La rencontre en Turquie entre les ministres des Affaires étrangères ukrainien et russe s'est soldée par un échec ce 10 mars, sur le terrain, les chars russes sont aux portes de Kyiv,
Sur le front diplomatique, les ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien se sont rencontrés ce jeudi à Antalya, en Turquie . Dmytro Kuleba a affirmé qu'aucun accord de cessez-le-feu n'a été trouvé avec son homologue russe. En France, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 se sont retrouvés à Versailles pour un sommet informel. Le sommet du "sursaut européen", a prévenu l'Elysée.
Sur le terrain, les forces russes continuent leur "opération offensive" pour encercler la capitale ukrainienne, Kyiv, et attaquent sur d'autres fronts dans l'est, selon l'état-major ukrainien.
Le point sur la situation à 20h
Les chars russes aux portes de Kyv
En fin de matinée, une pluie de roquettes russes Grad s'est abattue sur le village désert de Velyka Dymerka, à environ cinq kilomètres des limites de Kyiv, dont certaines ont atterri à une vingtaine de mètres de l'équipe de l'AFP.

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes, tout en continuant leur "opération offensive" pour encercler la capitale, attaquent sur d'autres fronts, dans l'est, les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy et d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie.
Echec des pourparlers entre Russes et Ukrainiens
Les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, une station balnéaire du sud de la Turquie prisée des touristes russes.
"Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens", a déclaré M. Kuleba, ajoutant cependant qu'il "espérait" pouvoir poursuivre la discussion avec son homologue.
Le chef de la diplomatie ukrainienne a révélé que Sergueï Lavrov lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler".
Mais "l'Ukraine ne s’est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas", a-t-il clamé.
Le ministre russe, selon lequel la Russie ne prévoit "pas d'attaquer d'autres pays" et n'a "pas attaqué l'Ukraine", s'est quant à lui prononcé pour la poursuite du dialogue avec l'Ukraine, mais avant tout via des envoyés des deux camps au Bélarus, donc à un niveau inférieur.
Plus de 80 000 personnes évacuées
Des couloirs humanitaires ont de nouveau été ouverts ce jeudi pour permettre l'évacuation de civils de zones durement frappées par les combats, qui ont obligé les habitants de plusieurs grandes villes à rester parfois des jours cachés dans des caves.

Plus de 8 000 personnes ont été évacuées en deux jours des villes assiégées de Soumy et des environs de Kiev, a fait savoir jeudi le gouvernement ukrainien.
Pas d'adhésion rapide à l'UE
Du côté de l'Union européenne, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 Etats membres étaient réunis pour deux jours à Versailles, près de Paris, pour travailler sur les défis économiques et sécuritaires créés par la guerre en Ukraine.
Le président français Emmanuel Macron a à cette occasion jugé que l'UE allait "changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre".
Mais il n'existe "pas de procédure rapide d'adhésion à l'UE", a rappelé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, pour lequel l'intégration de l'Ukraine est une "question de long terme".
En attendant, l'accueil de millions de réfugiés ukrainiens est un "très, très gros défi", mais l'Union européenne est mieux préparée qu'en 2015 et les Etats membres font preuve d'une solidarité "sans précédent", a noté la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson.
A Marioupol, les gens se battent pour la nourriture selon un représentant du Comité international de la Croix-Rouge présente dans la ville assiégée
"Tous les magasins et pharmacies ont été pillés il y a quatre ou cinq jours. Certaines personnes ont encore de la nourriture mais je ne sais pas combien de temps cela va durer", affirme Sasha Volkov, depuis Marioupol, dans un enregistrement audio envoyé aux médias et posté sur le compte Twitter du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Assiégés depuis plusieurs jours par les troupes russes, les habitants de cette ville portuaire sont privés d'électricité, d'eau et de gaz. Des tentatives d'évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises, les deux camps s'en rejetant mutuellement la responsabilité.
"Beaucoup n'ont pas du tout d'eau à boire (...). Beaucoup de gens disent ne pas avoir de nourriture pour les enfants", Sasha Volkov du CICR
"Les gens ont commencé à se battre pour la nourriture. D'autres ont détruit la voiture d'une autre personne pour en retirer l'essence", raconte Sasha Volkov.
Selon ce responsable, un marché noir a vu le jour, où il est possible de trouver des légumes mais pas de viande.
Il explique que les gens n'ont nulle part où aller et restent souvent confinés.
Les représentants du CICR présent dans la ville ont pu visiter leurs maisons détruites ou endommagées pour y récupérer de la nourriture pour quelques jours.
"Beaucoup d'entre nous ont commencé à tomber malade, en raison du froid et de l'humidité", indique M. Volkov.
Environ 65 personnes se terrent dans le bâtiment où il se trouve: "L'abri au sous-sol est réservé aux enfants et à leurs mères, tandis que tous les autres adultes et les plus de douze ans dorment dans le bureau".
De son côté, le président français Emmanuel Macron a condamné ce 10 mars "avec la plus grande fermeté" le bombardement russe d'un établissement abritant une maternité et un hôpital pédiatrique à Marioupol en Ukraine, qui est "un acte de guerre indigne".
L'"objectif manifeste" de ce bombardement était "de tuer des civils, femmes et enfants en particulier", a ajouté M. Macron, en se disant "inquiet" et "pessimiste" sur le conflit en Ukraine, avant un sommet de l'UE à Versailles, près de Paris.
EN DIRECT | Déclaration du Président @EmmanuelMacron à l’ouverture du Sommet européen de Versailles. https://t.co/QCfdEaWWx6
— Élysée (@Elysee) March 10, 2022
Le chef de l'Etat français a également ajouté que "l'Europe va changer encore plus vite et plus fort avec la guerre" .
L'armée russe a qualifié ce jeudi de "mise en scène" de "nationalistes" ukrainiens la frappe la veille ayant visé une maternité et un hôpital pédiatrique de la ville encerclée de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.
"L'aviation russe n'a accompli aucune mission de destruction de cibles dans la région de Marioupol", a assuré le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov. "La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fins de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental", a-t-il ajouté.
La Pologne, la France et l'Allemagne ont créé jeudi un "état-major informel" de leurs ministres de l'Intérieur pour gérer la réponse européenne au défi que représente la grande vague de réfugiés fuyant l'agression russe en Ukraine, a annoncé le ministre polonais Mariusz Kaminski.
Il a accueilli à Korczowa, à la frontière ukrainienne, ses homologues français Gérald Darmanin et allemande Nancy Faeser, alors que la Pologne a accueilli déjà près d'un million et demi de réfugiés venus d'Ukraine - sur deux millions de personne parties au total.
"Nous engageons des initiatives dès maintenant pour que les réfugiés de guerre d'Ukraine puissent se déplacer librement en Europe, d'une manière digne, rapide et la moins pénible possible", a encore dit M. Kaminski.
"Nous y associerons les ministres de l'Intérieur des autres pays de l'UE pour affronter ce grand problème européen", a-t-il précisé.
Gérald Darmanin, qui préside le conseil européen des ministres de l'Intérieur pendant la présidence française de l'UE, a rappelé qu'un mécanisme humanitaire de plate-forme européenne a été enclenché et a permis "d'acheminer plus d’une centaine de tonnes, déjà, de marchandises, de médicaments, de vêtements".
La Banque centrale européenne (BCE) a nettement abaissé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro pour 2022 tout en relevant fortement celle de l'inflation en raison de l'impact économique de la guerre en Ukraine.
Cette guerre "aura un impact important sur l'activité économique et l'inflation, par la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, la perturbation du commerce international et la confiance", a déclaré la présidente de l'institution, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse.
.Les experts de la BCE prévoient une progression du PIB de 3,7% cette année contre 4,2% attendus lors des dernières projections, alors que la hausse des prix devrait atteindre 5,1% contre 3,2% prévus jusqu'ici.
La moitié de la population de Kyiv a fui depuis le début de l'invasion russe
Le point sur la situation à 13h00
Négociations à Antalya : pas d'accord de cessez-le-feu
La rencontre entre Sergueï Lavrov, le patron de la diplomatie russe, et Dmytro Kuleba, son homologue ukrainien, a eu lieu à Antalya en Turquie et elle semble avoir tourné court. Lors d'une conférence de presse, au sujet d'un potentiel accord de cessez-le feu, ce dernier a estimé qu'"aucun progrès n'a été accompli en ce sens". Il a ajouté que les deux hommes avaient néanmoins décidé de "poursuivre leurs pourparlers dans ce format".
De son côté, Sergueï Lavrov s'est également dit disposé à poursuivre les négociations. Il a en revanche ajouté qu'elle devrait se dérouler dans le cadre du format existant au Bélarus. "La rencontre d'aujourd'hui a confirmé que le format russo-ukrainien au Bélarus n'a pas d'alternative", a-t-il déclaré.
La réunion a eu lieu sous l'égide de Mevlut Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères turc. C'est la première fois, depuis le début du conflit, que les deux hommes se sont rencontrés.
Bombardement d'une maternité à Marioupol : 3 morts dont 1 fillette
Trois personnes, dont une fillette, ont été tuées dans le bombardement d'un hôpital pédiatrique et d'une maternité à Marioupol (sud-est de l'Ukraine) mercredi, selon la mairie de cette ville portuaire prise en étau entre l'armée russe et les forces séparatistes prorusses du Donbass ukrainien.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a justifié jeudi le bombardement de cette maternité en affirmant que le bâtiment servait de base à un bataillon nationaliste ukrainien.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a qualifié de "crimes de guerre" le bombardement d'hôpitaux par les forces russes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait également qualifié mercredi le bombardement de cet hôpital de "crime de guerre", y voyant "la preuve qu'un génocide d'Ukrainiens (était) en train de se produire".
Appel à Poutine de Scholz et Macron
Une solution à la guerre en Ukraine doit passer par des "négociations entre l'Ukraine et la Russie", ont déclaré au président russe Vladimir Poutine les dirigeants français et allemand lors d'un entretien téléphonique jeudi. "Messieurs Macron et Scholz ont insisté sur le fait que toute solution à cette crise devait passer par des négociations entre l'Ukraine et la Russie", a indiqué une source gouvernementale allemande. Lors de cet entretien, la France et l'Allemagne ont également "exigé de la Russie un cessez-le-feu immédiat".
Sommet informel des 27 à Versailles ce jeudi
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne vont tenter ce jeudi et vendredi à Versailles de poser les fondations d'une Europe plus souveraine après le choc représenté par l’invasion russe.
La guerre déclenchée par Vladimir Poutine a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 Etats membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide. Un sommet qualifié de "celui du sursaut européen", selon l’Elysée.
Les livraisons d’armes jugées "dangereuses" par Sergueï Lavrov
Le ministre russe des Affaires étrangères a jugé "dangereuses" les livraisons d'armes par les Occidentaux à l'Ukraine à l'issue de premiers pourparlers avec son homologue ukrainien.
"Ceux qui gorgent d'armes l'Ukraine doivent bien sûr comprendre qu'ils porteront la responsabilité de leurs actes", a déclaré Serguei Lavrov, dénonçant aussi le recrutement de "mercenaires" étrangers. "Ces pays créent un danger colossal, y compris pour eux-même", a-t-il poursuivi. Il n’a en revanche pas menacé de représailles les pays occidentaux livrant des armes à l'Ukraine.
Roman Abramovitch et six autres oligarques visés par de nouvelles sanctions de Londres
Le gouvernement britannique a annoncé de nouvelles sanctions contre sept oligarques russes dont le propriétaire du club de Chelsea Roman Abramovitch et son ancien partenaire commercial Oleg Deripaska qui vont subir un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager.
Roman Abramovitch, 55 ans, réputé proche de Vladimir Poutine, avait jusqu'à présent été épargné par la vague de sanctions prises par le Royaume-Uni contre des personnes et entités liées au pouvoir en Russie, dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine.
La vente de Chelsea est suspendue en raison de ces sanctions britanniques. 'Le club de football de Chelsea est désormais également soumis à un gel des avoirs en vertu des sanctions financières britanniques", a indiqué le gouvernement dans un communiqué.