La situation militaire russe en Ukraine un an plus tard, "c’est une surprise"

L'armée ukrainienne résiste à l'offensive russe
L'armée ukrainienne résiste à l'offensive russe Tous droits réservés Vadim Ghirda/AP
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Par Stefan Grobe
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Le 24 février 2022 la Russie lançait une attaque militaire de grande ampleur contre l’Ukraine. Un an plus tard, les forces russes piétinent face à la résistance ukrainienne. Pour plusieurs observateurs, ce conflit révèle les faiblesses profondes de l’armée russe.

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Il y a un an la Russie envahissait l’Ukraine. Le président russe expliquait alors qu’il s’agissait de défendre son pays face à une menace venue de Kyiv. Aux premiers jours de la guerre, de nombreux observateurs s’attendaient à une campagne militaire de courte durée. Mais la résistance ukrainienne a surpris les experts et les militaires russes.

Euronews a interrogé Dara Massicot, chercheuse à la Rand Corporation à Washington et auteur de l'essai "What Russia Got Wrong".

Euronews :

Au début de la guerre beaucoup d'experts prédisaient un conflit de quelques semaines et non pas des mois. Etait-ce votre avis ?

Dara Massicot :

Je ne pense pas avoir pensé à cela en termes de calendrier. Mais je pensais certainement que les Russes mèneraient leur invasion avec une série de frappes aériennes et des missiles dévastateurs, ce qui s'est confirmé. Mais voir où ils en sont 12 mois plus tard, je pense que c'est une surprise pour une grande partie de la communauté des experts. Et il y a de nombreuses raisons à cela. Beaucoup n'ont été connues qu'après le début de la guerre. Mais certains de ces problèmes sont liés au conflit et d'autres problèmes sont au sein de l'armée russe elle-même.

Euronews :

Dans votre essai, vous signalez qu'avant même le début de la guerre l'armée russe connaissait des problèmes structurels qui ont affecté sa capacité à mener une invasion à grande échelle ?

Dara Massicot :

Il y a 15 ans, les militaires russes ont lancé un programme de réformes, et ils ont vraiment réduit les effectifs d'une grande partie de leur armée en s'éloignant du modèle soviétique. Et il y avait une raison pour cela. À l'époque, l'orientation était la suivante : nous n'avons pas besoin de mener une guerre terrestre prolongée à grande échelle, comme celle que nous observons actuellement en Ukraine. Donc, ils ont dissous de nombreuses unités. Ils avaient des problèmes d'effectifs. Franchement, ils ne prêtaient aucune attention à leur base de mobilisation. Et il incombait vraiment au ministre de la Défense, (Sergueï) Choïgu, et au chef d'état-major de l’armée russe, Valery Gerasimov, de communiquer ces problèmes au Kremlin avant la guerre. Et il ne semble pas qu'ils l'aient fait.

Euronews :

A maintes reprises dans l'histoire, la Russie a montré qu'elle était prête à subir d'énormes pertes sur le champ de bataille pour atteindre ses objectifs. Voyez-vous une telle stratégie à l'œuvre en Ukraine ?

Dara Massicot :

C'est vers cela qu'ils se sont tournés à ce stade. Une grande partie des tactiques que nous observons dans cette nouvelle offensive sont grossières, rudimentaires est peut-être un mot que nous pourrions utiliser. Ce sont des vagues humaines, quelques assauts blindés, des frappes d'artillerie 24 heures sur 24. C'est très coûteux pour les Russes, à la fois en termes de vies de leurs soldats et d'équipement qu'ils perdent. Mais cela stresse également les défenseurs ukrainiens.

Euronews :

A quel point le déplacement de Joe Biden est-il important pour le moral de l’Ukraine ?

Dara Massicot :

Je pense que c'est arrivé au bon moment, alors que nous approchions du premier anniversaire de l'invasion. Beaucoup d'Ukrainiens ont subi de nombreux de traumatismes, que ce soit au sein de l'armée ou des civils eux-mêmes. La présence du président (Joe) Biden aux côtés du président (Volodymyr) Zelensky est donc une mesure de soutien. Ce n'est pas seulement une métaphore. Ce n'est pas seulement une question de livraisons d'armes, mais une démonstration de la confiance et du soutien des États-Unis au peuple ukrainien.

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