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France : le puzzle des solutions possibles après l'impasse des législatives

Des personnes attendent les résultats du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet 2024 à Nantes, dans l'ouest de la France.
Des personnes attendent les résultats du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet 2024 à Nantes, dans l'ouest de la France. Tous droits réservés Jeremias Gonzalez/Copyright 2024. The AP
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Par euronews avec AP
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Les élections législatives ont abouti à un Parlement sans majorité, l'Assemblée nationale étant divisée en trois blocs distincts sans majorité absolue. Par conséquent, aucune figure claire n'a émergé en tant que futur premier ministre.

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Les électeurs français ont accordé à une large coalition de gauche le plus grand nombre de sièges au Parlement lors des élections législatives cruciales qui ont permis de barrer l'extrême droite du pouvoir, mais ont placé la France dans une situation sans précédent, à savoir l'absence d'un bloc politique dominant au sein du Parlement.

Si un Parlement fracturé n'est pas rare en Europe, la France n'a jamais connu une telle situation dans son histoire moderne. Le pays se retrouve donc en terrain inconnu, avec des négociations tendues pour former un nouveau gouvernement et nommer un premier ministre, qui se concentre sur la politique intérieure et partage le pouvoir avec le président.

Aucune figure claire n'a émergé en tant que futur premier ministre.

Emmanuel Macron peut proposer un nom, mais ce choix devra être soutenu par une majorité parlementaire. Le président français a déclaré qu'il attendrait pour décider des prochaines étapes et se rendra à Washington cette semaine pour un sommet de l'OTAN. Les nouveaux législateurs commencent à travailler lundi et tiendront leur première session le 18 juillet.

Trois grands blocs politiques ont émergé, mais aucun d'entre eux n'est près de détenir une majorité d'au moins 289 sièges sur 577. Les résultats obtenus jusqu'à présent indiquent 182 sièges pour le Nouveau Front populaire, 168 pour la coalition macroniste Ensemble pour la République et 143 pour le Rassemblement national, avec les transfuges des Républicains d'Eric Ciotti.

Le "Tetris" des coalitions possibles

La division de la chambre basse obligera les législateurs à trouver un consensus entre les partis pour s'accorder sur les positions du gouvernement et sur un programme législatif. Les divisions politiques et profondes de la France sur les impôts, l'immigration et la politique du Proche-Orient rendent cette tâche particulièrement difficile.

Ces résultats signifient que les alliés centristes de M. Macron ne seront presque certainement pas en mesure de mettre en œuvre leurs propositions favorables aux entreprises, telles que la promesse de réviser les allocations de chômage. L'adoption d'un budget pourrait également s'avérer plus difficile.

M. Macron pourrait chercher à conclure un accord avec des éléments plus modérés de la gauche. La France n'a pas de tradition en la matière, de sorte que de telles négociations — si elles ont lieu — devraient être difficiles et pourraient déboucher sur une alliance informelle et fragile.

M. Macron a déclaré qu'il ne travaillerait pas avec la gauche dure de La France insoumise, mais il pourrait tendre la main à d'autres partis du Nouveau Front populaire : les socialistes et les Verts. Ceux-ci pourraient toutefois refuser de la saisir.

La semaine dernière, son gouvernement a suspendu un décret qui aurait réduit les droits des travailleurs aux allocations de chômage, ce qui a été interprété comme un geste pacificateur envers la gauche.

Certains alliés de M. Macron font plutôt pression pour former un gouvernement autour des centristes et des Républicains qui, avec leurs alliés, sont arrivés en quatrième position avec plus de 60 sièges. Néanmoins, ce groupe aurait encore besoin du soutien de législateurs supplémentaires.

Divisions à gauche

La gauche a été déchirée par des divisions, en particulier après l'attaque du 7 octobre du Hamas contre Israël.

Jean-Luc Mélenchon et d'autres dirigeants de LFI ont été vivement critiqués par d'autres gauchistes plus modérés pour leur position sur le conflit. Les politiciens de la gauche dure, qui ont accusé Israël de poursuivre un génocide contre les Palestiniens, ont fait l'objet d'accusations d'antisémitisme, qu'ils nient fermement.

Le programme commun du NFP promet d'augmenter le salaire mensuel minimum de 1 400 à 1 600 euros, de revenir sur la réforme des retraites de M. Macron qui a fait passer l'âge de la retraite de 62 à 64 ans et de geler les prix des denrées alimentaires et de l'énergie. Tout cela entrainera des dépenses importantes et, par conséquent, inquiète les marchés financiers.

M. Mélenchon affirme que l'alliance de gauche est "prête à gouverner". Mais il n'y a aucune chance qu'il soit nommé premier ministre, parce que Macron refuse de travailler avec lui, et jusqu'à présent, la propre coalition de Mélenchon ne l'a pas proposé — ni personne d'autre, d'ailleurs — pour le poste. Les dirigeants du Nouveau Front populaire arguent que d'autres discussions internes sont nécessaires, avec le nom de Raphaël Glucksmann, qui a mené les socialistes à des résultats impressionnants lors des européennes, refaisant surface.

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Le fondateur de la France insoumise, âgé de 72 ans, n'est pas apprécié par de nombreux modérés et est souvent perçu comme autoritaire. Politicien rusé et orateur doué, M. Mélenchon est depuis longtemps une figure de la gauche française, d'abord au sein du Parti socialiste. Il a lancé la France insoumise en 2016 et a été candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2017 et 2022.

Ses rivaux politiques ont fait valoir que la victoire de la gauche aux élections législatives de dimanche résultait davantage de la peur de l'extrême droite que d'un quelconque attrait pour M. Mélenchon ou son parti.

Attal expédie les affaires courantes

Le Premier ministre Gabriel Attal a proposé sa démission lundi, mais M. Macron lui a demandé de rester "pour l'instant" au nom de la "stabilité du pays", après que les résultats des élections ont laissé le gouvernement dans l'incertitude. M. Attal a déclaré qu'il pouvait rester jusqu'aux prochains Jeux olympiques de Paris ou aussi longtemps que nécessaire.

Pour l'instant, le gouvernement de M. Attal s'occupera de la gestion quotidienne. Le bureau de Macron a déclaré qu'il "attendra que la nouvelle Assemblée nationale s'organise" avant de prendre des décisions sur un nouveau gouvernement.

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Il n'existe pas de calendrier précis pour la nomination d'un premier ministre par M. Macron, ni de règle stricte stipulant qu'il doit choisir un membre du plus grand parti ou bloc au Parlement.

Le mandat du président court jusqu'en 2027 et le locataire actuel de l’Élysée affirme qu'il ne se retirera pas. Sans majorité et avec peu de possibilités de mettre en œuvre son propre programme, Macron sort affaibli de l'élection.

Toutefois, en vertu de la Constitution française, il conserve le pouvoir sur la politique étrangère, les affaires européennes et la défense, et est chargé de négocier et de ratifier les traités internationaux. Le président est également le commandant en chef des forces armées du pays et détient les codes nucléaires.

Le premier ministre est responsable devant le Parlement, dirige le gouvernement et présente les projets de loi. Le nouveau locataire du Matignon pourrait ne pas être en mesure ou ne pas vouloir contester sérieusement les pouvoirs de Macron en matière de défense et de politique étrangère.

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Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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