Seif al-Islam Kadhafi candidat surprise à la présidentielle en Libye

Seif al-Islam a été capturé en novembre 2011 par un groupe armé de Zenten et condamné à mort par les autorités judiciaires de Tripoli en 2015.
Seif al-Islam a été capturé en novembre 2011 par un groupe armé de Zenten et condamné à mort par les autorités judiciaires de Tripoli en 2015. Tous droits réservés Photo : Associated Press
Par Euronews avec AFP
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Le fils de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam, a été le premier poids lourd de la vie politique libyenne à déposer sa candidature dimanche à la présidentielle prévue fin décembre, alors qu'il est recherché par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité".

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Le fils de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam, a été le premier poids lourd de la vie politique libyenne à déposer sa candidature dimanche à la présidentielle prévue fin décembre, alors qu'il est recherché par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité".

A la surprise générale et alors qu'on ignorait où il se trouvait ces dernières années, Seif al-Islam, 49 ans, barbe poivre et sel et portant des lunettes de vue, s'est présenté à l'antenne de la commission électorale à Sebha (sud), l'un des trois centres autorisés, avec Tripoli (ouest) et Benghazi (Est), selon des images relayées par les médias locaux.

Enveloppé dans une abaya marron et turban de la même couleur noué sur la tête à la façon bédouine comme le faisait son père, il a signé les documents, assisté de son avocat. Il a ensuite prononcé des versets du Coran puis conclu par la formule "Que Dieu vous bénisse", à l'adresse du personnel de la Haute Commission électorale (HNEC).

"Le candidat Seif al-Islam Mouammar Kadhafi a soumis les documents de sa candidature au bureau de la HNEC à Sebha complétant ainsi toutes les conditions juridiques requises par la loi n°1 relative à l'élection du chef de l'Etat", a annoncé la HNEC dans un communiqué. Il s'est également fait délivrer sa carte d'électeur.

Fin juillet, Seif al-Islam avait évoqué lors d'un entretien au New York Times son possible retour sur la scène politique.

Aboutissement d'un processus politique laborieux parrainé par l'ONU, la présidentielle du 24 décembre et le scrutin législatif prévu un mois plus tard sont censés tourner la page d'une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué en 2011 lors d'une révolte populaire, et mettre fin aux luttes fratricides.

Incertitudes

Capturé en novembre 2011 par un groupe armé à Zenten dans le nord-ouest de la Libye, il avait été condamné à mort en 2015 à l'issue d'un procès expéditif.

Le groupe le détenant avait néanmoins refusé de le livrer aux autorités ou à la Cour pénale internationale (CPI), qui le recherche depuis 2011 pour des accusations de "crimes contre l'humanité".

Le groupe l'avait libéré en 2017 et ses traces avaient été perdues.

"La situation de Seif al-Islam Kadhafi à la CPI n'a pas changé. D'après la notice publiée en 2011, il est toujours recherché", a déclaré Fadi Abdallah, un porte-parole de la CPI à la chaîne Libya al-Ahrar.

Pour la communauté internationale, la tenue des élections est essentielle pour pacifier le pays, qui compte les réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique.

La présidentielle -la première de l'histoire du pays- et les législatives restent néanmoins très incertaines sur fond de regain de tensions entre les camps rivaux, installés dans l'Ouest et dans l'Est, à l'approche de l'échéance.

Après la candidature confirmée de Seif al-Islam, de nombreuses interrogations subsistent autour de celles du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, et du Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah.

Le maréchal Haftar a suspendu ses fonctions militaires -procédure indispensable- trois mois avant la date du scrutin mais n'a pas encore déposé sa candidature.

"Compliquer le processus"

Pour Wolfram Lacher, expert sur la Libye de l'institut allemand SWP, la candidature de Seif Al-Islam "déposée en dépit des mandats d'arrêt de la CPI (...) ne va faire que compliquer encore plus le processus électoral".

Celui-ci est déjà fortement contesté en raison de la loi électorale pour la présidentielle qui ne définit pas clairement les attributions du futur président et n'a pas été votée par le Parlement, mais directement ratifiée par son chef Aguila Saleh, un proche du maréchal Haftar.

Tarek Megrisi, analyste au Conseil européen des relations internationales a déploré dans un tweet qu'en vertu de cette loi électorale controversée, les Libyens devront "choisir un président aux pouvoirs illimités et sans obligations".

Qui plus est, leur choix devra se faire "entre leur ancien agresseur, l'homme qui a commis des crimes de guerre pour prendre le pouvoir et un homme connu pour sa corruption obscène", a déploré sans donner de noms, M. Megrisi.

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Seif al-Islam affirme que le régime libyen a financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy

Au cours de cette interview donnée à Euronews en mars 2011, Seif al-Islam avait affirmé que le régime libyen avait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. 

Cette affaire sur laquelle enquête désormais la justice française et qui a été et est encore largement documentée par nos confrères de Mediapart s'est transformée en scandale Sarkozy-Khadafi.

Dernière épisode en date en lien avec la question du financement libyen du clan Sarkozy, _"l’affaire Mimi Marchand-Nicolas Sarkozy", _résumée dans la vidéo ci-dessus par les journalistes de la rédaction du journal indépendant français Mediapart.

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