Neuf plaintes contre d’ex-ministres ont été jugées recevables par la commission d'enquête de la Cour de justice de la République. Selon l'avocat des médecins à l'origine de cette action, les autorités ont agi trop tard, et de manière délibérée.
Les attaques politiques laissent la place à la justice, en France, pour faire la lumière sur la gestion de la pandémie du Covid-19.
Depuis le début de la crise, 90 plaintes ont été déposées contre des membres du gouvernement, dont neuf ont été jugées recevables par la commission des requêtes de la Cour de Justice de la République. Une enquête judiciaire doit être ouverte à l'encontre des anciens ministres de la santé Olivier Véran et Agnès Buzyn, et de l'ex-locataire de Matignon Edouard Philippe. Tous trois sont accusés d'"abstention de combattre un sinistre". Un délit passible de deux ans de prison et de 30 000 euros d'amende.
Cette action judiciaire a été intentée par Fabrice Di Vizio, avocat d'un collectif de médecins.
"Madame Buzyn a clairement dit et répété plusieurs fois, en nuançant certes, mais elle n'a jamais nié, qu'elle a été la première à avoir la connaissance, qu'elle avait une intuition, et que cette intuition l'a conduite à avertir le président de la république, le premier ministre, à mettre en place des réunions de crise, mais sauf qu'on ne combat pas un sinistre avec des des réunions de crise et avec des mails au président de la république", estime Fabrice Di Vizio.
"En tout état de cause, la première diligence effectuée, Madame Buzyn le dira, c'est le 30 janvier", poursuit-il. "Avant le 30 janvier, il ne s'est rien passé, or, il y a ce laps de temps d'un mois qui va être le temps fatal, en fait, qui va être le temps dans lequel l'épidémie va s'installer, elle va effectivement prendre racine.
Le deuxième élément, si on va plus loin dans le temps, on va raisonnablement se poser la question de savoir pourquoi, à partir du moment où on va avoir des clusters dans l'Oise, on ne va pas appliquer les recommandations de l'OMS qui consistent à isoler. On ne va pas isoler fermement comme on l'a fait en Italie, par exemple, mais on va le faire de manière extrêmement poreuse.
Et dans un troisième temps, Monsieur Véran prend les commandes, effectue une première déclaration en disant que les masques sont commandés, sauf que l'on s'aperçoit que les masques n'arrivent pas. Il y a donc une volonté très claire de ne pas agir avec transparence et de ne rien communiquer.
A la commission d'enquête parlementaire, rien n'a été donné, on a demandé la preuve des commandes, la commission d'enquête a demandé la preuve des commandes, et on ne les a toujours pas fournies".
Trente-trois plaintes doivent encore être examinées par la Commission des requêtes de la Cour de Justice de la République.