Des maisons en patate sur la lune

Modélisation des maisons fabriquées à partir de pommes de terre.
Modélisation des maisons fabriquées à partir de pommes de terre. Tous droits réservés Stable Diffusion
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Par Camille Bello
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Des scientifiques travaillent sur un nouveau matériau de construction à partir d'amidon de pomme de terre. Il pourrait servir aux habitations sur la lune.

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Des scientifiques de l'université de Manchester ont créé un nouveau matériau de construction baptisé StarCrete. Grâce à la fécule de pomme de terre et à une pincée de sel, il pourrait permettre de construire des habitations extraterrestres.

Après le champignon, la pomme de terre est devenue le dernier aliment en date à être envisagé pour construire les maisons du futur.

Cette découverte intervient après que le cabinet d'architecture américain Red House a annoncé travailler avec la NASA et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour construire dans l'espace des habitations faites de champignons et d'algues déshydratées.

Pour assurer une présence humaine durable sur la lune et sur Mars, il faut trouver comment construire des habitats robustes et durables qui offrent une protection contre les radiations. Il faut également trouver des matériaux très résistants à partir de ressources locales : dans l'idéal, leur production devrait être le résultat de processus relativement simples et à faible consommation d'énergie.

Dans leurs expériences, les scientifiques ont utilisé de l'amidon ordinaire avec une pincée de sel - du chlorure de magnésium, que l'on peut trouver à la surface de Mars, ou dans les larmes des astronautes - pour produire "un matériau biocomposite très résistant" qu'ils ont baptisé StarCrete.

Dans un article publié dans la revue scientifique Open Engineering, les scientifiques expliquent que les résultats obtenus ont permis de créer un matériau deux fois plus résistant que le béton ordinaire et "parfaitement adapté" aux travaux de construction dans les environnements extraterrestres.

"Après optimisation, le StarCrete lunaire et martien a atteint des résistances à la compression de l'ordre de celle du béton et surpasse la plupart des autres solutions technologiques, bien qu'il s'agisse d'un processus relativement peu énergivore", déclarent les auteurs de l'étude.

Pourquoi la fécule de pomme de terre est-elle si spéciale ?

"_Fondamentalement, la fécule de pomme de terre constitue une meilleure colle que les autres amidon_s", a expliqué le Dr Aled Roberts, chercheur principal, à Euronews Next.

Il n'est pas non plus nécessaire d'avoir de l'eau pour l'utiliser.

"_L'avantage d'utiliser la fécule de pomme de terre, c'est que nous savons que nous produirons de toute façon une certaine forme d'amidon pour nourrir les astronautes ; nous pouvons donc en produire davantage et l'utiliser pour la constructio_n", explique M. Roberts.

Et si les scientifiques ne parviennent pas à cultiver des pommes de terre ou d'autres aliments de manière pérenne dans des environnements extraterrestres, "nous pouvons simplement prendre des quantités importantes de fécule de pomme de terre et les utiliser comme liant". L'avantage, c'est qu'en cas d'urgence, les astronautes pourront également en manger.

L'équipe a calculé qu'un sac (25 kg) de pommes de terre déshydratées (chips) contient suffisamment d'amidon pour produire près d'une demi-tonne de StarCrete, ce qui équivaut à plus de 213 briques de matériau.

La pomme de terre est-elle vraiment une idée tangible pour construire des habitations extraterrestres ?

"Il y a de bonnes chances... mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de commencer à construire des habitats sur la Lune et sur Mars", estime M. Roberts. "D'ici là, nous aurons probablement fait beaucoup d'autres découvertes. Quelqu'un trouvera une meilleure idée et innovera. Et c'est ainsi que les choses se passent toujours, toujours".

La start-up de M. Roberts, DeakinBio, continuera à rechercher d'autres liants végétaux pour construire des maisons sur Mars et sur la Lune, ainsi qu'à explorer "d'autres idées folles pour voir ce qu'il en sortira". Mais pour l'instant, elle étudie également comment appliquer sa technologie sur Terre pour créer des alternatives propres et durables au béton et aux carreaux de céramique.

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