Covid-19 : le Brésil est le deuxième pays recensant le plus de cas au monde

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Par Euronews avec AFP
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Alors que le Brésil est durement frappé par le #COVID19, le président Bolsonaro continue les bains de foule.

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Le nouveau coronavirus poursuit son inexorable avancée en Amérique latine, devenue à son tour "épicentre" de la pandémie, en particulier au Brésil le deuxième pays recensant le plus de cas au monde derrière les Etats-Unis.

Au cours des dernières 24 heures, 965 décès ont été enregistrés dans le pays, un chiffre qui était au dessus de 1 000 depuis plusieurs jours. À 19 heures samedi heure locale, le Brésil enregistrait 22 013 décès, plaçant le pays à la sixième place au niveau mondial. Avec un total de 347 398 contaminations, il a désormais remplacé la Russie en deuxième position du bilan du nombre de cas recensés.

Washington va interdire les voyages avec le Brésil (conseiller)

Les Etats-Unis vont annoncer une interdiction des voyages en provenance du Brésil, devenu l'un des pays les plus touchés au monde par la pandémie de coronavirus, a indiqué dimanche le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O'Brien. "Je pense que nous allons avoir une nouvelle décision aujourd'hui liée aux voyages vis-à-vis du Brésil, comme nous l'avons fait avec le Royaume-Uni et l'Europe et la Chine, et nous espérons que ce sera temporaire", a dit à CBS le responsable, dont le pays a lui-même enregistré près de 100.000 décès dus au virus.

"Mais à cause de la situation au Brésil, nous allons prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le peuple américain", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont déjà suspendu les voyages en provenance de Chine, de la plupart des pays de l'Union européenne et du Royaume-Uni, au fur et à mesure de la propagation du nouveau coronavirus.

Cancer et pandémie, le double combat du maire de Sao Paulo

Le maire de Sao Paulo, Bruno Covas, doit mener deux combats de front : contre un grave cancer et contre la pandémie de coronavirus qui fait des ravages dans la plus grande mégalopole d'Amérique latine. Confiné dans son bureau à la mairie, où il a installé un lit et une table de nuit, le jeune édile de 40 ans veut être disponible 24h/24h pour s'occuper de la crise sanitaire qui touche ses 12,2 millions d'administrés.

L'an dernier, le diagnostic est tombé : cancer du tube digestif. Après de longues séances de chimiothérapie, il a dû débuter l'immunothérapie le 26 février, le jour où Sao Paulo a recensé le premier cas confirmé de Covid-19 au Brésil.

"Je n'ai jamais pensé à quitter mon poste, parce qu'à aucun moment les médecins ne l'ont jugé nécessaire", explique le quadragénaire lors d'un entretien avec l'AFP. Bruno Covas ne quitte pratiquement jamais la mairie, installée dans un imposant immeuble de 15 étages entouré d'arbustes et de plantes. Divorcé, il reçoit la visite de son fils de 14 ans plusieurs fois par semaine. Il ne sort que pour se rendre dans des hôpitaux ou pour des réunions avec le gouverneur de l'Etat de Sao Paulo, Joao Doria, qui est aussi son prédécesseur.

Aux prises avec Bolsonaro

Pâle, maigre, totalement chauve, vêtu d'un pull-over noir, avec un masque assorti lui barrant le visage, il puise sa force dans une volonté de fer d'endiguer une pandémie qui a fait déjà plus de 3 000 morts dans sa ville, plus de 20 000 dans tout le pays. À chaque conférence de presse, le message "#Fique em casa" (restez chez vous) est collé au pupitre, même si le maire admet une certaine frustration face à la réticence de nombreux habitants face aux mesures de confinement.

Ces mesures ne sont pas coercitives et consistent surtout en la fermeture des commerces considérés non essentiels, seuls les supermarchés et les pharmacies restant ouverts. Le taux de confinement mesuré à partir du signal de téléphones mobiles tourne péniblement autour des 50%, alors que l'objectif était de dépasser les 70%. Mais Bruno Covas trouve tout de même "gratifiant que près de 6 millions" de ses administrés acceptent de rester chez eux.

"Nous sommes déjà confinés depuis près de deux mois, chaque jour de plus est un sacrifice qu'on demande à la population", poursuit l'édile, dont les efforts sont constamment sapés par les appels répétés au déconfinement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro.

"Le président ne suit aucune directive médicale, mais veut imposer par décret l'usage de la chloroquine", dont l'efficacité contre le Covid-19 n'est pas prouvée scientifiquement. "Cela fait vraiment du tort au pays", lâche-t-il. "Le virus n'est pas de droite ni de gauche, c'est une réalité scientifique qu'il faut affronter", insiste le maire.

Le virus n'est pas de droite ni de gauche, c'est une réalité scientifique qu'il faut affronter.
Bruno Covas
Maire de Sao Paulo

Il juge néanmoins "impossible" de décréter un confinement total dans sa ville sans un consensus total avec les autorités de l'Etat de Sao Paulo, le plus riche et le plus peuplé du pays, et les maires des villes voisines.

Course aux lits d'hôpitaux

Malgré sa jeunesse, il est loin d'être un novice. Petit-fils de Mario Covas (1930-2001), figure politique de grande envergure à Sao Paulo et à l'échelle nationale, Bruno Covas a obtenu son premier mandat à 26 ans, se faisant élire député régional pour le parti de centre droit PSDB, de l'ex-président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).

En 2016, il a été élu vice-maire aux côtés de Joao Doria, qui lui a cédé la place en avril 2018, pour briguer le poste de gouverneur. Même si Sao Paulo est le principal foyer du virus au Brésil, Bruno Covas considère que la mégalopole "traverse la crise dans une meilleure situation que d'autres grandes capitales d'Etats" du pays.

D'après les derniers chiffres officiels, 88% des lits en réanimation sont occupés à Sao Paulo et sa banlieue, alors que d'autres grandes villes, comme Manaus (nord), ont déjà dépassé les 90% depuis plusieurs semaines.

Deux hôpitaux de campagne ont été installés par la mairie, l'un d'eux au stade de football Pacaembu, et le maire tente à présent d'obtenir des lits supplémentaires dans le privé.

"Certaines villes ne se sont pas occupées de leur population et ont dû ouvrir des fosses communes pour enterrer leurs morts", constate-t-il.

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