Avec sa position géographique, la Grèce est une cible privilégiée dans cette guerre hybride menée entre l'Est et l'Ouest. Athène indique que la cybercriminalité n'a cessé de progresser ces dernières années.
À une époque où la guerre numérique ne connaît pas de frontières, l'Ouest et l'Est s'affrontent désormais dans le cyberespace, de la Chine à la Russie en passant par l'Iran et la Corée du Nord. Mais quel est le rôle de la Grèce, qui se trouve à la frontière orientale de l'Europe ?
"Nous jouons très bien notre rôle à la frontière, dans le coin sud-est de l'Europe", assure Michael Bletsas, commandant de l'Autorité nationale de cybersécurité de Grèce, qui reconnaît que la situation géographique du pays n'est pas idoine. "Nous aimerions beaucoup que les frontières de l'Europe soient plus à l'est, mais, malheureusement, nous ne voyons pas les conditions pour que cela se produise dans un avenir proche. Alors nous jouerons nécessairement ce rôle et nous le jouons déjà", poursuit-il, appelant les autres pays à reconnaître le rôle que joue Athènes dans ce conflit hybride.
Une cybercriminalité croissante
Aujourd'hui, les menaces auxquelles fait le pays sont bien différentes de celles des États Baltes où plusieurs incidents ont été recensés ces dernières semaines, avec, notamment, le survol de l'espace aériens des pays par des drones. "Ils pourraient clairement être caractérisés comme des événements d'une guerre hybride. Il y a des sabotages, des attaques contre les infrastructures, des fermetures d'aéroports, des coupures de câbles", poursuit Michael Bletsas.
En Grèce, la menace est différente. "À l'heure actuelle, c'est la cybercriminalité qui est la plus importante. Nous avons trop d'activismes, de cyber activismes, de vandalismes", liste-t-il.
L'expert précise qu'Athènes est principalement confrontée à des attaques par déni de service ou de déni de service distribué. Ce type d'attaque consiste à rendre inaccessible un serveur par l’envoi de multiples requêtes jusqu’à le saturer ou par l’exploitation d’une faille de sécurité afin de provoquer une panne ou un fonctionnement fortement dégradé du service.
Mais ces attaques ne laissent pas de dommages permanents et sont assez faciles à contrer, explique Michael Bletsas. "La cybercriminalité ne cesse d'augmenter et l'utilisation de l'intelligence artificielle permet aux criminels d'être plus efficaces", poursuit-il.
"Pas de neutralité"
La Grèce peut-elle rester neutre dans cette guerre hybride entre l'Est et l'Ouest. "Il n'y a pas de neutralité. Nous l'avons perdue", tranche-t-il d'emblée.
"Athènes doit faire face à un voisin agressif supplémentaire à l'est, ce que le reste de nos partenaires européens ne semble pas comprendre. Et c'est là que plusieurs problèmes se posent. C'est une grave erreur de séparer le monde physique du monde numérique. Ils ne font qu'un. Il s'agit d'un système plus étendu que celui dont nous disposions dans le monde réel. Nous devons donc penser la sécurité en termes d'automatisation, comme nous le faisons dans le monde physique. Ce n'est qu'à cette condition que nous serons en sécurité", explique encore Michael Bletchas.
La guerre numérique ayant déjà débuté, la Grèce est déjà un des acteurs. La question n'est donc pas de savoir si elle y participera, mais à quelles conditions, avec quelles alliances et quel degré de préparation.