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Mamma mia ! L'Italie sous le choc après la carbonara en boîte de Heinz

Le produit incriminé
Le produit incriminé Tous droits réservés Heinz
Tous droits réservés Heinz
Par Jonny Walfisz
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

Heinz a lancé son dernier produit - des spaghetti carbonara en conserve. Le plat devant être fait sur le moment et sur commande, et à partir d'ingrédients bien précis, toute l'Italie s'est emportée contre cette "atrocité".

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Les Italiens du monde entier à nouveau serrent en colère leurs fourchettes (et beaucoup, des couteaux) à propos de la dernière indignité imposée à leur "bella cucina" bien-aimée.

On aura tout vu : la carbonara en boîte.

Heinz, le géant américain de l'alimentaire célèbre pour son ketchup, ses spaghettis, ses soupes (bonjour, Andy Warhol !), ses fèves au lard et ses saucisses, a lancé son nouveau produit. Les spaghettis carbonara en boîte de Heinz devraient arriver dans les supermarchés britanniques ce mois-ci au prix de 2 livres sterling (2,37 euros).

L'entreprise décrit les "pâtes dans une sauce crémeuse avec de la pancetta" comme la "solution parfaite pour un repas rapide et satisfaisant à la maison". Sans surprise, l'annonce de la mise en conserve de l'un des plats nationaux les plus vénérés d'Italie pour en faciliter la consommation - principalement par les Britanniques, sans doute - a mis le feu aux poudres en Italie.

S'adressant au Times, Alessandro Pipero, chef du restaurant étoilé Pipero à Rome, a déclaré que les nouvelles pâtes en conserve étaient si abominables qu'elles équivalaient à de la "nourriture pour chats".

Le choc des Italiens face à ce que certains considèrent comme un crime alimentaire n'est toutefois pas nouveau. Il suffit de parcourir TikTok ou d'autres sites de médias sociaux pour trouver des tas d'Italiens réagissant avec une horreur abjecte chaque fois que la carbonara est dénigrée.

La liste des péchés capitaux de la carbonara est illimitée pour tout Italien de sang, mais on peut la réduire à trois classiques : l'utilisation d'un produit de porc qui n'est pas du guanciale (joue poivrée provenant d'une race très particulière de porcs), l'ajout d'ail et, ce qui est le plus pénible, l'ajout de crème.

Une carbonara traditionnelle (euh, en fait, oubliez le basilic)
Une carbonara traditionnelle (euh, en fait, oubliez le basilic)Canva

Avec sa sauce à la pancetta et à la crème, Heinz a enfreint au moins deux de ces règles. Elle a ajouté une transgression entièrement nouvelle en mettant la recette en boîte.

Tout chef italien digne de ce nom vous dira que la carbonara ne contient que cinq ingrédients : des pâtes (généralement des spaghettis ou des bucatini), du guanciale, du fromage pecorino romano, des jaunes d'œuf et du poivre noir.

Mais la liste complète des ingrédients de la "carbonara" par Heinz, à part d'assommer tout et chacun par sa longueur, aurait plongé un Italien dans un bain d'eau bouillante (comme il se doit pour les pâtes) :

Pâtes (45%, semoule de blé dur), eau, pancetta (1%, porc (95%), sel, épices, maltodextrine, dextrose, correcteurs d'acidité - citrate de sodium et carbonate de sodium, antioxydant - ascorbate de sodium, conservateur - nutrition de sodium, huile de tournesol fumée, arôme naturel), Maïzena, lait écrémé en poudre, mélange de fromages en poudre (1%, contient du lait), lait en poudre, sucre, huile de colza, sel, maïzena modifiée, stabilisateurs - polyphospates et phosphates de sodium, arôme naturel d'ail, poivre noir, extrait d'oignon, persil séché. Peut contenir : Sulfites.

Mais certains pensent que c'est là que les Italiens doivent faire preuve de réalisme, car, d'après certaines recherches, la carbonara n'est pas une recette sacrée gravée sur des tablettes de pierre il y a des siècles et qui ne peut jamais être réalisée d'une autre manière. Comme l'a souligné le professeur d'histoire de l'alimentation Alberto Grandi, la carbonara a en fait moins d'un siècle d'existence.

L'explication la plus convaincante de l'origine de la carbonara est qu'un cuisinier de l'armée italienne nommé Renato Gualandi a fusionné quelques autres recettes - notamment la pasta gricia, que l'on peut décrire comme une carbonara sans œufs - en 1944 pour un groupe de soldats américains, en profitant de l'accès des Américains à des ingrédients de haute qualité et, surtout, à des jaunes d'œufs en poudre.

Ah, là, c'est toute une autre affaire !
Ah, là, c'est toute une autre affaire ! Canva

Mais à qui appartient cette carbonara ?

La plus ancienne recette de carbonara ne vient même pas d'Italie. Elle provient d'un livre de cuisine de Chicago datant de 1952, dans lequel on trouve du bacon à la place du célèbre guanciale.

Pourtant, les Italiens n'hésitent pas à défendre leur célèbre plat en affirmant que le cacio e uova, une pâte napolitaine à base de saindoux fondu, d'œufs crus battus et de fromage, décrite dans le livre de cuisine napolitain d'Ippolito Cavalcanti de 1839, est le véritable précurseur de la carbonara.

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En outre, des publications nationales comme La Stampa ont mentionné la carbonara dès 1950, souvent comme un plat romain apprécié des soldats américains.

Mais est-ce un problème si Heinz veut mettre des spaghettis à la carbonara dans une boîte de conserve ? De toute évidence, le nouveau produit est populaire. Selon le site web de Heinz, il est déjà en rupture de stock.

En outre, au fil des ans, les recettes ont ajouté et retranché des ingrédients à leur guise. Certains, comme Grandi, pensent qu'il faut plutôt critiquer l'approche italienne de son patrimoine culinaire et culturel, qui consiste à ossifier les ingrédients et le style de cuisson d'un plat.

Si les États-Unis veulent créer une version abordable et facile à préparer des spaghettis carbonara qui n'ont pas besoin d'être fidèles à leurs racines, qui sont les Italiens pour les en empêcher ? Après tout, les Américains ont tout autant contribué à l'invention de ce plat.

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Donc, de là, en faire tout un plat...

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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