Le Royaume-Uni veut légaliser la piquette et assouplir les règles de l’industrie viticole

Vendanges dans un vignoble près de Scaynes Hill au Royaume-Uni.
Vendanges dans un vignoble près de Scaynes Hill au Royaume-Uni. Tous droits réservés GLYN KIRK/AFP
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Par Heloise Urvoy
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Les autorités britanniques souhaitent assouplir la réglementation de l’industrie du vin dans le but de favoriser son économie post-Brexit.

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La nouvelle réglementation doit entrer en vigueur au 1er janvier 2024, après son adoption par le Parlement britannique à la fin du mois d’octobre.

Les changements, qui ne seront pas obligatoires, ont pour but de simplifier la loi et aider le Royaume-Uni à profiter de ses libertés post-Brexit. Jusqu’ici, le pays a conservé de nombreuses réglementations européennes, faute d’en avoir voté de nouvelles.

Par exemple, les mentions “importé” ou “importé par” ne seront plus obligatoires sur les bouteilles de vin importées, au contraire de l’UE.

Encourager l’industrie du vin britannique

De nombreuses formes de transformation seront légalisées, comme l’ajout de sucre ou de dioxyde de carbone une fois le vin arrivé en Grande-Bretagne.

Avec les restrictions actuelles, le vin importé doit être déjà mis en bouteille, ce qui “augmente les coûts et les émissions carbone” selon les autorités britanniques.

Mélanger les cépages va également devenir légal sans restrictions, contrairement à ce qui est autorisé dans l'Union européenne.

La piquette, dont la production et la vente sont actuellement interdites dans l’UE et au Royaume-Uni, va être légalisée.

Sa mauvaise réputation en France provient de son procédé de fabrication : le marc de raisin, autrement dit les restes solides récupérés après l’extraction du jus, est mélangé à de l’eau pour donner une boisson faible en taux d’alcool.

Côté britannique, les autorités mettent en avant que sa légalisation “va permettre aux producteurs de vins de monétiser ce qui serait autrement une perte de produit”.

Les règles autour du packaging du vin vont aussi évoluer : plus de bouchon en forme de champignon, ni de coiffes en aluminium pour les vins pétillants, ni de bouteilles fines et allongées réservées aux vins d’Alsace.

L’industrie du vin britannique n'est plus composée uniquement d'importateurs et de revendeurs. C’est au contraire un secteur en pleine expansion, notamment grâce à (ou à cause des) températures plus chaudes liées au changement climatique.

Le secteur est très jeune, avec 59% des vignes actuelles ayant été plantées après 2010 selon Wines of Great Britain, qui représente l’industrie viticole britannique.

Les ventes de vin issu des productions anglaises et galloises ont bondi de 70% depuis 2020, et le secteur viticole britannique devrait croître de 50% d’ici à 2025, selon Wines of Great Britain.

Les boissons sans alcool reconnues comme “vin”

Une boisson à base de jus de raisin fermenté peut actuellement être appelée “vin” si la boisson a été transformée en respectant un processus précis. Elle doit également contenir une quantité d’alcool comprise entre 8,5% et 15%, avec de rares exceptions pour les dénominations géographiques protégées.

Les nouveaux règlements permettront d'accoler le mot “vin” aux boissons à base de raisin contenant moins de 8,5% d’alcool, y compris un degré nul.

Vendre du “vin sans alcool” est actuellement interdit, bien que largement utilisé dans le langage courant, comme en France.

Pour les autorités britanniques, cet assouplissement des règles ne devrait pas créer de confusion pour les consommateurs.

Ce positionnement va à l'encontre de celui adopté par le Royaume-Uni au sujet des produits véganes.

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Le pays suit toujours la réglementation européenne de 1987, qui interdit l’appellation “lait” pour les boissons à base de plantes, comme “lait d’avoine”.

Le Royaume-Uni pourrait aller plus loin et interdire d'associer les mots “yaourt” et “fromage” aux produits véganes, ainsi que l'a rapporté Unearthed plus tôt cette année. Une décision allant dans le sens de l’industrie laitière, qui craint une confusion possible pour les consommateurs.

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