Le Dôme de fer : comment fonctionne le système de défense antimissile israélien ?

Le système de défense aérienne israélien Iron Dome tire pour intercepter une roquette tirée depuis la bande de Gaza, à Ashkelon, Israël, mardi 17 octobre 2023.
Le système de défense aérienne israélien Iron Dome tire pour intercepter une roquette tirée depuis la bande de Gaza, à Ashkelon, Israël, mardi 17 octobre 2023. Tous droits réservés AP Photo
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Par Aisling Ní Chúláin
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Cet article a été initialement publié en anglais

En service depuis 2011, le Dôme de fer est la première ligne de défense d'Israël contre les roquettes. Nous nous sommes entretenus avec un expert pour comprendre le fonctionnement de ce système.

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Le 7 octobre, les militants du Hamas ont lancé des roquettes, depuis la bande de Gaza, en direction d'Israël, dans le cadre d'une attaque surprise.

Pour repousser les roquettes, le système de défense antimissile d'Israël, baptisé, "Dôme de fer", est devenu la pierre angulaire de la sécurité de l'Etat hébreu, depuis son déploiement en 2011.

Développé par l'entreprise publique de défense israélienne, "Rafael", il s'est avéré particulièrement efficace au fil des années. Les autorités israéliennes affirment que cette technologie militaire atteint un taux de réussite de 90 % dans l'interception des roquettes ennemies.

Comment fonctionne ce Dôme de fer ?

Chaque batterie du Dôme de fer, dont on pense qu'il y en a au moins dix en activité sur le territoire israélien, comporte trois éléments. Le premier est un radar qui détecte et piste les roquettes en approche. Ensuite, un centre de commande et de contrôle, sorte d'ordinateur, qui lorsqu'il reçoit les données du radar, détermine la localisation du futur point d'impact des roquettes. Si l'impact se produit dans un lieu peuplé, un lanceur est activé. Un missile intercepteur, "Tamir", est alors déclenché par un tireur, pour intercepter la roquette en vol.

Ce Dôme de fer est conçu pour intercepter des fusées d'une portée comprise entre 4 et 70 km.

Quelle est l'efficacité du Dôme de fer ?

Malgré le taux de réussite de 90 % avancé par les responsables militaires israéliens, Jean-Loup Samaan, chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient de l'université de Singapour, estime que l'efficacité du Dôme de fer est "très controversée".

"La raison en est qu'en fin de compte, nous devons nous fier à des estimations et à des données, qui sont celles du gouvernement israélien", explique-t-il, à Euronews Next.

"Jusqu'à présent, le gouvernement israélien a déclaré que l'efficacité du Dôme de fer était assez élevée. Il parle d'un taux d'interception de 90 %. La question est d'abord de savoir ce que ce taux d'interception signifie exactement", ajoute-t-il.

Jean-Loup Samaan souligne que le Dôme de fer n'intercepte ou ne détruit que les roquettes considérées comme menaçant les zones urbaines civiles.

"Si une roquette est envoyée de Gaza vers une zone non peuplée d'Israël, le Dôme de fer ne sera pas activé. Il est donc difficile de dire exactement ce qui se cache derrière ce taux d'efficacité de 90 %", affirme-t-il. 

Jean-Loup Samaan avance également que le système n'a pas dissuadé le Hamas ou d'autres groupes militants palestiniens de lancer des attaques à la roquette contre le territoire israélien.

"Samedi 7 octobre, le Hamas a tiré plus de roquettes que pendant les dix derniers jours du conflit entre le Hamas et Israël en 2021", assure le chercheur.

"Cela nous montre que le Dôme de fer est peut-être efficace d'un point de vue opérationnel, mais qu'il ne dissuade pas vraiment les organisations palestiniennes d'un point de vue stratégique", ajoute-t-il.

Comment le Dôme de fer est-il financé ?

Le maintien opérationnel du Dôme de fer a un prix élevé. Selon Jean-Loup Samaan, un seul des missiles intercepteurs, "Tamir", coûte environ 50.000 dollars (47.251 euros).

À l'origine, le financement du Dôme de fer était assuré par Israël, mais en raison du coût élevé du système, le pays a dû faire appel à son allié de longue date, les États-Unis.

Un rapport du service de recherche du Congrès américain indique que les États-Unis ont contribué à hauteur de près de 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) aux batteries du Dôme de fer, aux intercepteurs, aux coûts de co-production et à l'entretien général.

"À partir de 2016, les États-Unis et Israël ont considéré que le soutien à la défense antimissile d'Israël, et en particulier au développement et à la production du Dôme de fer, était un élément central de la relation bilatérale", explique Jean-Loup Samaan.

"L'idée était qu'Israël était capable de trouver une technologie capable de protéger son territoire, mais qu'il avait besoin du soutien financier des Etats-Unis pour maintenir cette capacité", précise-t-il.

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Reuters a rapporté jeudi que le président américain, Joe Biden, demanderait au Congrès une aide militaire supplémentaire de 14 milliards de dollars (13,2 milliards d'euros) pour Israël.

Craintes d'escalade

Au début du conflit actuel, le nombre de roquettes tirées par le Hamas sur Israël, estimé entre 2.200 et plus de 3. 000 (bien que le Hamas affirme en avoir tiré 5.000), semblait avoir submergé le système de défense aérien.

Toutefois, Jean-Loup Samaan souligne que le Hamas ne dispose pas d'un stock illimité de munitions.

"Je pense que dans les jours à venir, le Hamas aura du mal à maintenir sa capacité à tirer le même nombre de roquettes sur Israël", affirme-t-il.

La perspective d'une escalade régionale dans le conflit actuel est peut-être la plus grande préoccupation aujourd'hui, en ce qui concerne la capacité de Dôme de fer à continuer de protéger le territoire israélien.

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"L'une des raisons pour lesquelles Israël, et peut-être plus encore les États-Unis, veulent empêcher une escalade régionale est que le Hezbollah au Liban ne commence à s'impliquer dans le conflit, car  il dispose d'une puissance de feu bien plus importante que celle du Hamas", explique Jean-Loup Samaan.

"Il possède des centaines de milliers de roquettes. Le Hezbollah pourrait donc très rapidement submerger le Dôme de fer".

Plus de 1 300 Israéliens ont été tués lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre.

En réponse, Israël a ordonné un "siège complet" de la bande de Gaza et a bombardé l'enclave avec des frappes aériennes.

Les experts de l'ONU ont soulevé de "graves préoccupations humanitaires et juridiques" concernant le siège, les habitants de Gaza étant privés de nourriture, d'eau, d'électricité et de carburant.

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 Plus de 4.400 personnes ont été tuées à Gaza.

Pour en savoir plus sur cette histoire, regardez la vidéo dans le lecteur média ci-dessus.

Video editor • Aisling Ní Chúláin

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