Les chocs économiques deviennent un facteur principal des crises alimentaires

La crise alimentaire a menacé l'année dernière 258 millions de personnes
La crise alimentaire a menacé l'année dernière 258 millions de personnes Tous droits réservés Sophie Garcia/Copyright 2020 The AP. All rights reserved.
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Par Isabel Marques da Silva
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L’insécurité alimentaire a menacé l’année dernière 258 millions de personnes dans 58 pays. Les difficultés économiques s'ajoutent aux conflits et à la crise climatique comme moteur de ces tensions.

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La guerre en Ukraine a un impact considérable sur l'approvisionnement en énergie, en engrais et en denrées alimentaires. L'initiative céréalière de la mer Noire a permis d'acheminer des millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens vers des pays en développement. Mais le choc a été si puissant qu’en 2022 l'insécurité alimentaire a menacé 258 millions de personnes dans 58 pays, soit 65 millions d'hommes et de femmes en plus par rapport à l'année précédente.

Euronews a interrogé Lavinia Antonaci, analyste auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, sur cette autre crise.

Euronews :

Les conflits et les catastrophes climatiques causent des crises alimentaires. Mais pour la première fois, les chocs économiques sont le principal moteur de ces tensions dans 27 pays. Est-ce lié à la guerre en Ukraine ?

Lavinia Antonaci :

En 2022, le rapport souligne que 84 millions de personnes dans ces pays connaissent comme principal facteur d'insécurité alimentaire l'économie. Et cela est particulièrement lié aux retombées économiques de la pandémie de covid-19 et aux effets d'entraînement de la guerre en Ukraine. Les vulnérabilités économiques, préexistantes, ont donc été exacerbées par la guerre en Ukraine.

Euronews :

L'accord international sur les exportations de céréales par la mer Noire pourrait ne pas être suffisant pour ceux qui en ont besoin cette année encore ?

Lavinia Antonaci :

Ces initiatives mondiales ont certainement contribué à atténuer la crise au niveau mondial et leurs effets se font donc également sentir dans ces pays, même si les prix du marché doivent encore baisser dans certains pays. Mais oui, je dirais que les effets ont été positifs, bien que nous soyons confrontés à des déséquilibres économiques préexistants dans de nombreux pays.

Euronews :

Comment aider les personnes qui sont actuellement dans le besoin, mais aussi comment s'attaquer à certaines des causes profondes, à savoir les déficiences de l'agriculture dans de nombreux pays du Sud ?

Lavinia Antonaci :

Environ 14 milliards de dollars ont été alloués aux pays en situation de crise alimentaire. Toutefois, dans ce contexte humanitaire, il est très important d'investir dans l'agriculture. Si l'on considère que seuls 4 % des fonds alloués aux pays en crise alimentaire sont consacrés à l'agriculture et au soutien des moyens de subsistance, on constate donc que le financement de l'agriculture est marginal.

Euronews :

Les scientifiques affirment que le phénomène climatique El Niño jouera un rôle important en 2023, entraînant de nombreuses sécheresses et inondations. Les pays sont-ils prêts à faire face à une éventuelle famine ?

Lavinia Antonaci :

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, en collaboration avec d'autres agences, met déjà en place des protocoles et des plans comme par exemple des protocoles d'action anticipée, en particulier dans les pays où la sécurité alimentaire est une préoccupation majeure. Par exemple, il existe des protocoles d'action anticipée pour la sécheresse au Burkina Faso, au Tchad, au Nigeria, mais aussi en Afrique australe. Il s'agit donc de pays qui sont déjà confrontés à une situation désastreuse en termes d'insécurité alimentaire aiguë.

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