L'ancienne cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a été placée en garde à vue par la police belge dans le cadre d'une enquête pour fraude. Stefano Sannino, haut fonctionnaire européen, a également été interrogé mardi.
Federica Mogherini, ancienne Haute Représentante de l'Union européenne, a été interpellée lors de perquisitions policières menées dans le cadre d'une enquête pour fraude qui a provoqué une onde de choc à Bruxelles.
Mogherini figurait parmi les trois suspects emmenés pour interrogatoire mardi matin, après que les autorités belges ont perquisitionné les bureaux du Service européen pour l'action extérieure (SEAE), le Collège d'Europe à Bruges et plusieurs domiciles privés.
En tant que Haute Représentante, Mogherini a dirigé le SEAE et piloté la politique étrangère de l'Union européenne de 2014 à 2019. Depuis septembre 2020, elle est rectrice du Collège d'Europe, une université prestigieuse bénéficiant de financements européens.
Le deuxième détenu est Stefano Sannino, haut fonctionnaire de l'UE et ancien secrétaire général du SEAE (2021-2024).
En février dernier, Sannino a pris la direction de la Direction générale Moyen-Orient, Afrique du Nord et Golfe (DG MENA) de la Commission européenne, créée pour renforcer les relations avec les pays voisins de l'Union.
Euronews a confirmé ces deux identités après que les médias belges ont initialement relayé l'information.
Selon Le Soir, la troisième personne est un cadre du Collège d'Europe.
De quoi s'agit-il ?
Les perquisitions de mardi ont été menées à la demande du Parquet européen (EPPO), qui enquête sur des soupçons de fraude liés à un projet financé par l'UE.
Dans un communiqué, l'EPPO a indiqué que l'enquête porte sur l'Académie diplomatique de l'Union européenne, une formation de neuf mois destinée aux jeunes diplomates, attribuée par appel d'offres public au Collège d'Europe en Belgique pour la période 2021-2022.
L'enquête vise à déterminer si le SEAE a enfreint les règles de l'appel d'offres en partageant des informations avec le Collège avant l'attribution officielle du projet.
L'EPPO a déclaré avoir de « forts soupçons » de violation des règles de l'UE en matière de concurrence loyale lors de la procédure d'appel d'offres et que « des informations confidentielles relatives à la procédure en cours ont été partagées avec l'un des candidats ».
Ces faits « pourraient constituer une fraude à la passation de marchés, de la corruption, un conflit d'intérêts et une violation du secret professionnel », a précisé l'EPPO. « L'enquête se poursuit afin d'établir les faits et de déterminer si des infractions pénales ont été commises. »
Un porte-parole du SEAE a confirmé les perquisitions policières menées dans les bâtiments, précisant qu'une enquête était en cours concernant des activités remontant au mandat précédent.
Le SEAE est actuellement dirigé par la Haute Représentante Kaja Kallas, qui a succédé à Josep Borrell en décembre 2025. Ce dernier avait pris ses fonctions après le départ de Mogherini en 2019.
Le porte-parole n'a pas souhaité commenter la question de savoir si les trois personnes interpellées étaient des fonctionnaires européens en exercice. L'opération de mardi a eu lieu après la levée de l'immunité parlementaire, a indiqué le Parquet européen, laissant entendre que les individus occupaient des postes importants.
La police belge n'a pas souhaité faire de commentaire.