Munich : "Le plus grand risque de tous est que Poutine gagne", prévient Jens Soltenberg

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN, prononce un discours lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, à Munich (Allemagne), le samedi 18 février 2023.
Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN, prononce un discours lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, à Munich (Allemagne), le samedi 18 février 2023. Tous droits réservés Felix Hoerhager/(c) Copyright 2023, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten
Par euronews & AFP
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Si Poutine gagne en Ukraine, le message pour lui et d'autres dirigeants autoritaires sera qu'ils peuvent utiliser la force pour obtenir ce qu'ils veulent", a averti le secrétaire général de l'Otan lors d'une réunion organisée en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité.

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Les alliés occidentaux de l'Ukraine ont de nouveau exhorté ce samedi à donner à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour vaincre la Russie, le chef de l'Otan mettant en garde contre les risques d'une victoire de Moscou, à l'approche de l'anniversaire du début de la guerre.

Au deuxième jour de la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich, en Allemagne, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a jugé qu'il n'y avait "aucune indication montrant" que Vladimir Poutine "avait changé ses ambitions".

A ce moment jugé critique du conflit, il est essentiel de "donner à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour gagner et subsister en tant que nation souveraine indépendante en Europe", a plaidé dans un discours le chef de l'Alliance atlantique.

"Le plus grand risque de tous est que Poutine gagne. Si Poutine gagne en Ukraine, le message pour lui et d'autres dirigeants autoritaires sera qu'ils peuvent utiliser la force pour obtenir ce qu'ils veulent", a-t-il averti.

Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken doit également s'exprimer samedi dans la capitale bavaroise.

Et une réunion du G7 des ministres des Affaires étrangères est également au programme de la deuxième journée de conférence.

Crimes contre l'humanité

La vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris a accusé pour la première fois la Russie d'avoir perpétré des "crimes contre l'humanité" depuis le début de son invasion de l'Ukraine il y a près d'un an.

Intervenant à la Conférence de Munich sur la sécurité, Mme Harris, une ancienne procureure, a fait une glaçante énumération des exactions attribuées à la Russie, citant les bombardements systématiques visant les civils et les infrastructures critiques, les tortures et les viols attribués aux soldats russes, les déportations d'Ukrainiens en Russie, y compris de milliers d'enfants séparés de leur famille.

"Nous avons examiné les preuves, nous connaissons les normes juridiques et il n'y a pas de doute : ce sont des crimes contre l'humanité", a-t-elle déclaré lors d'un discours.

"Et je dis à tous ceux qui ont perpétré ces crimes et à leurs supérieurs ou complices dans ces crimes : vous en rendrez compte", a-t-elle prévenu.

Depuis le début de l'invasion, les Etats-Unis ont documenté ou répertorié plus de 30 600 cas de crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine, précise le département d'Etat américain.

"Il ne peut y avoir d'impunité pour ces crimes", a insisté le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communique séparé.

Risque que "Poutine gagne"

Réunis à Munich en marge de la Conférence, les chefs de la diplomatie des grandes puissances du G7 ont réaffirmé parallèlement dans un communiqué leur "solidarité inébranlable avec l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire" près d'un an après le lancement de l'invasion russe le 24 février 2022.

Plus tôt, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait mis en garde contre une défaite de l'Ukraine, alors que la Russie est en train de mobiliser "des centaines de milliers de troupes".

"Le plus grand risque de tous est que Poutine gagne. Si Poutine gagne en Ukraine, le message pour lui et d'autres dirigeants autoritaires sera qu'ils peuvent utiliser la force pour obtenir ce qu'ils veulent", a-t-il averti.

Le président français Emmanuel Macron a certes réaffirmé qu'il désirait "la défaite" de Moscou mais a mis en garde ceux qui veulent "avant tout écraser la Russie", ce qui ne sera "jamais" la "position de la France".

"Je suis convaincu qu'à la fin, ça ne se conclura pas militairement", a-t-il dit à Munich dans un entretien accordé à un groupe de journalistes. "Toutes les options autres que Vladimir Poutine au sein du système actuel" lui "paraissent pires" que le président russe, a-t-il ajouté.

La rencontre de Munich a également permis un entretien entre le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et son homologue chinois Wang Yi au cours duquel le secrétaire d'Etat a mis en garde contre les "implications et les conséquences" pour la Chine s'il s'avérait qu'elle apporte un "soutien matériel" à la Russie dans sa guerre en Ukraine, selon le département d'Etat.

Une issue politique

Les Européens espèrent convaincre Pékin d'user de son influence sur le maître du Kremlin pour mettre fin à la guerre.

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La Chine doit "jouer un rôle responsable" dans la situation actuelle, a jugé le Premier ministre britannique Rishi Sunak.

Wang Yi a présenté son pays comme un champion de la "paix" et redit à Munich qu'il revenait à Moscou et Kyiv de "s'asseoir autour de la table et trouver" une issue "politique" au conflit.

Aucun signe d'apaisement n'est en vue dans le conflit qui a vu les troupes russes s'emparer de près d'un cinquième du territoire ukrainien et fait des dizaines de milliers de victimes dans les deux camps.

Egalement en marge de la Conférence, l'ancien champion du monde d'échecs et opposant à Vladimir Poutine, Garry Kasparov, a estimé qu'une victoire ukrainienne était la "pré-condition de la démocratie en Russie", affirmant qu'"aucune dépense (des Occidentaux) n'est excessive pour l'Ukraine".

"Nous devons nous assurer que la guerre en Ukraine est la dernière guerre impériale de la Russie", Garry Kasparov.

Les alliés soutiennent les Ukrainiens via des aides financières, humanitaires et militaires, y compris des chars lourds de fabrication occidentale même s'ils tardent à arriver sur le terrain, et via des sanctions économiques drastiques envers la Russie.

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