Ce combattant français anonyme, choisi pour honorer la mémoire des siens tombés au combat lors de la Grande Guerre, fête en 2020 le 100e anniversaire de son inhumation sous l'Arc de Triomphe à Paris.
C’était il y a tout juste 100 ans. Le 11 novembre 1920 – deux ans jour pour jour après l’armistice – un cortège s'arrête place de l’Etoile, à Paris. Et sous l’Arc de triomphe, dans un cérémonial solennel, est déposé un cercueil. Et pas n’importe lequel. C'est celui d’un soldat inconnu choisi pour honorer la mémoire de 1,4 millions de combattants français tombés pour leur pays lors de la Première Guerre mondiale.
Le cercueil est arrivé la veille de Verdun, la ville martyre qui a payé l’un des plus lourds tributs. Dans cette localité de la Meuse, “l’obusité” a fauché des centaines de milliers de vie, venues tenir des lignes de front illusoires, terrées dans d’obscures tranchées.
Le 10 novembre 1920, huit sépultures anonymes de combattants exhumés sur les principaux théâtres de bataille (Chemin des Dames, Flandres, Somme, Marne, etc.) – et dont il a été impossible de retrouver l'identité – ont pris place dans une salle de la citadelle de Verdun.
Le protocole choisi par les autorités françaises pour désigner le Soldat inconnu repose maintenant sur les épaules d’un jeune homme de 21 ans, Auguste Thin. Son père a été emporté par la Grande guerre et son unité a été pratiquement décimée. En outre, Auguste s’est battu avec le 132e Régiment d’Infanterie, ici, à Verdun.
Le ministre des Pensions, André Maginot, ancien combattant lui-même et grièvement blessé lors des combats, s'avance. Et sous les voûtes de ce mausolée, ses mots résonnent :
“_Soldat, vous allez le déposer sur l’un des huit cercueils qui sera le Soldat inconnu._”
Auguste, drapé dans un uniforme bleu immaculé, regarde les cercueils et ne sait lequel choisir. Puis en additionnant les chiffres de son régiment, il place son bouquet d'œillets rouge et blanc sur le sixième. La France a choisi.
Le Soldat inconnu ne sera pas tout de suite inhumé. Sa dépouille restera exposée dans l’Arc de Triomphe jusqu’au 28 janvier 1921, avant d’être placée dans un caveau aux pieds du monument voulu par Napoléon 1er. Au sol, la tombe de celui qui porte le lourd fardeau payé par la France est symbolisé par une plaque de granit portant l’inscription :
"Ici, repose un soldat français mort pour la Patrie 1914-1918".
Plus tard, ce lieu de mémoire sera parachevé par une flamme du souvenir, allumée le 11 novembre 1923 par André Maginot, alors ministre de la Guerre, au son de la Marche funèbre de Chopin. Cette “flamme éternelle" ne s’est jamais depuis éteinte, flamboyante dans son foyer, une bouche de canon.
Ce 11 novembre 1920, dans un même geste d’hommage et de mémoire, est inhumé au Royaume-Uni le Soldat inconnu britannique dans l'abbaye de Westminster, à Londres. Deux plus tard, la Belgique fera de même en choisissant comme dernière demeure pour son Soldat inconnu la Colonne du Congrès à Bruxelles. Ce symbole sera repris, entre autres, par les Etats-Unis, l’Italie, la Russie, la Pologne, la Roumanie, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada.