Un réchauffement de 1,5°C d'ici 7 ans, selon le Budget Carbone Mondial

Un incendie embrase une crête à Fort St. John, en Colombie-Britannique, au Canada, en juillet 2023.
Un incendie embrase une crête à Fort St. John, en Colombie-Britannique, au Canada, en juillet 2023. Tous droits réservés AP Photo/Noah Berger
Tous droits réservés AP Photo/Noah Berger
Par Euronews Green
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Cet article a été initialement publié en anglais

Les incendies de forêt au Canada ont contribué à un niveau record d'émissions de gaz carbonique en 2023, selon un nouveau rapport.

PUBLICITÉ

Selon un nouveau rapport important, il ne nous reste que sept ans de budget carbone avant que le réchauffement climatique ne dépasse les 1,5 °C.

Le 'Budget Carbone Mondial' annuel ('GCB 2023') fait écho à ce que Greta Thunberg appelle le "bla-bla" des COP. Il donne un aperçu de ce que l'humanité peut encore faire à propos des combustibles fossiles pour éviter un emballement du changement climatique.

Les émissions mondiales de carbone provenant du pétrole, du gaz et du charbon ont encore augmenté cette année, de 1,1 % par rapport aux niveaux de 2022, pour atteindre un niveau estimé à 36,8 milliards de tonnes.

Si la pollution continue sur cette voie, les scientifiques de l'équipe du 'Global Carbon Project' estiment qu'il y a 50 % de chances que le réchauffement de la planète dépasse 1,5 °C de manière constante dans environ sept ans.

"Les effets du changement climatique sont évidents tout autour de nous, mais les mesures visant à réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes", déclare le professeur Pierre Friedlingstein, ancien auteur principal du GIEC, qui a dirigé l'étude.

"Il semble désormais inévitable que nous dépassions l'objectif de 1,5 °C fixé par l'accord de Paris, et les dirigeants réunis lors de la COP28 devront accepter de réduire rapidement les émissions de combustibles fossiles, ne serait-ce que pour maintenir l'objectif de 2 °C", ajoute le professeur, qui travaille au 'Global Systems Institute' d'Exeter.

Que devient le carbone produit dans le monde ?

Si l'on tient compte du changement d'affectation des terres et de l'utilisation des combustibles fossiles, les émissions mondiales totales de CO2 sont estimées à 40,9 milliards de tonnes en 2023.

Bien que les émissions dues à la déforestation, par exemple, aient tendance à diminuer légèrement, elles restent trop élevées pour être compensées par le rythme actuel de replantation de nouvelles forêts.

L'histoire du carbone en 2023 s'inscrit dans une tendance plus large et préoccupante : un "plateau" du niveau des émissions pendant 10 ans qui, selon les scientifiques, est loin de la forte réduction nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques.

Pour ceux qui sont en première ligne du changement climatique, ces douze derniers mois ont été marqués par des crises sérieuses - un avertissement de ce qui nous attend alors que nous approchons du seuil de 1,5 °C. Cette année, les émissions mondiales de CO2 dues aux incendies ont été plus importantes que la moyenne, en partie à cause d'une saison de feux de forêt extrême au Canada.

Environ la moitié du CO2 émis est absorbé par les "puits" terrestres et océaniques, le reste demeurant dans l'atmosphère où il provoque le changement climatique.

Ces puits naturels sont de loin l'outil le plus efficace pour lutter contre les émissions. L'élimination du dioxyde de carbone par la technologie, comme le CSC ('Captage et Stockage géologique du CO2'), ne représente encore qu'environ 0,01 million de tonnes de CO2, selon le rapport.

C'est plus d'un million de fois moins que les émissions actuelles de CO2 d'origine fossile.

Où les émissions de carbone sont-elles les plus importantes ?

Réalisé par une équipe internationale de plus de 120 scientifiques, le rapport sur le budget carbone mondial 2023 dresse un tableau mitigé de la pollution dans le monde.

Il montre que les émissions de CO2 d'origine fossile diminuent dans certaines régions, dont l'Europe, mais qu'elles augmentent dans l'ensemble.

Cette année, les émissions devraient augmenter en Inde (8,2 %) et en Chine (4 %), et diminuer dans l'UE (-7,4 %) et aux États-Unis (-3 %).

Les progrès de l'Europe sont en grande partie dus à une baisse de la consommation de charbon et de gaz fossile. Les auteurs attribuent cette évolution au développement des énergies renouvelables et aux effets persistants de la crise énergétique, les prix élevés de l'énergie et d'autres facteurs inflationnistes ayant entraîné une baisse de la demande d'énergie.

Les émissions de CO2 d'origine fossile en Inde sont désormais supérieures à celles de l'UE, les émissions de charbon, de pétrole, de gaz et de ciment ayant toutes augmenté cette année dans ce pays d'Asie du Sud. Du point de vue de l'industrie, le rapport note également que les émissions de l'aviation et du transport maritime internationaux devraient augmenter de 11,9 % en 2023.

PUBLICITÉ

"Les dernières données sur le CO2 montrent que les efforts actuels ne sont pas suffisamment importants ou généralisés pour réduire les émissions mondiales vers le zéro net, mais certaines tendances en matière d'émissions commencent à s'infléchir, ce qui montre que les politiques climatiques peuvent être efficaces", commente Corinne Le Quéré, professeur de recherche de la Royal Society à l'école des sciences de l'environnement de l'UEA.

"Les émissions mondiales actuelles augmentent rapidement la concentration de CO2 dans notre atmosphère, ce qui aggrave le changement climatique et entraîne des conséquences de plus en plus dramatiques".

Le message adressé aux dirigeants lors de la COP28 est clair : "Tous les pays doivent décarboner leurs économies plus rapidement qu'ils ne le font actuellement afin d'éviter les pires conséquences du changement climatique", ajoute-t-elle.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Les sécheresses régulières, "nouvelle norme" sur le pourtour méditerranéen ?

La compensation carbone des célébrités est-elle efficace contre le changement climatique ?

Le vin européen menacé par des conditions météorologiques extrêmes