En service depuis 2011, le Dôme de fer est la première ligne de défense d'Israël contre les roquettes. Nous nous sommes entretenus avec un expert pour comprendre le fonctionnement de ce système.
Pour repousser les roquettes, les drones et les missiles, le système de défense antimissile d'Israël, baptisé, "Dôme de fer", est devenu la pierre angulaire de la sécurité de l'Etat hébreu, depuis son déploiement en 2011.
Développé par l'entreprise publique de défense israélienne, "Rafael", il s'est avéré particulièrement efficace au fil des années. Les autorités israéliennes affirment que cette technologie militaire atteint un taux de réussite de 90 % dans l'interception des roquettes ennemies.
Comment fonctionne ce Dôme de fer ?
Chaque batterie du Dôme de fer, dont on pense qu'il y en a au moins dix en activité sur le territoire israélien, comporte trois éléments. Le premier est un radar qui détecte et piste les roquettes en approche. Ensuite, un centre de commande et de contrôle, sorte d'ordinateur, qui lorsqu'il reçoit les données du radar, détermine la localisation du futur point d'impact des roquettes. Si l'impact se produit dans un lieu peuplé, un lanceur est activé. Un missile intercepteur, "Tamir", est alors déclenché par un tireur, pour intercepter la roquette en vol.
Ce Dôme de fer est conçu pour intercepter des fusées d'une portée comprise entre 4 et 70 km.
Quelle est l'efficacité du Dôme de fer ?
Malgré le taux de réussite de 90 % avancé par les responsables militaires israéliens, Jean-Loup Samaan, chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient de l'université de Singapour, estime que l'efficacité du Dôme de fer est "très controversée".
"La raison en est qu'en fin de compte, nous devons nous fier à des estimations et à des données, qui sont celles du gouvernement israélien", explique-t-il, à Euronews Next.
"Jusqu'à présent, le gouvernement israélien a déclaré que l'efficacité du Dôme de fer était assez élevée. Il parle d'un taux d'interception de 90 %. La question est d'abord de savoir ce que ce taux d'interception signifie exactement", ajoute-t-il.
Jean-Loup Samaan souligne que le Dôme de fer n'intercepte ou ne détruit que les roquettes considérées comme menaçant les zones urbaines civiles.
"Si une roquette est envoyée de Gaza vers une zone non peuplée d'Israël, le Dôme de fer ne sera pas activé. Il est donc difficile de dire exactement ce qui se cache derrière ce taux d'efficacité de 90 %", affirme-t-il.
Jean-Loup Samaan avance également que le système n'a pas dissuadé le Hamas ou d'autres groupes militants palestiniens de lancer des attaques à la roquette contre le territoire israélien.
"Cela nous montre que le Dôme de fer est peut-être efficace d'un point de vue opérationnel, mais qu'il ne dissuade pas vraiment les organisations palestiniennes d'un point de vue stratégique", ajoute-t-il.
Comment le Dôme de fer est-il financé ?
Le maintien opérationnel du Dôme de fer a un prix élevé. Selon Jean-Loup Samaan, un seul des missiles intercepteurs, "Tamir", coûte environ 50.000 dollars (47.251 euros).
À l'origine, le financement du Dôme de fer était assuré par Israël, mais en raison du coût élevé du système, le pays a dû faire appel à son allié de longue date, les États-Unis.
Un rapport du service de recherche du Congrès américain indique que les États-Unis ont contribué à hauteur de près de 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) aux batteries du Dôme de fer, aux intercepteurs, aux coûts de co-production et à l'entretien général.
"À partir de 2016, les États-Unis et Israël ont considéré que le soutien à la défense antimissile d'Israël, et en particulier au développement et à la production du Dôme de fer, était un élément central de la relation bilatérale", explique Jean-Loup Samaan.
"L'idée était qu'Israël était capable de trouver une technologie capable de protéger son territoire, mais qu'il avait besoin du soutien financier des Etats-Unis pour maintenir cette capacité", précise-t-il.