Les vignobles français sont en crise. La proposition du gouvernement de fixer un prix minimum pour l'alcool risque encore d'aggraver la situation.
Des milliers de viticulteurs se sont rassemblés à Narbonne, dans l'Aude, le 25 novembre pour protester contre la baisse de leurs revenus et la proposition du gouvernement d'instaurer un prix minimum pour l'alcool.
Les tensions sont vives dans les vignobles français depuis la pandémie de Covid-19, avec une baisse de la demande de vins français et une augmentation des coûts liée à la guerre en Ukraine.
Aujourd'hui, une nouvelle préoccupation est apparue : un groupe de sénateurs de tous bords souhaite amender le projet de loi de finances du gouvernement en fixant un prix minimum légal d'environ 50 centimes d'euros par unité d'alcool pur.
Ainsi, une bouteille de "Les Talandières" à 2,49 € passerait à environ 4,69 €.
La proposition s'inspire d'une initiative similaire en Écosse, qui a introduit un prix unitaire minimum pour les boissons alcoolisées en 2018, ce qui a permis de réduire le nombre de décès liés à l'alcool.
La sénatrice Véronique Guillotin a déclaré qu'une augmentation du prix de l'alcool encouragerait la population à réduire sa consommation, ce qui permettrait de lutter contre les 42 000 décès liés à l'alcool estimés chaque année en France.
Le sénateur français Sébastien Pla a accusé les partisans d'un prix minimum de "prendre en otage le secteur du vin".
Cette dernière manifestation, menée par le syndicat des viticulteurs de l'Aude, fait suite à celle d'octobre 2023, au cours de laquelle les viticulteurs avaient brisé des dizaines de bouteilles de Freixenet et attaqué des camions de transport, déversant des flots de vin dans les rues au péage du Bolou, près de la frontière espagnole, pour manifester contre les importations de vin espagnol.
En novembre, le ministère français de l'agriculture a déclaré qu'il ouvrirait un fonds d'aide d'urgence de 20 millions d'euros pour les viticulteurs en difficulté dans tout le pays, reconnaissant la pression toujours plus forte des impacts économiques et environnementaux sur l'industrie.
Le gouvernement français a également investi 200 millions d'euros pour aider à gérer les excédents de vin, en les transformant en alcool industriel pour des produits non alimentaires.