Brésil : des poupées Barbie contre Bolsonaro

Brésil : des poupées Barbie contre Bolsonaro
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Par Maxime Bayce
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Des poupées blondes, blanches et belles pour se moquer, au troisième degrès, de la rhétorique de Jair Bolsonaro.

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Elle est belle, elle est blonde, fine...mais mesure trente centimètres et est en plastique. La poupée Barbie est devenue la star des réseaux sociaux dans la dernière ligne droite de la présidentielle brésilienne.

Alors que Jair Bolsonaro, le candidat d’extrême droite, est toujours largement en tête du second tour, la poupée américaine est détournée sur Instagram et Facebook. Les opposants à l'ex militaire en ont fait une figure caricaturale, incarnation de l’électeur du parti social libéral (PSL).

Aisé, réactionnaire, homophobe et  moralisateur selon le compte, Barbie Fascionista - 105 000 followers - l’un de ceux à l’origine du mouvement.

Contraction de fashionista et fascista, Barbie Fascionista dénonce, au troisième degrés, la culture de l’assistanat développé par le Parti des Travailleurs (PT). Un argument courant dans la bouche de Jair Bolsonaro qui veut revenir sur la politique de quotas raciaux à l’université mise en place sous Lula. Le Brésil "n'a pas de dette" envers les Noirs, a-t-il ainsi déclaré fin juillet, lors d’un entretien à la télévision publique.

Traduction : Des privilèges ? Je travaille depuis mes 16 ans. Travaillez et les opportunités viendront.

Une rhétorique courante parmi la classe supérieure brésilienne majoritairement blanche, une tranche de la population particulièrement attirée par le discours de Bolsonaro. Selon un sondage Ibope/Estado/TV Globo, le probable vainqueur du second tour, séduit 72% de ceux gagnant cinq fois le salaire minimum. Ce chiffre s’effondre chez les plus pauvres, où ils ne sont que 42% à vouloir voter en sa faveur.

Autre obsession des partisans de Jair Bolsonaro et des Barbies Instagram : le Venezuela. Le voisin en crise fait figure de repoussoir chez des électeurs effrayés que le Brésil se transforme en état socialiste.

Fernando Haddad a été la cible de nombreuses critiques en raison du soutien du PT aux gouvernements de gauche du Venezuela. En août, il a affirmé que le Venezuela ne pouvait pas être considéré comme une démocratie en raison de ses conflits internes et qu'il refuserait s'il était élu de soutenir des régimes autoritaires. Mais il ne s'est jamais démarqué clairement du gouvernement Maduro.

Homosexualité, fake news, culte de la dictature, tous les marqueurs de la campagne de Bolsonaro sont tournés en dérision par les auteurs de ces comptes instagram. Le compte Barbie et Ken Citizens of Well, par exemple, crée des captures d'écran de ces mèmes et les partage avec leurs 283 000 abonnés sur Facebook. Et chacun de ces messages est ensuite repartagé des milliers de fois.

D’après le quotidien Folha de Sao Paulo, qui s’est intéressé au phénomène, ces montages devenus viraux s’inspirent de blogueurs connus au Brésil qui se sont engagés en faveur du candidat du PSL. Des personnalités issues des quartiers chics des grandes villes brésiliennes qui étalent sur le web leur réussite et leur goût de l’argent.

Reste que ce mouvement ne s’adresse qu’à une frange très restreinte de la population brésilienne. A peine 60% de la population utilisait internet en 2016, selon une étude de Forrester research.

Les derniers sondages donnent Jair Bolsonaro largement en tête. Le 25 octobre, l’institut Datafolha, le créditait de 56% d’intentions de vote face au candidat du PT, Fernando Haddad, estimé à 44%.

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