Le nouveau président de la Banque mondiale veut réorienter les subventions octroyées aux combustibles fossiles

Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, s'exprime lors de la deuxième journée de la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, à Marrakech, au Maroc, le 10 octobre 2023\.
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, s'exprime lors de la deuxième journée de la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, à Marrakech, au Maroc, le 10 octobre 2023\. Tous droits réservés REUTERS/Susana Vera
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Par Euronews Green
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Cet article a été initialement publié en anglais

Ajay Banga a suggéré de réorienter les subventions accordées aux combustibles fossiles et à l'agriculture vers l'action en faveur du climat.

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Le nouveau président de la Banque mondiale a remis en question les sommes considérables que les gouvernements dépensent pour subventionner les combustibles fossiles.

S'exprimant lors de la réunion annuelle de la Banque mondiale au Maroc mercredi, Ajay Banga a déclaré que les 1 250 milliards de dollars (1,18 milliard d'euros) consacrés chaque année à rendre les carburants, la pêche et l'agriculture moins chers étaient excessifs.

Ces trois secteurs sont responsables de l'impact environnemental à hauteur de 6 000 milliards de dollars (5 700 milliards d'euros). La banque souhaite que l'action contre le changement climatique devienne une priorité.

"Je ne dis pas qu'il faut se débarrasser de toutes ces subventions. Je considère que certaines de ces subventions sont essentielles au contrat social passé avec le gouvernement et ses citoyens. Mais je ne pense pas que 1 250 milliards de dollars puissent être considérés comme tels", a affirmé Ajay Banga lors d'une table ronde organisée dans le cadre des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, à Marrakech.

"Je pense simplement que le sujet des subventions doit être débattu", a-t-il ajouté, reconnaissant qu'il ne s'agissait pas d'un sujet populaire en raison des enjeux politiques qu'il implique.

Pourquoi les gouvernements subventionnent-ils les combustibles fossiles ?

Selon un rapport du FMI datant de 2021, les gouvernements du monde entier dépensent près de 500 milliards d'euros par an pour rendre l'utilisation des combustibles fossiles moins onéreuse.

Ces subventions prennent différentes formes : allégements fiscaux, prêts à faible taux d'intérêt et plafonnement du prix de l'essence. Ce dernier, par exemple, permet de limiter le coût du carburant pour les personnes qui font le plein de leur voiture.

Il peut être politiquement difficile de se débarrasser de ces subventions, car elles font augmenter le coût de la vie. Toutefois, selon un récent rapport de la Banque mondiale, la plupart des subventions profitent en fait aux riches.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a également déclaré que les subventions aux combustibles fossiles sont en fin de compte un moyen inefficace d'aider les consommateurs.

"Il est de loin préférable que les gouvernements consacrent du temps et de l'argent à des changements structurels qui font baisser la demande de combustibles fossiles, plutôt qu'à des mesures d'urgence lorsque les prix des combustibles augmentent", ont indiqué les analystes de l'AIE au début de l'année.

Dans son propre rapport "Detox Development" de juin 2023, la Banque mondiale note que si les coûts sociaux des combustibles fossiles - tels que leur impact sur le changement climatique et la pollution atmosphérique - étaient pris en compte, leur prix serait encore plus élevé que leur prix sur le marché libre.

L'élimination des subventions aux combustibles fossiles facilitera également la concurrence des énergies renouvelables.

Quel est le pouvoir de la Banque mondiale ?

Composée de cinq institutions et de 189 pays membres, la Banque mondiale a pour objectif d'éradiquer la pauvreté dans les pays en développement.

Elle s'engage également de plus en plus en faveur de solutions de développement durable. D'après les rapports de Climate Home News, la banque est en train de pivoter pour se concentrer davantage sur le changement climatique, à la suite des appels de gouvernements riches, comme les États-Unis et l'Allemagne qui la financent.

La Banque mondiale n'a pas le pouvoir de forcer les gouvernements à se débarrasser des subventions aux combustibles fossiles. Elle ne peut que les conseiller et faire pression sur eux. Mais la pression sur ce système s'accroît de toutes parts.

"Les gens diront qu'il n'y a pas d'argent pour le climat, mais il y en a - il est juste au mauvais endroit", assure Axel Van Trotsenburg, directeur général de la Banque mondiale, lors de la publication de "Digital Detox".

"Si nous pouvions réaffecter les milliers de milliards de dollars dépensés en subventions inutiles à des usages plus judicieux et plus écologiques, nous pourrions relever ensemble un grand nombre des défis les plus urgents de la planète", ajoute-t-il. 

Pourquoi les subventions agricoles sont-elles aussi controversées ?

Ajay Banga a déclaré aux journalistes que la banque "examinerait tous les autres endroits où il existe des réserves d'argent qui pourraient être utilisées ou réorientées, qu'il s'agisse des subventions accordées dans le monde aux carburants et à l'agriculture, qui sont à l'origine de problèmes environnementaux, ou des marchés volontaires du carbone".

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500 milliards de dollars (474 milliards d'euros) consacrés aux subventions agricoles, cela ne semble pas si grave à première vue. Mais l'agriculture est le deuxième contributeur de gaz à effet de serre au niveau mondial, et l'élevage industriel de bétail est lié à toute une série de problèmes environnementaux.

Un rapport récent d'ActionAid a révélé que depuis l'Accord de Paris, les banques ont fourni 20 fois plus de financement aux combustibles fossiles et aux activités agricoles dans les pays du Sud que ce que les gouvernements des pays du Nord ont fourni en tant que financement climatique aux pays qui se trouvent en première ligne de la crise climatique.

Ce rapport appelle à la fin des subventions à l'agriculture industrielle et à un financement accru des transitions justes vers les énergies renouvelables et l'agroécologie.

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