Espagne : Mariano Rajoy cité comme témoin au procès "du réseau Gürtel"

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Par Euronews
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Le chef du gouvernement espagnol va comparaître pour la première fois en tant que témoin dans un procès sur un réseau de corruption, fléau qui lui avait fait perdre la majorité absolue en 2015,

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Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy va comparaître pour la première fois en tant que témoin dans un procès sur un réseau de corruption, fléau qui lui avait fait perdre la majorité absolue en 2015, a-t-on appris mardi auprès du tribunal.

Il est cité comme témoin. La date n’a pas encore été fixée“, a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’Audience nationale, haut tribunal spécialisé notamment dans les affaires politico-financières.

Cette annonce a aussitôt fait les gros titres en Espagne où M. Rajoy préside le Parti populaire (PP, droite) depuis plus de 12 ans et le gouvernement conservateur depuis 2011.

C’est la première fois qu’un tribunal – par deux votes contre un – décide que M. Rajoy doit comparaître“, a expliqué à l’AFP l’historien et professeur de sciences politiques Ferran Requejo. “C’est un précédent important, a-t-il ajouté, parce que le PP est le parti éclaboussé par le plus grand nombre d’affaires de corruption“ en Espagne.

L’affaire Gurtel

Dans ce procès dit du réseau Gurtel, actuellement en cours dans la banlieue de Madrid, trente-sept personnes – dont plus de douze anciens élus et ex-responsables du PP – y sont jugées depuis octobre, soupçonnées d’avoir participé à un réseau sophistiqué de détournement de fonds publics entre 1999 et 2005.

Selon l’accusation, ce réseau était dirigé par l’homme d’affaires Francisco Correa qui versait des pots-de-vin et offrait d’importants cadeaux à des fonctionnaires et des élus, pour que ces derniers attribuent des marchés publics à certaines entreprises “amies”.

L’affaire “Gurtel” avait notamment entraîné la démission en 2014 de la ministre de la Santé Ana Mato, dont l’ex-mari – maire de la ville de Pozuelo de Alarcon entre 2003 et 2009 – est jugé pour avoir bénéficié des largesses du réseau. M. Correa avait notamment acheté pour lui une Jaguar.

Après plusieurs années en détention provisoire, M. Correa a longuement parlé devant les juges : si les entrepreneurs obtenaient un contrat, “ils nous passaient 2 à 3%” du montant, a-t-il dit. Il avait auparavant affirmé avoir remis “en liquide” ces commissions à un trésorier du PP, Luis Barcenas, après avoir prélevé sa part.

De son côté, M. Barcenas avait admis en janvier que le parti disposait de “ressources qui n’apparaissaient pas dans sa comptabilité officielle”.

M. Rajoy, quant à lui, n’a jamais assumé de responsabilité dans cette affaire Gurtel. Mais, dans un entretien télévisé en 2016, il avait regretté avoir envoyé en 2013 un sms disant : “Luis, sois fort“ à M. Barcenas, qui venait d‘être mis en cause pour ses comptes en Suisse abritant des dizaines de millions d’euros.

M. Rajoy va (au procès) comme témoin parce que le parti conservateur a de la corruption plein ses valises“, a commenté mardi à la télévision Cuatro Fernando de Paramo, porte-parole du petit parti centriste Ciudadanos, pourtant allié du gouvernement.

La corruption en Espagne

Les multiples scandales de corruption affectant le PP avaient contribué à lui faire perdre la majorité absolue aux législatives de décembre 2015 et à faire entrer au Parlement deux nouveaux partis, Ciudadanos et Podemos.

La corruption a également touché pendant ces années le Parti socialiste, des syndicats et jusqu’au beau-frère du roi, récemment condamné pour des détournements de fonds publics.

L’Espagne est à la 41e place sur 176 dans le dernier indice sur la perception de corruption de Transparency international, son pire classement.

Avec agence (AFP)

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