43 milliards d'euros pour faire de l'UE un acteur mondial des semi-conducteurs

La Commission européenne affiche son ambition sur les semi-conducteurs. Elle souhaite doubler la part de marché des Etats membres pour la porter d'ici 2030 à 20%. A l'heure actuelle 10% des microprocesseurs sont fabriqués en Europe ce qui rend l'UE vulnérable à l'égard de ses partenaires internationaux.
Pour changer la donne la Commission a présenté mardi son très attendu paquet législatif sur les puces électroniques. L'objectif est de prévenir les pénuries, comme celle provoquée par la pandémie de covid-19. Le projet est aussi de mettre en place toute une chaîne de valeur allant de la recherche au développement en passant par la production.
Si l'Union dispose des ressources en matière d'innovation, les moyens de production sont en revanche largement insuffisants reconnaît la vice-présidente de la Commission. "Ces capacités n'existeront pas en Europe si nous ne faisons rien. Cela signifie qu'il pourrait être justifié de couvrir 100% d'un déficit de financement avec des ressources publiques", précise Margrethe Vestager.
La Commission prévoit 30 milliards d'euros au cours des huit prochaines années pour construire ces nouvelles capacités. Ces moyens s'ajoutent aux 15 milliards d'euros d'investissements publics et privés pour la recherche et le développement ainsi que pour le soutien aux start-ups.
Si l'institution évoque une étape importante pour l'industrie européenne, d'autres voix sont plus sceptiques. Niclas Poitiers, chercheur à l'institut Bruegel, estime que plus de flexibilité en matière d'aide d'Etat favorisera les pays membres les plus riches.
"L'Allemagne et la France ont les poches les plus grandes pour ce genre de politique. On parle de pays qui sont déjà bien établis en matière de haute technologie et ainsi ils obtiennent que la prochaine technologie de pointe soit localisée chez eux", résume-t-il. "Le risque ici est que la concurrence juste soit à l'avantage des grands Etats", ajoute-t-il.
La proposition doit maintenant être examinée et approuvée par le Conseil, qui représente les Etats membres, et par le Parlement européen. Si l'UE espère attirer les investisseurs à travers des subventions, l'Asie devrait tout de même rester dans un avenir proche le principal fabriquant et fournisseur de semi-conducteurs.