La junte au pouvoir en Birmanie utilise la torture de manière systématique contre ses opposants, selon une enquête de l'Associated Press qui a recueilli les témoignages d'anciens détenus.
La junte au pouvoir depuis bientôt neuf mois en Birmanie utilise la torture de manière méthodique et systématique contre ses opposants, selon une enquête de l'Associated Press qui a recueilli les témoignages d'une trentaine d'anciens détenus. Tous décrivent des méthodes brutales.
''L'enfer'' des centres d'interrogatoire
Parmi eux, Nathan Maung, journaliste pour un site d'information en ligne, arrêté en mars à Rangoon, puis retenu pendant plus de deux semaines dans un centre d'interrogatoire avant d'être conduit en prison.
Il raconte les mauvais traitements infligés par ses geôliers : "Chaque fois que je répondais aux questions et qu'ils n'aimaient pas ma réponse, alors les gardiens me frappaient le visage, ils me frappaient la tête. Le centre d'interrogatoire, c'est l'enfer. Chaque jour, chaque minute, vous ne savez jamais ce qui va vous arriver."
Une torture pratiquée en ville comme à la campagne
Les opposants à la junte militaire ont été torturés, pas seulement dans les villes, mais sur toute le territoire birman, explique Matthew Smith, PDG de l'association ''Fortify Rihts" :
"La torture est pratiquée à l'échelle nationale par la police et l'armée. Elle est pratiquée dans les villes, les villages, les plaines centrales, sur les hauts plateaux ethniques, dans divers endroits. Tous cela nous montre la nature généralisée et, d'une certaine manière, systématique de la torture qui se pratique actuellement en Birmanie."
Les témoignages recueillis par l'Associated Press évoquent des humiliations, des électrocutions, des détenus entassés par dizaines dans des cellules, en pleine pandémie, dormant à même le sol, sans toilettes. Depuis février, cette répression aurait fait plus de 1 200 morts, dont plusieurs dizaines ayant succombé à la torture.