Plus d'un mois après le début de la guerre commerciale initiée par Donald Trump, Washington et Pékin vont se rencontrer pour la première fois, ouvrant ainsi la porte à des négociations.
C'est une réunion qui s'annonce importante. Cette semaine à Genève, en Suisse, responsables américains et chinois vont se rencontrer afin de discuter des droits de douane, imposées par Donald Trump, en avril. Il s'agira de la première rencontre entre les deux pays depuis le début de la guerre commerciale.
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, et le représentant américain au commerce, Jamieson Greer, s'entretiendront avec une délégation chinoise qui comprendra le vice-premier ministre He Lifeng. Une annonce qui devrait rassurer les marchés états-uniens, qui s'inquiètent de plus en plus de l'impact des droits de douane sur les prix.
Alors que les États-Unis ont ouvert les discussions avec de nombreux pays, "la Chine a été la pièce manquante", a assuré Scott Bessent. La situation actuelle "n'est pas viable, en particulier du côté chinois", a-t-il ajouté, précisant que ces niveaux actuels des droits de douane avaient les mêmes conséquences qu'un "embargo". "Nous ne voulons pas de découplage. Ce que nous voulons, c'est un commerce équitable", a-t-il assuré.
S'il n'attend pas qu'un "grand accord commercial" soit signé, il espère que ce premier rendez-vous soit le premier pas vers une "désescalade".
"Pas s'attendre à des victoires rapides"
Après avoir, dans un premier temps, nié avoir discuté avec Washington, Pékin a confirmé cette rencontre. "La partie chinoise a soigneusement évalué les informations fournies par la partie américaine et a décidé d'accepter les discussions après avoir pleinement pris en compte les attentes mondiales, les intérêts chinois et les appels des entreprises et des consommateurs américains", a déclaré un porte-parole du ministère du commerce.
Cependant, le porte-parole a ajouté que la Chine ne "sacrifierait pas ses principes, l'équité mondiale ou la justice dans la recherche d'un accord".
Wendy Cutler, ancienne responsable du commerce américain et désormais vice-présidente de l'Asia Society Policy Institute, a déclaré que cette réunion était une "bonne chose". "Il s'agit de la première réunion en face-à-face entre de hauts responsables américains et chinois depuis l'investiture de Donald Trump. C'est une occasion importante d'avoir des discussions initiales sur l'annulation de certains droits de douane, de tracer une voie à suivre et de soulever des inquiétudes", a-t-elle assuré. Cependant, "il ne faut pas s'attendre à des victoires rapides", a-t-elle prévenu.
Possibilité de récession aux États-Unis
Aucun pays n'a été plus durement touché par la guerre commerciale de Donald Trump que la Chine, premier exportateur et deuxième économie mondiale. Lorsque le président états-unien a annoncé ses droits de douane pour le "Jour de la libération", le 2 avril, la Chine avait riposté en imposant ses propres droits de douane, ce que Donald Trump avait considéré comme un manque de respect. Depuis lors, les droits de douane sur les marchandises des uns et des autres n'ont cessé d'augmenter : les droits de douane américains sur la Chine s'élèvent désormais à 145 % et les droits de douane chinois sur les États-Unis à 125 %.
Les deux pays ont accordé des exemptions afin d'atténuer l'impact de ces mesures. Néanmoins, tant les États-Unis que la Chine en ressentent les conséquences, les échanges entre les deux plus grandes économies du monde étant considérablement réduits. Les entreprises américaines ont déjà commencé à annuler des commandes en provenance de Chine, à reporter des projets d'expansion et à se replier sur elles-mêmes en raison de la guerre des droits de douane.
Les prévisionnistes ont même évoqué la possibilité que les États-Unis entrent en récession, tandis que l'activité des usines chinoises s'est contractée en avril pour atteindre son niveau le plus bas depuis décembre 2023.
La plupart des économistes ont déclaré que le coût des droits de douane serait répercuté sur les consommateurs sous la forme d'une hausse des prix des automobiles, des produits alimentaires ou du logement.