que le drone permet aux "soldats d'effectuer des manœuvres précises dans des scénarios de combat complexes".

"Les groupes de défense des droits de l'homme ont appelé l'UE à suspendre son accord d'association avec Israël en raison des conséquences désastreuses de son assaut sur Gaza : de nombreuses victimes civiles, des déplacements massifs et la destruction des infrastructures", affirme Chris Jones, directeur de Statewatch.

"Ce rapport montre que l'UE doit examiner plus attentivement les entreprises auxquelles elle accorde des fonds pour la recherche et le développement".

"L'argent public devrait être utilisé pour le bien public, et non pour soutenir des entreprises qui profitent de la guerre et de la destruction", ajoute-t-il.

"Des technologies financées par l'UE sont utilisées actuellement dans la guerre à Gaza. Et bien avant cela, elles étaient déjà utilisées pour soutenir l'occupation de territoires palestiniens et la marginalisation du peuple palestinien"

Les traités de l'UE interdisent de financer "les dépenses résultant d'opérations ayant des implications militaires ou de défense".

Le rapport Statewatch-IMI fait état de plusieurs autres projets financés par l'UE dans le cadre desquels des millions d'euros d'argent public auraient été versés à des entreprises et institutions israéliennes, dont le ministère de la Défense du pays.

Ce dernier a participé à au moins deux projets de recherche sur les drones soutenus par l'UE ces dernières années - ResponDrone et UnderSec - et a reçu un total de 200 000 € pour sa contribution, précisent les observateurs.

Ils rapportent que ResponDrone, qui a débuté en mai 2019, a reçu près de 8 millions d'euros de financement de l'UE pour ses efforts visant à développer un système aérien sans pilote pour soutenir les services d'urgence et les opérations de recherche et de sauvetage.

Parallèlement, UnderSec a reçu un financement de 6 millions d'euros de Bruxelles pour développer des systèmes "dotés de capteurs multimodaux et d'actifs robotiques" pouvant être utilisés dans la technologie des drones.

Ces deux projets ont "des applications militaires potentielles évidentes", selon le rapport.

Ce n'est pas la première fois que le financement par l'UE de projets militaires et de défense israéliens est remis en question.

En février, l'eurodéputée irlandaise Clare Daly (gauche radicale) s'était déjà inquiétée du fait que l'argent d'Horizon Europe, financé par les contribuables européens, était alloué au logiciel espion controversé Pegasus, de fabrication israélienne, utilisé pour cibler des journalistes et des hommes politiques dans le monde entier.

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"Pourquoi Israël fait-il partie d'Horizon Europe ? Pourquoi Israël bénéficie-t-il de 22,83 % des subventions issues du programme ? Pourquoi l'argent des contribuables finance-t-il le développement du logiciel Pegasus, utilisé contre les journalistes et politiciens européens ?"

"Depuis toujours, la "recherche en matière de sécurité" de l'UE joue un double rôle et constitue un cadeau pour l'industrie de l'armement européenne, turque et israélienne", avance Christoph Marischka, de l'IMI.

"Il est logique que les résultats de cette recherche soient aujourd'hui appliqués sur différents champs de bataille, comme à Gaza".

En 2021, un groupe de 60 eurodéputés verts et de gauche avait demandé à la Commission européenne de suspendre la participation d'Israël au programme Horizon Europe, affirmant que le pays ne respectait pas les valeurs que l'UE prétend défendre à travers son programme de recherche et d'innovation, d'une valeur de 95,5 milliards d'euros.

Les députés considéraient à l'époque qu'Israël devrait être exclu du programme jusqu'à ce qu'il garantisse les droits des Palestiniens.

La recherche et l'innovation "ne peuvent se faire au détriment du respect des droits de l'homme et de la primauté du droit international", affirmaient-ils.

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