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Que faisait en Ukraine le suspect de la tentative présumée d'assassinat de Donald Trump ?

Ryan Wesley Routh participe à un rassemblement dans le centre de Kyiv, le 30 avril 2022.
Ryan Wesley Routh participe à un rassemblement dans le centre de Kyiv, le 30 avril 2022. Tous droits réservés AP Photo/Efrem Lukatsky
Tous droits réservés AP Photo/Efrem Lukatsky
Par Sasha VakulinaAleksandar Brezar
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

Après l'annonce de l'identité de l'homme à l'origine de la tentative d'assassinat présumée contre Donald Trump, plusieurs sources ont révélé que Ryan Routh avait été mis en garde à plusieurs reprises contre ses actions "illégales", tandis que d'autres le qualifiaient d'"escroc".

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Ryan Wesley Routh, qui a été appréhendé pour son complot présumé visant à tuer l'ancien président des États-Unis et candidat républicain aux prochaines élections présidentielles de novembre, s'intéressait de près à l'Ukraine.

Selon les médias, il a affirmé à plusieurs reprises avoir mis en place un programme de recrutement de volontaires internationaux pour lutter pour l'Ukraine contre l'invasion à grande échelle de son voisin russe, qui en est maintenant à sa troisième année.

Toutefois, ses tentatives pour faire venir des combattants, notamment d'Afghanistan, n'ont pas été accueillies à bras ouverts.

Des dizaines de messages de soldats des forces armées ukrainiennes, qui ne révèlent généralement pas leur identité pour des raisons de sécurité, sont apparus sur X, partageant des captures d'écran de leurs prétendus échanges avec Ryan Wesley Routh.

Nombre d'entre elles montrent que des soldats ukrainiens et des membres de la Légion internationale ont dit à plusieurs reprises à Ryan Wesley Routh de cesser de se présenter comme un recruteur, car ses méthodes douteuses donnaient une mauvaise image de l'Ukraine.

L'un des témoignages d'un ancien membre de la Légion internationale fait état de nombreux avertissements concernant Routh dès novembre 2023.

Cette personne, dont l'identité a été confirmée par Rachel Jamison, directrice de Protect a Volunteer, a déclaré que Routh n'avait jamais été officiellement affilié à l'unité de volontaires étrangers. Il a également partagé des informations personnelles sans permission et, notamment, aurait voulu faire entrer illégalement des ressortissants afghans en Ukraine.

"Ryan Routh a publié de nombreux messages sur Facebook concernant l'envoi de soldats en Ukraine en 2023 et 2024. Il n'a aucune autorité pour agir au nom de l'Ukraine et ignore les lois sur les visas", peut-on lire dans l'un des messages publiés sur X en juin de cette année à propos des actions de Ryan Routh en Ukraine.

"Routh est soit un trafiquant d'êtres humains, soit un escroc, soit il tente d'enfreindre autant de lois nationales que possible en essayant de faire entrer clandestinement des gens en Ukraine pour se battre. C'est contraire à l'éthique, non professionnel et inacceptable. Pire encore, il le fait en insistant sur le fait qu'il aide l'Ukraine".

Qu'est-ce que Routh promouvait sur son site web ?

M. Routh a fait part à plusieurs reprises de son soutien à l'Ukraine sur diverses plateformes de médias sociaux.

Un site web dédié, intitulé "Fight for Ukraine", sur lequel figurent ses coordonnées, y compris son adresse électronique et son numéro de téléphone, était toujours en ligne lundi après-midi. Euronews a confirmé son authenticité après l'avoir identifié en examinant ses publications passées sur X et d'autres médias sociaux et en comparant les données personnelles accessibles au public.

Sur ce site web, M. Routh a fait la publicité de ses prétendus efforts de recrutement, donnant des détails plutôt vagues sur la manière dont les étrangers de "tous âges, sexes et niveaux de compétence" pouvaient rejoindre l'armée ukrainienne.

Il a en particulier donné des instructions détaillées sur la manière dont les volontaires potentiels pouvaient entrer en Ukraine, déclarant qu'ils pouvaient "simplement obtenir tout l'équipement militaire et l'argent et s'envoler pour Cracovie" en Pologne. De là, le site web indiquait l'itinéraire suivant : prendre un train ou un bus interurbain jusqu'à Przemyśl, puis un train ou un bus local jusqu'au poste-frontière de Medyka avec l'Ukraine.

Bien que Medyka soit un poste-frontière très populaire pour entrer en Ukraine et en sortir, il s'agit d'un poste parmi d'autres, et la raison pour laquelle le site web associé à Routh a suggéré cet itinéraire n'est pas claire.

Le reste des instructions sur ce qu'il faut faire après avoir franchi la frontière est encore plus confus.

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"Dites au garde-frontière que vous voulez rejoindre la Légion internationale et ils vous emmèneront au bureau pour rencontrer Nazar et les dirigeants", est-il suggéré.

Bien que l'on ne sache pas exactement qui sont "Nazar" et les "dirigeants" anonymes, ni pourquoi ils se trouvent dans un bureau à la frontière, l'information est trompeuse et présente de manière erronée le processus de recrutement de la Légion internationale.

Un volontaire colombien de la Légion internationale ukrainienne réalise une vidéo sur un mémorial pour les soldats ukrainiens tombés au combat à Kyiv, juillet 2023.
Un volontaire colombien de la Légion internationale ukrainienne réalise une vidéo sur un mémorial pour les soldats ukrainiens tombés au combat à Kyiv, juillet 2023.AP Photo/Efrem Lukatsky

La Légion internationale fait légalement et officiellement partie des Forces armées ukrainiennes (AFU) et dispose d'un processus de candidature bien établi, qui commence par des vérifications approfondies des antécédents avant l'arrivée en Ukraine.

Les recrues potentielles doivent également être issues d'un milieu militaire et avoir reçu une formation et des autorisations appropriées, contrairement à ce qu'affirme M. Routh, qui parle de "tous les âges et de tous les niveaux de compétence".

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Une fois acceptées, les recrues ne sont pas des mercenaires, mais des militaires légaux de l'AFU, comme tous les autres Ukrainiens et les non-citoyens. Leur recrutement n'est pas une décision ad hoc prise sur place à leur arrivée.

Le site web associé à Routh poursuit avec des instructions étape par étape : "Ils examineront votre passeport et votre téléphone pour s'assurer que vous n'êtes pas russe. Si vous êtes accepté, vous vous rendez directement dans une base voisine et vous vous entraînez".

En réalité, l'adhésion à la Légion internationale ne fonctionne pas de cette manière. La Légion internationale et d'autres autorités examinent les aspects formels de la demande et notifient le candidat en cas de recrutement. Ce n'est qu'ensuite qu'ils sont envoyés dans les unités appropriées.

Selon le site officiel de la Légion internationale, les unités individuelles examinent alors le dossier et fournissent un retour d'information.

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"Si une unité vous sélectionne, vous serez informé de la manière de la contacter directement pour un entretien final avec l'un de vos futurs commandants ou un recruteur de l'unité", indique la Légion, soulignant que le processus préparatoire, dans sa phase la plus précoce, prend au moins trois semaines avant le voyage.

En outre, le site web associé à Routh contenait l'avertissement suivant : "N'appelez pas l'ambassade de votre pays d'origine pour demander l'autorisation de rejoindre le combat, prenez simplement un avion et venez en Ukraine pour nous rejoindre."

Le 28 février 2022, quatre jours après le début de l'invasion russe, le président Volodymyr Zelensky a signé un décret instaurant un régime d'exemption de visa pour les étrangers désireux d'aider à protéger l'Ukraine de l'agression russe pendant la loi martiale.

Cependant, son avertissement aux recrues potentielles de ne pas contacter ou informer l'ambassade n'a rien à voir avec le processus de recrutement officiel de la Légion internationale et va à l'encontre des règles nationales d'un certain nombre de pays qui interdisent à leurs citoyens de participer à des guerres à l'étranger.

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Entre-temps, la Légion internationale a réfuté toutes les allégations d'implication de M. Routh, déclarant à Euronews que M. Routh n'a jamais fait partie de la Légion internationale, n'y a jamais été associé ou n'y a jamais été lié, à quelque titre que ce soit.

"Toute affirmation ou suggestion indiquant le contraire est totalement inexacte", a ajouté la déclaration.

Que faisait Routh en Ukraine ?

À la suite de l'incident de dimanche, les médias se sont empressés de souligner les déclarations publiques de M. Routh en faveur de l'Ukraine.

Il a depuis été identifié comme participant à plusieurs rassemblements pro-Ukraine à Kyiv, dont un événement de la brigade Azov en 2022, ce qui a suscité une réponse de l'unité militaire rejetant tout lien avec M. Routh.

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"Nous souhaitons déclarer officiellement que Ryan Wesley Routh n'a aucun lien avec Azov et n'a jamais eu de lien avec Azov", a déclaré l'unité dans un communiqué sur X.

"Nous pensons que la diffusion de l'histoire sur le lien possible entre Azov et Ryan Wesley Routh fait le jeu de la propagande russe et discrédite la 12ᵉ brigade des forces spéciales Azov de la Garde nationale ukrainienne et les forces de sécurité et de défense de l'Ukraine en général", a ajouté le communiqué.

M. Routh aurait déclaré au New York Times en 2023 qu'il voulait aider Kyiv à repousser l'agression de Moscou et qu'il s'était rendu en Ukraine juste après le début de la guerre pour aider à recruter des soldats afghans qui avaient fui les talibans deux ans plus tôt.

M. Routh a déclaré que des dizaines de soldats avaient manifesté leur intérêt et qu'il essayait de les transférer du Pakistan et de l'Iran vers l'Ukraine.

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Toutefois, on ne sait pas si M. Routh a réussi à faire venir des volontaires étrangers en Ukraine depuis qu'il a fait ces déclarations.

Un message posté en juillet sur Facebook suggère qu'il essayait toujours activement de recruter des soldats étrangers pour la cause de l'Ukraine au cours de l'été, mais qu'il n'a pas pu obtenir l'autorisation nécessaire.

"Soldats, ne m'appelez pas, s'il vous plaît", a-t-il déclaré sur la plateforme de médias sociaux. "Nous essayons toujours de faire en sorte que l'Ukraine accepte des soldats afghans et nous espérons avoir des réponses dans les mois à venir... s'il vous plaît, soyez patients".

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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