Alors que les tensions mondiales sont à leur comble et que les dirigeants du monde entier se réunissent en masse pour se recueillir, les funérailles du pape François s'annoncent comme l'un des sommets internationaux les plus importants de l'année.
Compte tenu de la fragilité du paysage mondial actuel et de la réticence de l'administration américaine à l'égard de la diplomatie multilatérale, tout forum réunissant des dirigeants du monde entier offre une chance rare de progresser sur des questions essentielles.
Les funérailles du pape à Rome, ce samedi le 26 avril, offriront donc de nombreux moments de ce type.
Parmi les participants attendus figurent des personnalités européennes de premier plan, notamment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, ainsi que Keir Starmer, Premier ministre britannique.
Mais en tant que premier président américain à assister à des funérailles papales depuis que George W. Bush a rendu hommage au pape Jean-Paul II en 2005, tous les regards seront tournés vers Donald Trump.
La moindre conversation avec lui en marge de cet événement pourrait modifier des dynamiques géopolitiques de longue date.
Alliés et rivaux chercheront à établir des liens dans les coulisses de cet événement solennel.
Après tout, le pape François était un homme de paix, qu'il s'agisse de ses appels quotidiens à une paroisse chrétienne de Gaza ou de son plaidoyer constant en faveur d'un cessez-le-feu en Ukraine.
Son dernier adieu, pourrait-il offrir au monde un dernier miracle : un pas vers la désescalade ?
Tarifs douaniers : un pitch de 90 secondes pendant une trêve de 90 jours ?
La trêve temporaire de 90 jours décrétée par Donald Trump sur les droits de douane "réciproques" de 20 % imposés aux produits de l'Union européenne est sur le point de s'achever, et les progrès diplomatiques réalisés jusqu'à présent sont maigres.
Les négociateurs de l'UE, menés par le commissaire au commerce Maroš Šefčovič, ont discuté avec leurs homologues américains, mais toutes leurs propositions, y compris celle de Mme von der Leyen sur les tarifs zéro pour zéro, semblent avoir été rejetées par Washington jusqu'à présent.
Les funérailles de samedi offrent à Mme von der Leyen une rare occasion de lancer un appel direct à M. Trump pendant la trêve de 90 jours.
"Je n'ai pas de nouvelles à donner sur d'éventuelles réunions bilatérales. La visite de samedi est pour une raison différente [...] Je ne peux pas exclure pour le moment d'autres réunions possibles ", a déclaré un porte-parole de la Commission.
Mme von der Leyen sera-t-elle en mesure de présenter à M. Trump un "elevator pitch" convaincant - un argumentaire de 90 secondes en faveur de la proposition de l'UE - afin de le persuader de réduire les droits de douane, peut-être avec un peu d'aide de l'esprit du Pape ?
Ukraine : un discours pour la paix
Les discussions techniques sur l'Ukraine se poursuivent, mais les discussions de haut niveau prévues à Londres mardi dernier n'ont pas porté de fruits, de nombreuses personnes ayant choisi de ne pas y participer.
Il est clair que pour progresser, il faut plus que des diplomates : il faut une intervention des dirigeants eux-mêmes (voire une aide du ciel).
Le président russe Vladimir Poutine a choisi de ne pas assister aux funérailles, bien qu'il ait qualifié le pape François de "défenseur de l'humanisme" dans son hommage.
En revanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky assistera aux funérailles accompagné de son épouse Olena, dans l'espoir probable d'obtenir une conversation avec M. Trump.
Zelensky a exprimé le souhait de rencontrer Trump au Vatican. Le souvenir du pape François pourrait-il contribuer à combler leur fossé ?
Mercosur - une démonstration d'unité
Les dirigeants du bloc commercial sud-américain Mercosur, dont le président argentin Javier Milei et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, ont confirmé leur présence.
Ils devraient renouer avec Mme von der Leyen à la suite de la finalisation des négociations entre l'UE et le Mercosur, un événement qui a déjà suscité de vives critiques de la part du Français Emmanuel Macron.
La position de M. Macron sur cet accord semble toutefois s'être assouplie récemment, et comme M. Trump est également à Rome, une démonstration d'unité entre l'UE et l'Amérique du Sud pourrait envoyer un message clair aux États-Unis, notamment en ce qui concerne la menace de nouveaux droits de douane.
Même si aucune réunion officielle n'a lieu, un geste symbolique - peut-être une poignée de main entre von der Leyen et Macron, aux côtés de Lula et Milei - pourrait signaler un changement vers un nouvel alignement commercial mondial.
Conclave (non, pas le film)
Un autre type de joute géopolitique est déjà en cours : la course à l'élection du prochain pape. Bien qu'il échappe au contrôle direct des dirigeants mondiaux, ce choix aura des répercussions considérables.
Au-delà de l'idéologie - conservatrice ou progressiste -, l'origine du prochain souverain pontife pourrait remodeler l'influence mondiale de l'Église.
Un pape originaire de la région Asie-Pacifique ou d'Afrique, par exemple, enverrait un message fort dans des régions où le poids géopolitique de l'Église pourrait augmenter considérablement.
Le cardinal Giovanni Battista Re, qui prononcera la messe des funérailles, est l'un des principaux candidats.
Il pourrait profiter de ce moment pour faire forte impression sur ses pairs - ou, selon vos convictions sur la personne qui prendra la décision dans la chapelle Sixtine, sur Dieu.
Il convient de noter que le cardinal Joseph Ratzinger a également présidé les funérailles de Jean-Paul II, avant de devenir le pape Benoît XVI quelques semaines plus tard.