Le président américain a déclaré que l'initiative coûterait 175 milliards de dollars (154 milliards d'euros) et qu'elle pourrait être achevée d'ici 2029. Les experts ont exprimé leur scepticisme à l'égard du calendrier et du coût du projet.
C'est un projet pharaonique que vient d'annoncer Donald Trump. Mardi 20 mai, le président américain a émis le souhait de construire un système de défense antimissile pour 175 milliards de dollars (environ 154 milliards d'euros).
Le milliardaire a également annoncé que ce ce "Golden Dome" (Dôme d'or, en français) pourrait être "pleinement opérationnel" d'ici 2029, soit à la fin de son mandat.
Cette annonce intervient environ quatre mois après que le Républicain a signé un décret ordonnant au Pentagone d'élaborer des plans pour défendre les États-Unis contre des attaques aériennes "dramatiques".
Pour l'instant, le projet de Donald Trump est encore flou, même si ce dernier a expliqué que le système impliquerait des technologies de "nouvelle génération". Il comprendrait des capacités terrestres et spatiales capables de détecter et d'arrêter les missiles "qu'ils soient lancés n'importe où dans le monde ou depuis l'espace". Le Dôme d'or pourrait ainsi intercepter des cibles lors de quatre stades différents : avant leur lancement, durant le premier stade du vol, à mi-parcours et dans les minutes précédant l'impact.
Le doute des experts
Selon certains experts, ce bouclier coûterait bien plus que 175 milliards de dollars et sa mise en œuvre prendra plus de quatre ans.
Selon le Congressional Budget Office, les seuls composants spatiaux du Dôme d'or pourraient coûter 542 milliards de dollars (soit 479 milliards d'euros) au cours des deux prochaines décennies. Donald Trump a d'ores et déjà demandé une première tranche de 25 milliards de dollars (22 milliards d'euros) pour le programme dans son projet de loi d'allègement fiscal actuellement en cours d'examen par le Congrès.
Entouré du secrétaire américain à la défense, Pete Hegseth, dans le bureau ovale, le président américain a fait l'éloge de cette initiative, qui constitue l'une de ses priorités depuis son retour à la Maison-Blanche.
Le Pentagone avertit depuis des années que les missiles les plus récents développés par la Chine et la Russie sont si avancés que des systèmes de défense nouvelle génération sont indispensables. L'année dernière, les États-Unis ont déclaré que la Russie était en train de mettre au point une arme nucléaire basée dans l'espace, capable de flotter pendant de longues périodes avant de libérer une rafale qui détruirait les satellites environnants.
Cette annonce a fait réagir la Chine et la Russie, qui ont assuré, dans une déclaration commune, que ce projet est "profondément déstabilisateur par nature". Selon Pékin et Moscou, Washington transformerait ainsi "l'espace en une arène pour la confrontation armée".
La réaction aurait été différente du côté du Canada. Donald Trump a assuré qu'Ottawa avait exprimé son intérêt pour ce projet.
Inspiré du "Dôme de fer" israélien
Pour son projet, Donald Trump s'est inspiré du système de défense israélien, qui a joué un rôle important dans la défense du pays contre les tirs de roquettes et de missiles de l'Iran et des groupes militants alliés.
Ce système sophistiqué, développé au fil des décennies avec le soutien capital des États-Unis, est capable de détecter les tirs entrants et de ne se déployer que si le projectile se dirige vers une zone habitée, une infrastructure militaire ou civile sensible.
Les dirigeants israéliens affirment que le système n'est pas sûr à 100 %, mais reconnaissent qu'il a permis d'éviter de graves dommages et d'innombrables victimes.
Le système israélien comprend plusieurs couches. L'"Arrow" permet d'intercepter des missiles à longue portée et fonctionne en dehors de l'atmosphère. Il a été utilisé pour neutraliser des missiles lancés par les rebelles houthis, au Yémen, soutenus par l'Iran.
La "Fronde de David" se concentre sur les missiles à moyenne portée, tels que ceux du Hezbollah libanais.
Le "Dôme de fer" est spécialisé dans l'interception de roquettes de courte portée. Il a intercepté des milliers de roquettes depuis sa mise en service au début de la dernière décennie, y compris des missiles lancés par le Hamas et le Hezbollah.
Israël développe désormais l'"Iron Beam", un nouveau système pour intercepter les menaces entrantes à l'aide de la technologie laser. Ce système est beaucoup moins coûteux que les trois premiers : chaque interception par le "Dôme de fer" coûte environ 50 000 dollars, jusqu'à 2 millions de dollars pour l'"Arrow" et la "Fronde de David". En revanche, les interceptions réalisées par l'"Iron Beam" ne coûteraient que quelques dollars chacune, selon les responsables israéliens.