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La chute des libéraux : pourquoi le Renew Europe pourrait subir une défaite cuisante aux européennes

Le Renew Europe de Valérie Hayer tangue à l'approche du 9 juin.
Le Renew Europe de Valérie Hayer tangue à l'approche du 9 juin. Tous droits réservés Thomas Padilla/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
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Par Sergio Cantone
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le groupe Renew devrait perdre jusqu'à 21 députés européens. Les héritiers des valeurs libérales-démocrates souffrent de la chute de leur popularité au niveau national. En France, en Allemagne et aux Pays-Bas, Renew devrait perdre la plupart de ses eurodéputés, selon les sondages d'Euronews.

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Selon le Super Polls d'Euronews (qui utilise des sondages rendus publics pour prévoir le résultat du vote du 9 juin au Parlement européen), les libéraux devraient subir une défaite historique et voir fondre leurs rangs à 82 eurodéputés contre les 102 que compte le Parlement actuel.

Si cette perte était confirmée par les résultats finaux des élections européennes, elle pourrait entraîner des changements importants dans la prochaine législature de l'UE.

"Les difficultés rencontrées par Renew reflètent bon nombre des problèmes auxquels il a été confronté lors des votes au niveau national au cours de l'année écoulée. Avec le pouvoir d'achat, la migration, l'énergie et les protestations des agriculteurs comme questions prioritaires pour les électeurs européens, les partis membres de Renew ont largement échoué à aborder les questions nationales favorisées par de nombreux électeurs à l'ouest de l'Europe, où Renew était le plus fort en 2019", commente Boyd Wagner, analyste en chef au Centre de sondages d'Euronews.

Renew et la Grande coalition avec le PPE et le S&D dans le Parlement européen sortant

Les politiques des libéraux-démocrates ont clashé avec le sentiment d'insécurité croissant des citoyens de l'Europe occidentale.

"Il existe une tendance générale selon laquelle la démocratie libérale est menacée, ce qui pourrait affecter la plupart des partis libéraux. Mais il y a aussi des raisons spécifiques, et la France est un cas très intéressant. En 2019, un grand nombre de libéraux français ont été élus au Parlement européen, après la victoire électorale d'Emmanuel Macron deux ans plus tôt, lors des élections nationales de 2017", explique Steven Van Hecke, professeur de politique comparée et européenne au Public Governance Institute de l'Université de Louvain.

La France est le deuxième plus grand pays de l'UE. Il y a 79 eurodéputés français sur les 705 sièges actuels du Parlement européen (élus en 2019). 23 de ces eurodéputés sont membres du groupe Renew Europe sur les 102 sièges "jaunes".

Cette question est d'autant plus pertinente que le prochain Parlement européen devrait compter un total de 720 eurodéputés en raison d'une nouvelle répartition des sièges.

Selon le centre de sondage d'Euronews, les eurodéputés du parti français Renaissance pourraient ne plus compter que 15 membres au Parlement européen.

Le prochain Parlement européen pourrait être le théâtre de nombreuses confrontations politiques délocalisées entre les valeurs libérales-démocrates et libérales-socialistes et les principes conservateurs.

Dans ce "Squid Game" néo-idéologique, la France est appelée à jouer un rôle important, pour au moins trois raisons.

Premièrement, en raison de son importance objective au sein de l'UE et de la zone euro. Deuxièmement, en raison du rôle joué par son président, Emmanuel Macron, pour faire avancer les valeurs qui ont conçu l'architecture du groupe Renew Europe. Et troisièmement, parce que la droite radicale française est en passe de remporter les élections européennes en France, dépassant de près du double les voix de Renaissance.

Des gendarmes avec des véhicules blindés font face à des agriculteurs et leurs tracteurs bloquant une autoroute, le 31 janvier 2024.
Des gendarmes avec des véhicules blindés font face à des agriculteurs et leurs tracteurs bloquant une autoroute, le 31 janvier 2024. Christophe Ena/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.

La popularité du président Macron dans son pays est en baisse depuis au moins 2019. Les Français ont rejeté les réformes économiques mises en œuvre par la majorité présidentielle. Les politiques de décarbonisation, les réformes des retraites, la réduction prévue des allocations de chômage et, selon l'extrême droite, une "politique anti-migratoire inefficace" ont eu un impact négatif sur la popularité du président.

Comme d'habitude, la population de l'Europe occidentale profite des élections européennes pour protester contre les gouvernements nationaux respectifs.

Il en va de même pour les libéraux-conservateurs néerlandais de l'ancien Premier ministre Mark Rutte. Le VVD, Parti populaire pour la liberté et la démocratie, est la deuxième force du groupe Renew au sein du Parlement européen sortant. Il pourrait être expulsé du groupe après l'accord de gouvernement conclu avec le parti d'extrême droite de Geert Wilders, le Parti de la liberté(PVV), partenaire du Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella et Marine Le Pen au sein du groupe Identité et démocratie.

Aux Pays-Bas, les politiques migratoires sont à l'origine du mécontentement populaire à l'égard des libéraux.

Le président français Emmanuel Macron, à gauche, et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte arrivent à Amsterdam, aux Pays-Bas, 2023.
Le président français Emmanuel Macron, à gauche, et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte arrivent à Amsterdam, aux Pays-Bas, 2023.Peter Dejong/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

Le compromis néerlandais entre les libéraux-conservateurs et la droite radicale est totalement incompatible avec le duel intense entre le président Macron et son antagoniste idéologique Marine Le Pen en vue des élections présidentielles françaises de 2027.

Le succès électoral du président Macron en France en 2017 a donné un coup de pouce aux libéraux européens. En 2019, Macron était encore assez populaire dans son pays et son parti a remporté les élections européennes : "Il a amené exceptionnellement un grand nombre de libéraux français au Parlement (de l'UE) ce qui a permis de fonder le groupe libéral. Et maintenant, d'une certaine manière, les libéraux ne recevront plus de dopage français. Et ils reviennent à la taille de 2014. Il s'agit donc d'une sorte de normalisation", explique Steven Van Hecke.

Les principes libéraux ne sont pas le monopole exclusif de Renew Europe, ils sont présents dans d'autres groupes : "Il ne faut pas sous-estimer le fait qu'un certain nombre de forces libérales plus ou moins traditionnelles sont attachées au PPE et même au groupe ECR. Pour ne citer que deux exemples : La Plate-forme civique de Donald Tusk en Pologne pourrait s'appeler Parti populaire chrétien-démocrate, mais elle est également libérale-conservatrice et fait désormais partie du groupe PPE et non des libéraux. De même, les nationalistes flamands de la NVA, pour des raisons particulières, ne font pas partie du groupe Renew. Ils sont plutôt dans le groupe ECR".

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Du point de vue du réalisme politique, le libéralisme multipartite actuel pourrait donner lieu à d'autres options de coalition telles que la Coalition libérale-conservatrice.

La coalition libérale-conservatrice

Il existe également une question importante concernant les libéraux européens, à savoir la fracture géographique entre l'Europe occidentale et l'Europe centrale.

"Les partis libéraux sont traditionnellement forts en Europe occidentale. Et c'est surtout en Europe occidentale que l'on assiste à une fragmentation du paysage politique. Ils deviennent donc plus petits, au niveau national, et donc aussi au niveau européen, sans pouvoir compenser cette perte dans les soi-disant nouveaux Etats membres d'Europe centrale et orientale", conclut Steven Van Hecke.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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