L’UE se rend en Ukraine pour un sommet pour évoquer l’intégration européenne de Kyiv

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen Tous droits réservés AP
Par Alice Tidey
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La Commission européenne rencontre jeudi le gouvernement ukrainien, avant un sommet vendredi entre l’UE et l’Ukraine. Les 27 veulent réaffirmer leur soutien à Kyiv mais devraient doucher les espoirs d’une procédure d’adhésion accélérée.

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La présidente de la Commission européenne et plus d'une partie de son équipe se rendent jeudi à Kyiv pour rencontrer le gouvernement ukrainien. L’objectif est d’évoquer les moyens de renforcer les liens entre les deux partenaires et d'envoyer un nouveau signal fort de soutien.

Le déplacement d’Ursula von der Leyen et de 15 de ses Commissaires sera suivi vendredi d'un sommet UE-Ukraine au cours duquel le président du Conseil européen, Charles Michel, s'entretiendra avec Volodymyr Zelensky, le président ukrainien.

Ce sera la première fois que l'UE participera à un tel sommet dans une zone de guerre active. L'objectif est de montrer "la force du soutien indéfectible de l'Union européenne à l'Ukraine", souligne un fonctionnaire de l'UE aux journalistes.

Les Commissaires axeront leurs réunions avec les responsables ukrainiens sur "l'approfondissement de la coopération sectorielle dans les domaines concernés", ajoute-il.

"Il y aura des discussions essentielles pour déterminer quels sont les domaines prioritaires, compte tenu des circonstances, de la situation sur le terrain, pour savoir où concentrer le budget de la coopération humanitaire bilatérale pour cette année".

Un élan de réformes

L'UE et l'Ukraine sont actuellement liées par une zone de libre-échange approfondie et complète. De plus, Kyiv est également candidate à l'adhésion au projet européen. Pour devenir membre à part entière, le pays doit entreprendre un certain nombre de réformes afin de renforcer ses institutions et son État de droit, et de s'aligner étroitement sur la législation européenne.

L'Union, précise le fonctionnaire, prend "note de la dynamique de réforme en cours en Ukraine, en particulier dans le domaine de l'État de droit". Certaines des discussions entre la Commission et le gouvernement ukrainien porteront donc sur les efforts déployés récemment pour lutter contre la corruption et renforcer l'indépendance du système judiciaire.

Les autres rencontres porteront sur la manière de "poursuivre la suppression des barrières et des obstacles au commerce afin d'accélérer les flux d'exportations et d'importations entre l'UE et l'Ukraine", indique le fonctionnaire européen.

Les discussions viseront à renforcer l'alignement de la législation nationale dans plusieurs domaines clés, notamment les télécommunications, les services financiers, la sécurité des produits, la surveillance du marché, ainsi que les mesures sanitaires et phytosanitaires.

La poursuite du soutien financier, humanitaire et militaire devrait également être discutée. L'UE a jusqu'à présent affecté 60 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine, dont :

  • près de 12 milliards d'euros d'aide militaire

  • 38 milliards d'euros de soutien humanitaire et macrofinancier

  • 10 milliards d'euros destinés aux États membres pour faire face à l'afflux de réfugiés ukrainiens.

Les sanctions contre la Russie et les besoins de reconstruction de l'Ukraine sont également à l'ordre du jour.

Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, devrait quant à lui annoncer vendredi le doublement de l'objectif des 27 en matière de formation des troupes ukrainiennes. Il devrait passer à 30 000 hommes d'ici la fin de l'année. Le diplomate devrait aussi présenter une nouvelle enveloppe de 25 millions d'euros destinée à soutenir le déminage humanitaire des zones reconquises par les forces ukrainiennes.

Bruxelles et Kyiv devraient également soutenir la création d'un centre international pour la poursuite des crimes d'agression en Ukraine, qui serait établi à La Haye et dont l'objectif serait de coordonner les enquêtes sur les crimes commis en Ukraine par la Russie. Il s’agit aussi de préserver et de stocker les preuves en vue de futurs procès.

Les espoirs d'une adhésion rapide probablement réduits à néant

Mais l'un des messages de l'UE risque d'être amer pour l'Ukraine : il n'y aura pas de procédure accélérée pour la candidature de Kyiv à l'adhésion.

Le pays espère devenir membre à part entière de l'Union d'ici 2026, malgré les avertissements répétés, notamment du président français Emmanuel Macron, selon lesquels le processus d'adhésion peut prendre des "décennies".

La Commission travaille actuellement sur une évaluation technique du respect par l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie - également candidates depuis l'invasion russe du 24 février - des principaux critères d'adhésion, qui devrait être publiée dans le courant de l'année.

Un haut fonctionnaire de l'UE souligne aux journalistes que si les mesures prises par le pays dans les circonstances actuelles seront reconnues, les 27 ne s'écarteront pas de leur feuille de route sur l’élargissement pour l'Ukraine.

"Il est nécessaire d'appliquer une méthodologie considérable pour évaluer les progrès accomplis dans le cadre de ce qui est en fait un processus d'adhésion assez complexe dans chacun des secteurs de l'acquis", déclare le haut fonctionnaire européen.

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"Il est très difficile de raccourcir cette période et nous le ferons comme pour les autres candidats qui progressent de la même manière. Nous le ferons donc absolument avec encore plus d'efforts, bien sûr, avec l'Ukraine étant donné les circonstances actuelles, mais nous appliquerons la même méthodologie parce que je pense qu'il est important que la légitimité de la méthodologie soit maintenue", poursuit-il.

Les premières réunions de jeudi interviennent alors que la Russie célèbre le 80e anniversaire de la victoire soviétique de Stalingrad sur les forces nazies. Environ deux millions de personnes ont perdu la vie au cours de cette bataille qui a duré huit mois.

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