L'entrée en vigueur d'une liste de contre-mesures contre les droits de douane américains a été reportée afin de laisser le temps aux États membres de l'UE de mener des discussions entre eux. La Commission attend la prochaine action de Washington avant de réviser sa réponse globale.
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L'exécutif européen reporte à la mi-avril une série de droits de douane de rétorsion sur des produits américains, dont les emblématiques bourbons.
En annonçant cette décision le jeudi 20 mars, la Commission a déclaré qu'elle souhaitait disposer de plus de temps pour consulter les gouvernements et permettre à toutes les contre-mesures - la première série qui devait entrer en vigueur le 1ᵉʳ avril et la seconde prévue pour la mi-avril - d'être évaluées ensemble.
Le président Trump a menacé le secteur européen des vins et spiritueux d'un droit d'importation colossal de 200 % immédiatement après que l'UE a dévoilé ses listes le 12 mars, en représailles à un prélèvement de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis.
Le commissaire au commerce, Maroš Šefčovič, a cherché à rassurer les eurodéputés jeudi, alors qu'ils mettaient en garde contre les dommages potentiels pour les producteurs de boissons européens. "Nous comprenons bien sûr clairement cette préoccupation, nous sommes en contact et avons parlé à l'industrie des spiritueux", a déclaré le commissaire slovaque. "C'est pourquoi nous avons fusionné les deux listes, afin de pouvoir mener davantage de consultations à ce sujet".
Les contre-mesures européennes comprennent une liste de produits américains établie lors d'un précédent conflit commercial pendant le premier mandat de Trump, qui a déjà été approuvée par les gouvernements de l'UE. Une deuxième liste de produits devrait entrer en vigueur à la mi-avril après son adoption par les États membres.
En réponse aux demandes des industries concernées, l'ensemble du paquet sera désormais traité comme un tout, ce qui permettra de repenser éventuellement la liste précédente, en vue d'une entrée en vigueur à la mi-avril. L'Italie, la France et l'Espagne figurent parmi les cinq premiers exportateurs de vin vers les États-Unis, et la nouvelle approche pourrait jouer en leur faveur.
"Il serait préférable que la Commission adopte une approche plus globale et stratégique", a déclaré à Euronews un représentant de l'industrie européenne des vins et spiritueux. "Nous n'avons aucun intérêt à une guerre commerciale, ce serait mauvais pour l'ensemble de l'économie".
Washington devrait dévoiler de nouveaux droits de douane américains dans une quinzaine de jours, l'administration Trump signalant qu'ils constitueront une réponse " réciproque " à ce qu'elle considère comme des barrières commerciales de l'UE. M. Šefčovič a déclaré qu'il souhaitait voir le prochain geste des États-Unis avant que Bruxelles puisse " calibrer [sa] réponse en conséquence".
En attendant, il espère que le gouvernement américain est ouvert à la négociation. "Les États-Unis prévoient d'imposer des droits de douane réciproques le 2 avril", a déclaré M. Šefčovič. "Pour eux, cela devrait servir de base pour redéfinir et reconstruire les relations commerciales des États-Unis avec le reste du monde. Ce n'est qu'à ce moment-là que les partenaires pourront s'engager dans d'éventuelles négociations".
M. Šefčovič s'est rendu à Washington en février pour rencontrer le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick. Jeudi, le commissaire a indiqué aux députés que les discussions en cours couvraient cinq domaines : les voitures, les puces, le bois, l'acier et l'aluminium, ainsi que les produits pharmaceutiques.
En ce qui concerne les voitures, il a suggéré d'engager des discussions sur la reconnaissance mutuelle des normes de certification. "Mais nous n'en sommes pas encore là", a déclaré M. Šefčovič, expliquant que la partie américaine était pour l'instant préoccupée par les préparatifs du 2 avril. "Pour toutes ces discussions, il faut un partenaire ; il faut être deux pour danser le tango".