Ce sera bientôt aux Britanniques de décider du Brexit, mais qu'en pensent les autres peuples européens ? Le point sur l'Allemagne.
La stratégie d'Angela Merkel serait de rassurer tout le monde.
Journaliste Der Spiegel
Conciliante, voir complaisante face aux demandes de David Cameron.
Depuis le début, la Chancelière allemande, Angela Merkel a apporté son soutien à un accord européen sur mesure pour éviter la sortie du Royaume-Uni. Or, sans se prononcer directement sur le résultat du référendum sur le Brexit, Angela Merkel a fait savoir sa préférence à plusieurs occasions.
“Il y a des signes, tout ceux qui sont ici, au G7, je pense, souhaite que la Grande-Bretagne reste au sein de l’Union européenne, mais ce doit être bien sûr aux électeurs britanniques d’en décider”. (27 mai, Japon)
“Concernant les relations commerciales qui sont importantes pour l’Allemagne, pour la Grande-Bretagne et pour nous tous, il faut dire qu’un pays seul ne peut pas faire aussi bien. Voilà pourquoi, je suis certaine que cela profite à tous, que cela profite au peuple britannique, d’arriver ensemble, unis, en tant qu’Union européenne, à une table de négociations. Ce sera mieux pour le peuple britannique, mieux que s’il arrivait seul de l’extérieur”. (2 juin, Berlin).
Entretien avec René Pfister, Der Spiegel
René Pfister travaille pour le magazine allemand d’informations, “Der Spiegel” à Berlin. Il a accepté de répondre aux questions de notre journaliste allemand Christophe Debets et de nous éclairer sur ce point.
“Alors quel résultat souhaiterait l’Allemagne ?“
D’abord, Angela Merkel a toujours un allié à Londres quand il s’agit de faire avancer des questions politico-économiques à Bruxelles. Par exemple, quand il est question de contracter des dettes ou d’opter pour une direction économique libérale, Merkel peut toujours compter sur le gouvernement britannique et elle aimerait que cela reste comme ça.
Ensuite, le Royaume-Uni était un empire, et grâce au Commonwealth, il a des contacts complètement différents des autres Etats européens. Il a un réseau différent de beaucoup d’autres en matière de politique étrangère. Berlin voudrait se pencher sur cela à l’avenir. Et bien sûr, le Royaume-Uni a une relation spéciale avec les Etats-Unis, et il y a donc un bon lien entre Bruxelles et Washington.”
“Vous avez dit plus tôt que le gouvernement allemand souhaite que le Royaume-Uni reste partie prenante de l’Union. D’autres partis politiques en Allemagne pensent-ils autrement ?“
“Et si on en arrivait au Brexit, comment l’Allemagne réagirait-elle ?“
Si les Britanniques décidaient de quitter l’UE, alors je pense que Merkel prendrait la tête d’un mouvement, qui d’un côté, regretterait ce choix, mais de l’autre, dirait que cela ne signifie pas pour autant la fin de l’Union européenne, elle continuerait de se battre pour l’union en Europe. Ce mouvement dirait que les conséquences du Brexit seront aussi faibles que possibles. La stratégie serait de rassurer tout le monde.”
“A quoi ressemblerait une Union européenne avec un Royaume-Uni qui dirait un petit oui pour en rester membre ? Les Allemands s’en inquiètent-ils ?“
La plus grande inquiétude à ce jour, c’est que ces questions profondes, qui divisent l’Europe, prennent de plus en plus d’importance et que nous ne puissions plus gérer la situation.
La question qui va continuer de nous occuper ces prochaines années, c’est : pouvons-nous parvenir, à nous tous, à un consensus pour cette Europe ?”
“Un Brexit pourrait être très coûteux pour l’Allemagne. Les 5 milliards d’euros de Londres manqueraient. L’Allemagne paie déjà 15 milliards d’euros. Payer plus ne ferait pas une grande différence, non ?!“