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Govsatcom, Eutelsat, Iris2, les options européennes face à Starlink

Pour déployer le projet Iris2, l'UE devra lancer au total 290 satellites
Pour déployer le projet Iris2, l'UE devra lancer au total 290 satellites Tous droits réservés  AP Photo
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Par Grégoire Lory
Publié le Mis à jour
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C’est une éventualité qui pourrait faire basculer la guerre en Ukraine. La menace de couper l’accès de Kyiv au réseau américain de satellites Starlink aurait de lourdes conséquences. Pour éviter ce possible scénario, les autorités ukrainiennes cherchent des alternatives auprès de l'UE.

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L'issue de la guerre en Ukraine se joue aussi dans l'espace. Le réseau américain de satellites Starlink est actuellement incontournable. Il assure la connectivité des forces ukrainiennes sur le terrain. Mais le caractère imprévisible de son propriétaire, le milliardaire Elon Musk, inquiète Kyiv et l'Union européenne. 

"Elon Musk est en fait le gardien de la connectivité de l'Ukraine sur le champ de bataille. Et c'est une vulnérabilité stratégique", prévient Arthur De Liedekerke, directeur principal des affaires européennes pour Rasmussen Global.

L’UE dispose toutefois d’alternatives capables de rivaliser avec la constellation américaine, assure l’eurodéputé Christophe Grudler (Renew Europe). 

"Nous avons clairement les moyens de remplacer Starlink". Le parlementaire français souhaite toutefois ne pas avoir à recourir à cette éventualité dans l’urgence car il faudra un peu de temps pour se substituer aux satellites d’Elon Musk

"Il est clair que si aujourd'hui Starlink décide de couper le signal nous avons des possibilités avec notamment Govsatcom qui est le réseau européen que nous avons mis en service et qui va permettre dès le mois de juin de pouvoir suppléer en Ukraine, s'il le faut, le signal manquant de Starlink", poursuit-il.

Govsatcom c'est la mise à disposition de capacités spatiales gouvernementales déjà existantes. Le système a pour but de fournir des réseaux fiables, sécurisés pour les autorités publiques de l'UE. L’Ukraine a déjà manifesté son intérêt pour ce dispositif.

Selon Christophe Grudler, il n’y aurait aucun problème avec cette solution. "L'Union européenne est très mobilisée pour aider l'Ukraine et donc il y aurait certainement un accord de l'ensemble des États membres pour venir secourir l’Ukraine si demain elle n'avait plus de signal Starlink", assure-t-il.

Arthur De Liedekerke est en revanche plus réservé par cette option. "Govsatcom est un système gouvernemental de communications sécurisées par satellite qui vise essentiellement à fournir des réseaux fiables, sécurisés et stratégiquement autonomes pour les services de communication entre les gouvernements de l'UE. Il ne saurait remplacer le type de connectivité sur le champ de bataille dont nous parlons pour l'Ukraine", juge-t-il. "Ce n'est pas une solution miracle pour le moment. "

La solution industrielle

L'autre option serait de s'appuyer sur l'entreprise Eutelsat. La société franco-britannique peut fournir des services de qualité équivalents à Starlink car elle a aussi opté pour une constellation en orbite basse. 

Toutefois l’échelle entre les deux entreprises est asymétrique. Starlink compte 7 000 satellites contre 630 pour Eutelsat. Mais cette dernière dispose aussi de 35 appareils en orbite géostationnaire, autrement dit à une distance plus éloignée de la Terre.

L’option Eutelsat soulève cependant une question industrielle et commerciale. L’entreprise américaine compte environ 40 000 terminaux en Ukraine qui ne sont pas uniquement utilisés par l’armée. Les civiles emploient aussi Starlink pour se connecter à Internet ou pour pouvoir passer des appels. A contrario, l’entreprise franco-britannique disposerait sur place de 2 000 terminaux. 4 000 pourraient être déployés prochainement, et une commande de 10 000 appareils supplémentaires a été passée. Enfin, le prix d’un terminal Starlink est évalué à 500 euros contre près de 9 000 euros pour l’équipement d'Eutelsat.

Mais l’entreprise européenne dispose d’atouts politiques. Elle ne dépend pas des Etats-Unis et s’appuie sur les deux puissances nucléaires européennes.

"Eutelsat est notre champion européen, celui qui a des solutions fonctionnelles convaincantes et que nous devons être en mesure de soutenir par le biais du financement et de volonté politique", souligne Arthur De Liedekerke.

La solution pour l’avenir

Une dernière option à moyen terme existe à travers le projet européen Iris2 (Infrastructure de résilience, d’interconnexion et de sécurité par satellite). Cette constellation de 290 satellites multi-orbite, en orbite basse (LEO jusqu’à 2 000 km) et orbite moyenne (MEO entre 2 000 et 36 000 km) fournira des services de connectivité sécurisés à l'UE. Cette constellation offrira une faible latence, autrement dit des transmissions ultra-rapides proches des performances des réseaux terrestres.

Le contrat de concession public-privé de 12 ans pour le développement et l’exploitation d’Iris2 a été attribué à SpaceRISE. Le consortium compte dans ses rangs Eutelsat, l'Espagnol Hispasat et le Luxembourgeois SES et des poids lourds du secteur spatial : Thales, OHB, Airbus Defence and Space, Telespazio, Deutsche Telekom, Orange et Hisdesat.

Iris2 est cependant encore loin de sa mise en œuvre puisque le dispositif ne sera pleinement opérationnel qu'à partir de 2030. Mais Christophe Grudler, qui a été rapporteur du projet au Parlement européen, assure que des services seront disponibles plus tôt.

"Dès 2028, on aura une constellation Iris2 qui fonctionnera et qui pourra rendre des services de télécommunication à l'ensemble des États membres qui le souhaiteraient. J'ajouterai que ce sera la première fois qu'on aura une constellation sécurisée avec de la cryptographie post-quantique, donc la cyber-attaque ne sera pas possible sur cette constellation. Ce sera une première mondiale avec un signal ultra-sécurisé, ce qui n'est pas le cas d'ailleurs du signal Starlink. "

Selon Arthur De Liedekerke, cette diversité est essentielle. "Il s'agit d'avoir des options. Il s'agit de ne pas avoir un seul point de défaillance. Il s'agit de pouvoir dire non à l'un d'entre eux tout en restant connecté. Et aujourd'hui, nous ne sommes pas dans une situation où nous pouvons le faire", explique-t-il.

"Nous avons laissé la connectivité de la zone de guerre de l'Ukraine entre les mains d'un seul homme (…) il s'agit là d'une vulnérabilité stratégique. En ayant des options, des alternatives, en diversifiant nos partenariats, nous évitons ce point de défaillance unique."

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