Ehpad, seuls face au coronavirus

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Tous droits réservés Jean-Francois Badias/Jean-Francois Badias
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Par Anelise Borges
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Alors que le gouvernement vient à nouveau d'autoriser les visites dans les Ehpad, reportage dans un de ces établissements qui a dû faire face à la pandémie

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Du haut de ses 96 ans, Nicole Vignault a traversé une bonne partie du siècle dernier. Elle a vécu la Seconde Guerre mondiale alors face au coronavirus, la nonagénaire reste philosophe. "A mon âge, on a plus peur de mourir", sourit-elle." Ma grand-mère disait souvent, il faut bien mourir de quelque chose !"

Dans cette maison de retraite située à Fontenay-sous-Bois, en banlieue parisienne, comme partout en France, difficile de protéger les résidents du coronavirus. Selon les autorités, 45% des établissements ont connu au moins un cas et les équipements de protection semblent dérisoires. Une des volontaires présentes pour aider les personnes âgées explique ainsi devoir utiliser des sacs poubelle comme sur-blouse.

Des sacs poubelle comme unique moyen de ne pas répandre le virus, le symbole de maisons de retraite à bout de souffle... Plus de 6 000 personnes placées en Ehpad, ou en établissement médico-sociaux, y ont perdu la vie depuis le début de la pandémie. Un drame qui s'est joué jusqu'ici à huis clos.

"Il y a quelque chose qui inquiète encore davantage les personnels. Le confinement très strict a eu des conséquences psychologiques graves sur les résidents", précise Anelise Borges, la correspondante d'Euronews à Paris.

On n'a pas le droit de leur voler dans leur fin de vie l'amour de leurs proches
Dominique Perriot
Directeur de l'Ehpad Hector Malot

Pour Dominique Perriot, directeur de l'Ehpad Hector Malot, "on a quand même des gens pour qui les mois ou les années sont comptés et on n'a pas le droit de leur voler, dans leur fin de vie, l'amour de leurs proches".

Ce dimanche, le Premier ministre français, Edouard Philippe, a annoncé qu'un droit de visite très encadré allait de nouveau êtrepossible.

Volonté de dissimulation ?

Il reste des questions : comment et pourquoi un tel drame a-t-il pu se dérouler au coeur de la société française ?

"Vu comment on a comptabilisé le nombre de morts dans les Ehpad... au début il n'y en avait pas, puis d'un seul coup on a eu une augmentation de la mortalité, cela montre bien que l'Etat voulait cacher à la fois l'ampleur de l'épidémie mais aussi le manque de moyens pour l'accompagnement dans la dignité de nos aînés", analyse Jean-Philippe Gautrais, maire Front de Gauche de Fontenay-sous-Bois.

Le 6 avril, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé un plan de dépistage à grande échelle des résidents et des personnels en Ehpad. Des masques devraient leur être aussi prioritairement distribués.

Un temps de réaction de plusieurs semaines, de la part de l'Etat, dont il est encore impossible de mesurer toutes les conséquences.

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