À l'aube du 20 juillet 1974, la première partie de l'invasion turque commence avec un débarquement à Kyrenia, qui prend de court les forces chypriotes grecques, mal préparées et sous-équipées.
Le matin du 20 juillet 1974, le son des sirènes réveille toute l'île de Chypre. Il marque le lancement de l'invasion turque de l'île, qui va conduire un mois plus tard à l'occupation de 36 % du territoire chypriote, qui se poursuit encore aujourd'hui.
Chypre est le seul pays de l'Union européenne sous occupation étrangère.
L'origine du conflit
Il y a 51 ans jour pour jour, les forces armées turques débarquent à Kyreni, soutenues par des frappes aériennes, tandis que des milliers de parachutistes débarquent sur le sol chypriote.
La Turquie continue de prétendre qu'il ne s'agissait pas d'une invasion, mais d'une intervention pacifique visant à rétablir l'ordre constitutionnel et à protéger les Chypriotes turcs.
Cinq jours auparavant, la Turquie avait trouvé le prétexte idéal : la junte grecque a renversé par un coup d'État le président de Chypre, l'archevêque Makarios, qui s'est enfui par Paphos et est arrivé à New York où il a dénoncé l'invasion de la dictature des colonels et l'intention de s'unir à la Grèce.
Certains affirment que ce discours de Makarios a donné aux Turcs l'impulsion nécessaire pour envahir Chypre, mais les préparatifs militaires avaient déjà été effectués par Ankara puisque l'invasion a eu lieu le lendemain matin.
Une lutte inégale
Les Grecs étant pris au dépourvu, les envahisseurs turcs avancent avec une grande facilité. Sous le commandement du général Nuretin Ersin, plus de 40 000 soldats turcs envahissent Chypre.
Les unités de la Garde nationale et de l'ELDYK, mobilisées quelques heures après le début de l'invasion, commencent alors à se battre tant bien que mal, sans couverture aérienne et avec un armement obsolète. On estime qu'environ 12 000 hommes se trouvent alors sous le commandement du général de brigade Michael Georgitsis, qui a dirigé le coup d'État contre Makarios.
Dans le même temps, la population chypriote grecque commence à se mobiliser et à participer à la lutte, tirant depuis les toits de leurs maisons contre les parachutistes qui envahissent le pays. Mais la bataille est inégale et la trêve conclue quelque 24 heures plus tard, alors que la Turquie ne détient que 3 % de Chypre, n'est finalement que temporaire.
En août, Ankara porte le coup de grâce en lançant la deuxième phase de son invasion, baptisée Attila II, ignorant les résolutions de l'ONU et occupant la partie nord de l'île, qu'elle contrôle encore aujourd'hui.
Violations des droits de l'Homme, de part et d'autre
Les Nations unies et la Commission européenne des droits de l'Homme ont depuis condamné la Turquie à de nombreuses reprises pour des déplacements et des implantations assimilables à un nettoyage ethnique, pour avoir empêché les réfugiés chypriotes grecs de rentrer chez eux dans les territoires occupés et pour bien d'autres préjudices.
La partie chypriote grecque a également été condamnée pour les atrocités commises à l'encontre des Chypriotes turcs, notamment pour le massacre de Marátha, de Santaláris et d'Alóda lors de la deuxième invasion turque en août.
Jusqu'à aujourd'hui, les quelque 2000 personnes disparues dans ces exactions jettent toujours un voile noir sur l'histoire de Chypre.
Les pourparlers visant à résoudre le problème chypriote n'ont toujours pas abouti après cinq longues décennies et certains craignent qu'ils ne progressent jamais.