Le chanteur Christophe emporté par une infection pulmonaire

Le chanteur Christophe le 11 décembre 2019
Le chanteur Christophe le 11 décembre 2019 Tous droits réservés Joël Saget, AFP
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Le chanteur Christophe, auteur d'Aline et des mots bleus est mort des suites d'une maladie pulmonaire sans que l'on sache s'il s'agit du Covid-19.

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Le chanteur Christophe, dandy décalé de la chanson française, est mort jeudi à 74 ans des suites d'une maladie pulmonaire.

"Christophe est parti. Malgré le dévouement sans faille des équipes soignantes, ses forces l'ont abandonné. Aujourd'hui, les mots se lézardent... et tous les longs discours sont bel et bien futiles", ont écrit Véronique Bevilacqua, épouse du chanteur, et sa fille Lucie dans un communiqué.

Daniel Bevilacqua, de son vrai nom, avait été hospitalisé et admis en réanimation le 26 mars dans un hôpital parisien pour une insuffisance respiratoire, avant d'être transféré par la suite à Brest, où il est resté plusieurs jours "intubé sous sédation profonde" a précisé Véronique Bevilacqua.

Elle n'a pas confirmé si l'emphysème, une maladie pulmonaire, qui l'avait emporté était une suite du Covid-19. Le Parisien avait affirmé au moment de l'hospitalisation de Christophe que celui-ci avait été testé positif au coronavirus, ce que le producteur du chanteur n'avait pas confirmé non plus.

"Plus que jamais les mots bleus"

Les réactions du monde de la culture n'ont pas tardé. Jean-Michel Jarre notamment a déclaré qu'il avait "perdu un membre" de sa "tribu" : "C'était plus qu'un chanteur, c'était un couturier de la chanson". Jean-Michel Jarre avait écrit les textes de deux des ses albums majeurs sur lesquels se trouvaient ses grands succès, "Les Paradis Perdus" en 1973 et "Les Mots bleus" en 1974. Le musicien se désole des circonstances de ce deuil qui lui sont très douloureuses: "On ne peut pas lui dire au revoir à cause de ce putain de virus".

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Mon copain...😢🙏#Christophe

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Le ministre de la Culture français, Fracnk Riester, lui a aussi rendu hommage sur Twitter : "Avec la disparition de Christophe, la chanson française perd une part de son âme, mais le bleu doux-amer de ses chansons est indélébile".

Christophe, etc.

Énigmatique et lunaire, Christophe occupait une position unique dans la chanson française, à la fois ex-yéyé et musicien expérimental vénéré par la jeune garde.

"Aline", tube instantané, datait de 1965, mais le moustachu aux cheveux mi-longs était toujours dans l'air du temps et son aura incomparable intacte. Ses récents albums "Christophe, etc", volumes 1 et 2, sortis l'an passé, où il reprenait ses standards avec des interprètes de toutes générations, sont là pour le prouver. Le casting du premier volet comptait Étienne Daho, Camille ou encore Sébastien Tellier ; le second invitait Arno, Laetitia Casta ou Jeanne Added.

Pour parler de ses créations, celui que son amour de la vitesse avait privé de permis depuis longtemps conviait les journalistes au coeur de la nuit dans son appartement-musée, entre sa collection de juke box et sa table de poker.

"Il vivait confiné avant l'heure (rires), se souvient Jean-Michel Jarre. Quand on travaillait ensemble, on passait les nuits en studio, pendant 3-4 mois, à la recherche du son ultime".

"Kamikaze du son"

La découverte d'Elvis et du blues de John Lee Hooker, Sonny Boy Williamson ou Lightin' Hopkins, fut un choc pour cet admirateur de Brassens.

Au début des années 60, il fonde son premier groupe, Danny Baby et les Hooligans, et enregistre son premier disque pour l'incontournable Golf Drouot. "Reviens Sophie" est un flop. Son deuxième essai, en 1965, est un coup de maître : "Aline" devient l'un des tout premiers slows de l'été. Mais le jeune homme qui voulait travailler chez Cardin se sent vite à l'étroit dans le costume des yéyés.

Accompagné d'un jeune parolier du nom de Jean-Michel Jarre, arborant désormais moustache et cheveux longs, il publie en 1973, puis 1974, deux albums fondateurs : "Les paradis perdus" et "Les mots bleus".

Sa voix aiguë commence à se poser sur ce qui deviendra l'instrument de prédilection de ce "kamikaze du son" : le synthétiseur. Une passion qui culminera en 1996 avec le très expérimental "Bevilacqua".

Le chanteur trouve son style, entre dandy crooner et expérimentations inspirées du rock anglo-saxon. Il sera à son apogée en 1978 avec "Le beau bizarre", considéré comme son plus grand disque par la critique. A partir des années 80, ce cinéphile épris de vitesse et de belles cylindrées - ce qui lui vaudra un retrait de permis - ralentit son rythme de travail. Il alterne longues éclipses et période de créativité musicale.

Rétif à toute notion de carrière, il déserte la scène pendant 27 ans. Quand il y revient en 2002, dans la foulée de l'album "Comm' si la terre penchait", c'est avec un spectacle mêlant la musique, des chorégraphies signées Marie-Claude Pietragalla et des numéros de magie. Une esthétique à son image, à part.

Avec son sens de la formule, il résumait ainsi les affres de l'écriture musicale : "Je connais mes hauts et mes bas, j'ai eu des beaux bas". Infatigable, il travaillait déjà sur "un nouvel album original, dix chansons, pas plus".

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