Vaccination contre la grippe : quelle stratégie dans le contexte du Covid-19 ?

Vaccination contre la grippe : quelle stratégie dans le contexte du Covid-19 ?
Tous droits réservés Keith Birmingham/ 2020, Pasadena Star-News/SCNG
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Par Guillaume Petiteuronews
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En France, la Haute Autorité de Santé appelle à cibler en priorité les plus fragiles afin de limiter le risque de tension sur le système de soins.

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La France lance la campagne de vaccination contre la grippe ce mardi 13 octobre, en pleine recrudescence du Covid-19. Reportage.

Il est l’un des premiers à se faire vacciner cette année. Cédric est stewart et dans son cas, le vaccin contre la grippe est conseillé. Alors que la campagne officielle de vaccination démarre ce mardi en France, cet homme d’une quarantaine d’années a déjà tout prévu, comme chaque année.

"Je me fais vacciner tous les ans depuis mes 40 ans", explique Cédric, qui trouve cet outil de prévention "efficace". Et rien de très compliqué en effet. Il lui suffit de se rendre chez son pharmacien, autorisé à vacciner les personnes âgées de plus de 65 ans, les personnes souffrant de maladies chroniques ou encore les professions très exposées. Pour cela, elles doivent disposer d’un document de l’assurance maladie ou de leur médecin généraliste et pour elles, le vaccin est entièrement pris en charge par la Sécurité sociale.

C'est l'application des recommandations de la Haute Autorité de Santé, qui a appelé à cibler surtout "les personnes à risque de grippe sévère ou compliquée telles que les femmes enceintes, les malades chroniques, les personnes obèses", mais aussi "les professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère".

Pourquoi faut-il renouveler le vaccin chaque année ?

Certains l'ignorent, mais le vaccin doit être renouvelé chaque année car les virus peuvent évoluer. "Il est également nécessaire de le renouveler car le taux d'anti-corps diminue avec le temps", explique Dr Anne-Marie Durant, directrice de la santé publique à l'Agence régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes. "Les personnes âgées ont une immunité qui ne leur permet pas de développer des taux d'anti-corps aussi importants que les plus jeunes", ajoute-t-elle.

L'efficacité varie d'ailleurs d'une personne à une autre et selon la saison. Mais il est tout de même fortement recommandé pour les personnes âgées ou fragiles ; des populations qui constituent la majorité des 8 000 à 14 500 décès liés à la grippe chaque année en France.

Pourtant, le taux de vaccination de ces tranches d’âge tend à diminuer depuis quelques années. Mais la pandémie de Covid-19 va peut-être changer la donne. "On a l'impression que les patients sont beaucoup plus en attente des vaccins par rapport aux années passées", explique Xavier Bonnet, pharmacien à Lyon. "On nous les a réclamés un peu plus tôt cette année et beaucoup sont venus s'assurer que les stocks seraient suffisants, ce qui est le cas puisque nous avons été livrés à temps", poursuit-il.

L'Europe en retard sur ses objectifs de vaccination

Si le vaccin contre la grippe refait la une de l'actualité chaque année, la France et les autres pays de l'Union européenne continuent pourtant d’afficher un retard important en matière de couverture vaccinale et restent loin des objectifs qu'ils s'étaient fixés.

Vacciner 75% des populations âgées ou à risque : c’était le cap fixé par le Conseil européen en 2009. Mais en France, l’année dernière, à peine plus de la moitié (51%) des plus de 65 ans ont été vaccinés. Et la tendance est la même dans les autres pays de l'UE, avec une couverture vaccinale atteignant 43% en moyenne pour ces populations fragiles.

A noter néanmoins des écarts. Si le Royaume-uni se rapproche des 75%, l’Espagne et l’Italie sont à peine au-dessus des 50%. Et en Pologne, moins de 7% des plus âgés seulement ont été vaccinés, selon les chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, qui datent des saisons 2016-2017 et 2017-2018.

Ce qui change avec le Covid-19

Mais cet automne, la campagne présente un intérêt de santé publique d’autant plus stratégique. Avec la recrudescence du Covid-19, les hôpitaux sont déjà surchargés. Alors, que se passera-il en cas d’épidémie de grippe ?

En 2019, celle-ci avait provoqué en France plus de 8 000 passages aux urgences, dont 810 hospitalisations. "La vaccination peut non seulement éviter à des personnes de tomber malade mais aussi conduire à "éviter un recours au système de soin, tant au niveau hospitalier qu'ambulatoire", souligne Dr Anne-Marie Durant, qui précise que le vaccin concerne quatre types de virus grippaux.

L'Académie nationale de médecine considère qu'il est urgent de rendre obligatoire le vaccin contre la grippe pour l'ensemble des professionnels de santé. En 2019, seuls un tiers d’entre eux s'étaient fait vacciner.

Par ailleurs, la Haute Autorité de Santé rappelle l'importance de renforcer les gestes barrières pendant cette campagne de vaccination et recommande "aux personnes identifiées comme contacts possibles d’un cas de COVID-19 et éligibles à la vaccination contre la grippe saisonnière de reporter cette vaccination à l’issue de la quarantaine de 14 jours recommandée, en l’absence d’apparition de symptômes".

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