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Pour Nicolas Schmit, les politiques sociales sont indispensables dans le contexte actuel

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Par Isabel Marques da Silva
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Dans cette période d'incertitude pour le continent européen, Nicolas Schmit, candidat à la présidence de la Commission, considère que les valeurs de la démocratie sociale sont plus importantes que jamais.

L'Union européenne a besoin d'un plan social audacieux pour revitaliser le Pacte vert. La politique migratoire de l'Union doit être revue, surtout en ce qui concerne les accords financiers avec les pays autocratiques.

Voici certains des points soulevés par Nicolas Schmit, chef de file des sociaux-démocrates aux élections européennes et candidat à la présidence de la Commission.

Les questions sociales prioritaires dans l'incertitude actuelle

Après avoir été chargé pendant 5 ans de l'emploi et des droits sociaux sous la direction d'Ursula von der Leyen, Nicolas Schmit considère que si la priorité a été donnée aux questions sociales ces dernières années, il reste encore beaucoup à faire.

"Je crois que c'est le bon moment pour que la démocratie sociale retrouve la présidence de la Commission européenne. Cela fait maintenant 25 ans que la Commission est dirigée par des présidents conservateurs. Il est temps de changer".

Pour le candidat, dans la période très incertaine que nous traversons, il est impératif de mettre l'accent sur la politique sociale

"Nous sortons d'une crise majeure : la pandémie de COVID-19 est encore récente, et l'économie ne s’est toujours pas complètement rétablie. De nombreux citoyens européens ont connu des moments très difficiles en raison de l'inflation".

Nicolas Schmit ajoute : "Je pense que nous sommes très clairs sur les questions sociales. Nous voulons poursuivre une politique sociale très active. Nous devons réunifier nos sociétés. Il s'agit de cohésion sociale, de justice sociale".

L'agriculture et le Pacte vert au cœur des débats

Nicolas Schmit, qui rêvait de devenir agriculteur quand il était enfant, considère qu'il est urgent de réformer le modèle de l'agriculture européenne, en repensant les subventions et en allégeant la bureaucratie inhérente au système actuel.  

"Au cours des dernières décennies, des dernières années en particulier, nous avons constaté que les revenus des agriculteurs ont diminué. Leurs coûts de production ont subi des hausses considérables, mais leurs revenus et leurs prix n'ont pas reflété ces augmentations".

"Je pense que nous devons réfléchir à la pertinence d'un fonctionnement purement axé sur le marché, car en fin de compte il pénalise un très grand nombre d'agriculteurs. Les petits et moyens agriculteurs rencontrent de grandes difficultés", ajoute-t-il.

Pour le candidat social-démocrate, les récentes avancées technologiques - l'intelligence artificielle en particulier - pourraient apporter un soutien aux agriculteurs dans les années à venir.

Il considère également qu'il est indispensable de combiner la politique sociale et le Pacte vert : "Je pense que nous devons insister davantage sur la dimension sociale du Pacte vert, ainsi que sur sa portée économique et industrielle. Cela fait partie de notre programme".  

Nicolas Schmit ajoute : "Il y a aussi la question de la bureaucratie. Si un agriculteur passe plus de temps au bureau que sur le terrain, ce n'est pas normal. Mais, en fin de compte, les agriculteurs ont tout intérêt à ce que le Pacte vert soit équitable, socialement équitable et économiquement équitable".

Rendre l'Europe compétitive sur la scène internationale

Selon Nicolas Schmit, l'Europe ne se donne pas les moyens de lutter contre la domination des États-Unis et de la Chine dans le secteur des nouvelles technologies.

"Il est évident que l'Europe a besoin d'une plus grande capacité d'investissement, car les États-Unis et la Chine dépensent d'énormes sommes d'argent. Je pense que nous devons faire plus, car sinon l'Europe ne suivra pas, elle ne pourra pas être à la pointe dans ces secteurs, comme elle devrait l'être".

Le candidat préconise de cibler les soutiens et les subventions destinées aux développements technologiques, à l'innovation et à la transformation des procédures sur le continent européen.

"La Chine est aujourd'hui un acteur important de l'économie mondiale, mais elle ne respecte pas un certain nombre de règles. S'il y a un problème de dumping, comme c'est le cas pour certaines technologies, notamment les technologies vertes, comme les panneaux solaires, nous attendons trop longtemps"

Une guerre commerciale ne profite à personne, considère le candidat, qui ajoute : "Mais en même temps, l'Europe ne doit pas être naïve et nous devons défendre nos intérêts. L'Europe doit être plus audacieuse et beaucoup plus active et rapide".

Nicolas Schmit considère qu'il reste indispensable de maintenir le dialogue avec la Chine.

"Les entreprises européennes continuent d'investir massivement en Chine, et nous ne pouvons donc pas dire : “Nous investissons chez vous, mais vous ne pouvez pas investir ici”. C'est toujours une question de réciprocité. Et c'est cette réciprocité qui doit être mise au centre de nos relations avec la Chine", explique-t-il.

Quel avenir pour le Pacte migratoire européen ?

Nicolas Schmit reconnaît être assez réticent à l'égard des accords d'externalisation prévus par le Pacte migratoire, récemment adopté par l'Union européenne après deux années de négociations.

Selon lui, ces accords conclus avec des gouvernements autocratiques - parmi lesquels l'Égypte, la Tunisie et la Mauritanie - doivent encore faire la preuve de leur efficacité.

"Nous dépensons actuellement d'énormes sommes d'argent, que nous donnons à différents régimes ou gouvernements. Or nous savons que les autorités tunisiennes, par exemple, traitent très mal les réfugiés. Nous avons également un problème avec la Libye, qui n’a toujours pas de véritable gouvernement"

Pour le candidat social-démocrate, ces accords d'externalisation doivent être révisés pour donner à l'Union européenne une plus grande capacité de contrôle.

"Nous ne savons pas non plus exactement comment l'argent est utilisé. J'ai entendu dire qu'il y avait eu un accord avec le Liban pour éloigner les Syriens de l'Europe. Personne ne sait exactement comment l'argent sera dépensé au Liban, étant donné la situation du gouvernement libanais et la présence du Hezbollah et d'autres influences"

Concernant “le modèle rwandais” récemment mis en place par le Royaume-Uni, Nicolas Schmit est catégorique : "Je suis absolument contre. Ce modèle va à l'encontre des droits fondamentaux qui constituent les fondations de l'Europe. C'est une question de non-respect de la dignité humaine".

Comment répondre aux conflits en Europe et au Moyen-Orient ?

Face à l'invasion russe en Ukraine, l'Europe doit faire tout ce qui en son pouvoir, déclare Nicolas Schmit, qui considère que tout signe de faiblesse sur ce sujet sera "une invitation supplémentaire à Vladimir Poutine".

"L'Europe est menacée et les gens ne se rendent pas compte de l’ampleur du danger qui pèse sur nous. Les dernières déclarations de Vladimir Poutine sont une menace claire contre l'Europe", affirme-t-il.

"Je dis toujours : pourriez-vous imaginer Winston Churchill, en 1940, dire "Je ne suis pas sûr de pouvoir résister aux nazis parce que je ne sais pas comment trouver un financement” ? Non, bien sûr, et c'est pourtant la situation dans laquelle nous nous trouvons".

Il ne s'agit pas de discuter du type de défense dont nous aurons besoin dans les dix prochaines années. Nous devons prendre cette décision parce que la menace est là, maintenant. Ce n'est pas dans dix ans, c’est tout de suite, au quotidien.

Pour le candidat, l'Europe doit maintenant passer à la vitesse supérieure, pour accroître la capacité financière du continent à soutenir et à accélérer ses capacités de défense et de sécurité.

Pour lui, la situation est claire : "Nous sommes tous à la frontière (avec la Russie), et je pense que c'est une question essentielle - je dirais même d'une certaine manière une question existentielle - pour l'Europe aujourd'hui. Car si Vladimir Poutine gagne cette guerre, nous aurons beaucoup de surprises, des surprises très dangereuses".

"C'est pourquoi des décisions doivent être prises dès maintenant. Il ne s'agit pas de discuter du type de défense dont nous aurons besoin dans les dix prochaines années. Nous devons prendre cette décision parce que la menace est là, maintenant. Ce n'est pas dans dix ans, c’est tout de suite, au quotidien".

Concernant le conflit au Moyen-Orient, Nicolas Schmit est également favorable à un durcissement de la position européenne vis-à-vis des opérations d'Israël dans la bande de Gaza, et en particulier dans la ville de Rafah.

"Nous devons donner un signal fort. Il y a actuellement un problème de “deux poids deux mesures” et ce n’est pas acceptable. Et ce ne sont pas seulement nos jeunes qui nous critiquent, mais aussi de nombreuses autres régions du monde. Je suis donc tout à fait favorable à une approche plus stricte".

Une poussée historique de l'extrême droite en Europe ?

À l'approche des élections européennes, les sondages prédisent des résultats record à l'extrême droite dans de nombreux pays du continent. Pour Nicolas Schmit, cette situation est symptomatique de l'incertitude qui règne en Europe.

"Nous faisons face à une guerre en Europe. Cette incertitude, ainsi que le thème de l'immigration, sont donc désormais au cœur des débats. Les partis d'extrême droite jouent sur la peur, ils ne proposent rien"

"Dans une période où nous avons tant de difficultés et de problèmes, ils auraient un impact majeur sur le fonctionnement de l’Union. Leur conception de l'Europe est fondamentalement différente de la nôtre, les sociaux-démocrates", ajoute-t-il.

Pour le candidat, il est inenvisageable de "conclure un arrangement, un accord ou quoi que ce soit avec l'extrême droite"

"Parce que l'extrême droite est intelligente, elle ne donnera pas ses voix pour rien. Elle demandera des concessions sur la manière dont la politique européenne sera définie", précise-t-il.

"Nous avons encore quelques semaines devant nous pour montrer qu'il ne s'agit pas de peur, mais de confiance", conclut le candidat.

Les élections européennes se tiendront du 6 au 9 juin 2024.

Journaliste • Vincent Reynier

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