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Margaritis Schinas : "L'UE n'est pas en train de perdre la bataille des vaccins"

Margaritis Schinas
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Par Efi Koutsokosta
Publié le Mis à jour
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Vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas appelle à une meilleure coopération internationale dans la fourniture de vaccins et estime que les objectifs européens fixés à cet été dans la lutte contre le Covid-19 sont atteignables.

Alors que l'Union européenne a du mal à accélérer les campagnes de vaccination contre le Covid-19, la Commission européenne vient de proposer un certificat vert numérique pour faciliter la reprise de la libre circulation dans l'UE avant l'été. Cela fait partie des sujets que nous avons abordés ce mercredi 17 mars avec le vice-président de la Commission Margaritis Schinas.

Efi Koutsokosta, euronews :

"On sait que ce certificat ne sera accordé qu'après vaccination avec l'un des produits validés par l'Agence européenne des médicaments (EMA). Qu'en est-il pour les États membres qui utilisent d'autres vaccins dont ceux provenant de Russie ou de Chine ? Est-ce que cela veut dire que les voyageurs de ces pays ne seront pas éligibles à ce certificat ?"

Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne :

"Il faut noter deux choses de ce point de vue. Premièrement, le certificat n'intègre pas uniquement une preuve de vaccination. Il attestera aussi d'un résultat négatif à un test PCR ou de la guérison du Covid-19 pour ceux qui ont déjà contracté le virus. Donc la vaccination n'est pas obligatoire. Pour pouvoir voyager, il faudra correspondre à l'un des trois cas de figure.

En ce qui concerne les vaccins qui n'ont pas été validés par l'EMA, la proposition dit effectivement qu'il faut donner la preuve d'une vaccination par les doses approuvées par l'EMA. Mais nous avons envisagé une option qui permettrait aux États membres qui ont autorisé des produits non validés par l'EMA, de les inclure dans un cas de figure apparenté, à savoir à la condition que l'État membre de destination reconnaisse le vaccin en question comme protection équivalente."

"Ce n'est pas un risque pour les citoyens de voyager avec le certificat européen, au contraire..."

Efi Koutsokosta :

"Et qu'en est-il pour les voyageurs venant de pays tiers qui n'auront pas accès à ce certificat européen ?"

Margaritis Schinas :

"Nous proposons de reconnaître les certificats délivrés par les pays tiers à condition qu'ils correspondent au même niveau d'information et de fiabilité que le nôtre. Je crois que c'est tout-à-fait faisable parce que de nombreux pays autour de nous utilisent des vaccins approuvés par l'EMA. Quand nous aurons avancé dans la reconnaissance des certificats délivrés par les pays tiers, inévitablement, nous devrons aussi revoir nos recommandations pour les voyages non essentiels en provenance de pays tiers."

Efi Koutsokosta :

"Évidemment, nous savons tous que le tourisme est un élément essentiel : certains États membres comme la Grèce, Chypre ou l'Italie dont l'économie dépend du tourisme veulent que ces certificats soient vite mis en place. Mais dans le même temps, alors que le nombre de contaminations reste très élevé à travers l'Europe et met les systèmes de santé sous pression, n'est-ce pas un peu prématuré ou trop optimiste de parler de tourisme et de certificats dédiés à cela ?"

Margaritis Schinas :

"Je ne pense pas que ce soit un risque pour les citoyens qui voyageront avec ce certificat d'être capables de prouver l'un de trois éléments que ce document leur demandera de cocher. Ce serait un risque que nous ayons des gens qui voyagent sans prouver l'un de ces trois cas de figure. Pour dire les choses autrement, si vous n'avez pas été vacciné, que vous n'avez pas de résultat négatif à un test PCR ou que vous n'avez pas guéri du Covid-19, alors il vaut mieux que vous ne voyagiez pas parce que vous présentez un risque potentiel pour les autres. Donc voyager avec ce certificat, on ne voit pas cela comme un risque. Au contraire, on voit cela comme un moyen d'atténuer les risques."

"Ce certificat européen est un instrument juridique contraignant"

Efi Koutsokosta :

"Mais ce certificat sera-t-il prêt pour cet été ? On a pu voir qu'en matière de coordination, l'Union européenne n'est pas très performante. On l'a vu avec les applications de traçage que les États membres ont mises en place chacun de leur côté. Pourquoi les choses fonctionneraient-elles mieux cette fois-ci ?"

Margaritis Schinas :

"Tout d'abord parce que c'est un instrument juridiquement contraignant. Il sera clairement intégré à la législation européenne. Ce n'est pas une recommandation. Deuxièmement, je pense qu'il y a une convergence de plus en plus grande au sein des États membres qui ont besoin de disposer d'un tel outil. Donc je crois que les bases sont là pour que l'on soit optimiste et pour que ce certificat soit prêt avant l'été."

Efi Koutsokosta :

"Quand précisément ?"

Margaritis Schinas :

"On peut dire que l'été débute le premier juin et on peut aussi penser au 17 mai qui est la date à laquelle nos amis britanniques ont annoncé qu'ils allaient reprendre les voyages internationaux. Je crois que ce sont des échéances réalistes que nous pouvons nous fixer."

Vaccins : "Il n'y a eu de la part des États-Unis et du Royaume-Uni, aucune exportation vers l'UE"

Efi Koutsokosta :

"La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a menacé d'interdire les exportations de vaccins, en particulier vers le Royaume-Uni. Y voyez-vous le signe que l'UE est en train de perdre la bataille des vaccins, en particulier face au Royaume-Uni ?"

Margaritis Schinas :

"Non, je ne crois pas que l'UE soit en train de perdre la bataille des vaccins. Je pense qu'il y a beaucoup de débats autour du programme de vaccination européen. Et je ne crois pas que la présidente se soit exprimée en termes d'interdiction. Selon moi, c'est une initiative de réciprocité qui doit être appréhendée en lien avec le régime d'autorisation des exportations mis en place depuis début février. Nous devons savoir combien de doses sortent de l'Union européenne et où elles sont acheminées. Cette connaissance nous permettra également d'évaluer si cela coïncide avec les obligations des pays tiers de fournir leurs produits aux marchés européens."

Efi Koutsokosta :

"Donc vous dites que le Royaume-Uni ne remplit pas ses obligations."

Margaritis Schinas :

"Oui. Je crois que tout le monde sait que jusqu'à présent, l'UE en tant qu'Union a autorisé l'exportation d'environ 40 millions de doses de vaccins dans le reste du monde, à 35 pays précisément. Cela fait partie de notre mode de vie européen, de qui nous sommes. Nous ne travaillons pas uniquement pour l'Europe, nous avons des obligations internationales. Mais tout le monde sait aussi que de la part des États-Unis et du Royaume-Uni, il n'y a eu aucune exportation vers l'Union européenne. Donc nous pensons que cela a du sens de combiner notre connaissance de la situation que nous avons déjà dans le cadre du régime d'autorisation d'exportation avec ce travail de réciprocité. Et il ne s'agit pas de fermer les portes, ni d'interdire, mais il faut voir cela comme une incitation à aller vers une coopération internationale."

AstraZeneca : "Ce qui nous manque d'un côté est en train d'être compensé par la fourniture de doses supplémentaires par d'autres laboratoires"

Efi Koutsokosta :

"Mais êtes-vous satisfait du rythme des vaccinations en Europe quand on le compare à la rapidité d'action que l'on voit par exemple au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en Israël ?"

Margaritis Schinas :

"Il y a eu un problème en Europe en début d'année quand pour l'un des vaccins validés par l'EMA, l'entreprise en question n'a pas réussi à faire correspondre ses obligations contractuelles et sa capacité à fournir les doses."

Efi Koutsokosta :

"Je suppose que vous faites référence à AstraZeneca. C'est ce groupe pharmaceutique qui a suscité le plus de controverses."

Margaritis Schinas :

"Oui. Nous sommes en contact permanent avec cette entreprise comme avec les autres. Et nous sommes très contents de voir que ce qui nous manque d'un côté est en train d'être compensé par la fourniture de doses supplémentaires par d'autres laboratoires. Donc je peux dire que les délais prévus sont en train d'être respectés et nos objectifs qui étaient de disposer de 300 millions de doses d'ici à la fin juin et d'avoir 70% de la population adulte dans l'Union vaccinés d'ici à cet été sont atteignables."

Journaliste • Efi Koutsokosta

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