Comment mieux répondre aux besoins en soins de longue durée dans l'UE

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Par Fanny GauretJeremy Wilks
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Alors que la population européenne vieillit, les besoins dans le domaine de l'aide à la personne augmentent. Or ce secteur manque de ressources, à la fois financières et humaines. La stratégie européenne en matière de soins vise à y remédier.

Le vieillissement de la population dans l'Union européenne fait augmenter les besoins en soins de longue durée, mais aussi en personnels chargés de les assurer. Actuellement, à l'échelle de l'UE, six millions de personnes travaillent dans ce secteur, mais il en faudra 1,6 million de plus d'ici à 2050.

"Quand elle est là, je me sens plus vivante"

À Banska Stiavnica, dans l'est de la Slovaquie, l'accès aux soins et services de qualité pour les personnes âgées n'est pas toujours possible à cause d'un manque de financement et de personnel.

Lucia Schneider, aide-soignante de 38 ans, a de son côté, la chance de s'occuper de sa grand-mère dans le cadre de son travail. "J'aide ma grand-mère à faire le ménage et les courses, à prendre sa douche," explique-t-elle.

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Lucia Schneider, aide-soignante, s'occupe de sa grand-mèreEuronews

Les dépenses publiques pour les soins professionnels de longue durée sont faibles en Europe, elles représentent seulement 1,7% du PIB en 2019 selon les données de la Commission européenne. En raison de leurs coûts, très souvent, c'est la famille qui se charge des soins. 

Eva Lamperová, la grand-mère de Lucia, apprécie l'aide qu'elle reçoit. "Je suis contente quand Lucia vient déjeuner : quand elle est là, je me sens plus vivante," confie-t-elle. Depuis la perte de son mari, Eva vit seule et sa petite retraite ne lui permet pas de couvrir tous ses frais. Sa famille l'aide aussi financièrement. "Je ne pourrais pas aller en maison de retraite parce que ma pension est trop faible pour assumer le coût," indique-t-elle. Mais tant qu'elle le peut, Eva souhaite rester chez elle, près de sa famille.

Les projections montrent qu'en Slovaquie, le nombre de personnes ayant besoin de soins de longue durée augmentera de plus de 50% en 2070. C'est le double de l'augmentation moyenne dans l'Union européenne.

Un projet pilote communautaire

Mais des initiatives changent la donne. À Banska Stiavnica, un projet pilote communautaire a été mis en place dans le but de permettre aux personnes âgées de rester le plus longtemps possible chez elles.

Mária Petrová qui vit seule et a une santé fragile en bénéficie. "J'ai souvent besoin d'aller chez le médecin," explique-t-elle. "M. Ing. Zorván m'emmène à l'hôpital, il m'attend et me ramène à la maison," explique-t-elle. C'est le résultat de son inscription à un centre de services sociaux communautaire, l'un des projets soutenus par le Fonds Social Européen+. L'ambition est de réunir les prestataires sociaux, de santé et les municipalités pour proposer plus de services aux personnes âgées.

Ainsi, elle bénéficie d'une aide pour les transports essentiels, mais aussi d'un service de surveillance à domicile. Elle nous présente sa montre connectée où s'affiche sa température ou encore sa tension artérielle. "Tout cela m'aide beaucoup, au niveau psychologique et physique," affirme-t-elle.

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Mária Petrová dispose d'un système connecté pour surveiller son état de santé dans le cadre d'un projet communautaire soutenu par le Fonds Social Européen+Euronews

Pavel Červienka gère le projet sur le terrain. Nous le rencontrons alors qu'il anime une consultation avec la municipalité et les séniors de la région, pour estimer leurs besoins"Nous avons eu l'idée de regrouper les municipalités en micro-régions : ce qui nous permet de réunir plus de fonds et de rémunérer suffisamment d'aidants," précise-t-il avant de souligner : "C'est possible de motiver les gens à travailler dans le domaine social."

Alžbeta Zaušková fait partie des aidantes impliquées dans le projet. Nous l'accompagnons alors que la jeune femme emmène un homme âgé, Pavel Adamy, faire des courses. Pour elle, ce travail est une vocation qui doit être mieux valorisée. "J'aime ce travail et j'aime le contact avec les gens : cela m'apporte beaucoup de pouvoir les aider et de leur donner un peu de moi-même," estime-t-elle. "C'est un travail très important de nos jours et il pourrait être amélioré en termes de temps de travail et mieux rémunéré," renchérit-elle.

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Pavel Červienka, directeur du projet communautaireEuronews

Réponse européenne

Face au manque de personnel et à une pression croissante sur les finances publiques, l'Union européenne a adopté une stratégie en matière de soins de longue durée pour améliorer les conditions de travail des aidants et permettre aux personnes âgées de vieillir dans la dignité. Il s'agit d'encourager les États membres à investir davantage dans ce domaine, à créer des emplois et à rendre ces services plus accessibles, abordables et améliorer leur qualité.

D'ici à 2027, selon la Commission, 6,7 milliards d'euros devraient être investis dans la santé et les soins de longue durée dans 22 des 27 États membres par le biais du Fonds Social Européen+ (FSE+).

Prendre soin de ceux qui prennent soin

Pour mieux appréhender les principaux défis que doit relever le secteur des soins de longue durée dans l'UE, nous avons interrogé à Bruxelles, Ivailo Kalfin, directeur exécutif de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound).

"L'immense défi, c'est celui de l'accès aux services de soins de longue durée : de nombreuses personnes n'ont pas un accès satisfaisant à ce type de soins," rappelle-t-il avant d'ajouter : "Mais le problème évident concerne les aidants. Les besoins en personnel augmentent en Europe du fait du vieillissement de la population, or on en trouve de moins en moins, il n'y a pas assez de jeunes dans le domaine des soins de longue durée et cela n'augure rien de bon pour l'avenir s'ils ne sont pas plus nombreux à rejoindre ce secteur," met-il en garde.

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Ivailo Kalfin, directeur de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, répond à EuronewsEuronews

Nous lui demandons comment attirer plus de main-d'œuvre dans ce secteur. Tout en saluant qu'il s'agit d'un objectif de la stratégie européenne en la matière, Ivailo Kalfin nous livre son point de vue. "Bien sûr, il faut parler des salaires car les aidants sont sous-payés, mais il ne s'agit pas seulement des rémunérations, d'autres types de soutien pourraient leur être apportés : par exemple, un soutien supplémentaire en termes de santé mentale car ils travaillent dans des conditions difficiles," fait-il remarquer.

Aidants informels : "C'est pratiquement leur travail !"

"La formation est aussi très importante car les technologies évoluent : elles peuvent aider, mais elles peuvent aussi représenter un obstacle, il est donc très important que ces personnes actualisent leurs compétences," ajoute-t-il. "Elles sont nombreuses à travailler avec une astreinte, elles doivent être disponibles à tout moment, mais elles doivent aussi avoir le temps de se reposer avant de repartir travailler," dit-il.

Selon lui, les aidants informels méritent également du soutien tout en reconnaissant qu'il est plus difficile de leur venir en aide comparé aux professionnels. "Dans la plupart des cas, ces aidants informels sont des femmes car celles-ci ont tendance à occuper des emplois moins rémunérés, plus précaires et c'est une stigmatisation qui perdure depuis de nombreuses années," indique le directeur exécutif d'Eurofound.

"Ces personnes qui s'occupent de personnes âgées ou handicapées à domicile ne peuvent pas aller travailler," poursuit-il. "Donc elles ont des revenus très faibles et c'est pratiquement leur travail ; donc, si nous voulons leur assurer une qualité de vie minimale, elles doivent être soutenues par le système social," estime-t-il.

Journaliste • Fanny Gauret

Video editor • Silvia Lizardo

Sources additionnelles • Production : Louise Lehec ; cameramen : Mathieu Rocher, Yves Pottiaux ; motion design : NEWIC

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